Gaston Flosse : « On va continuer à se battre pour avoir une meilleure position vis-à-vis de la France »

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Président du Amuitahiraa o te nunaa maohi, Gaston Flosse s'est à son tour exprimé sur l'annulation de la loi fiscale du gouvernement Brotherson par le Conseil d'État, objet de remous jusque dans les rangs du Tavini. Sur les difficultés au démarrage de la plateforme autonomiste, le Vieux Lion renvoie la responsabilité aux représentants d'AHIP, plus intéressés par des "avantages" qu'un intérêt commun.

Publié le 28/03/2024 à 11:01 - Mise à jour le 28/03/2024 à 11:11

Président du Amuitahiraa o te nunaa maohi, Gaston Flosse s'est à son tour exprimé sur l'annulation de la loi fiscale du gouvernement Brotherson par le Conseil d'État, objet de remous jusque dans les rangs du Tavini. Sur les difficultés au démarrage de la plateforme autonomiste, le Vieux Lion renvoie la responsabilité aux représentants d'AHIP, plus intéressés par des "avantages" qu'un intérêt commun.

TNTV : La première loi fiscale du gouvernement Brotherson a été annulée par le Conseil d’État. Comment analysez-vous cette situation assez inédite ?
Gaston Flosse, président du Amuitahiraa o te nunaa maohi : « Je m’excuse de le dire mais c’est de l’incapacité de la part de nos gouvernants. Cette loi fiscale a été votée au mois de décembre dernier (…) Le président est à Singapour, personne ne veut prendre de décision. Cela vient nous témoigner de l’inaction de ce gouvernement et surtout du manque de planification. On tape dans tous les coins, tous les domaines sans rien de précis » .

TNTV : Les dissensions entre l’exécutif et le législatif au sein du Tavini vous inquiètent-elles ?
Gaston Flosse : « Non, cela intervient dans les partis politiques. Mais c’est regrettable que cette situation dure maintenant depuis quelque temps. Ce n’est pas à l’avantage du Pays » .

TNTV : Cela fait près d’un an que le gouvernement Brotherson est à la tête du Pays. Vous estimez qu’ils n’ont pas fait leurs preuves ?
Gaston Flosse : « Nous sommes sur le terrain, nous savons que les demandes de la population sont d’abord le coût de la vie trop élevé. Le manque d’emploi, le ma’a cher, la pauvreté dans la population, le logement… De toutes ces questions urgentes, aucune n’a été réglée. Ce n’est pas parce qu’on a supprimé la TVA Sociale que les prix vont baisser. Il y a plusieurs actions à mettre au point pour y arriver. Il faut dire qu’il y a 70 000 ressortissants au régime de solidarité territoriale, c’est-à-dire des familles qui ont un revenu inférieur au SMIG ou qui n’en ont pas du tout » .

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TNTV : Moetai Brotherson est en déplacement à Singapour pour toute une série de rencontres et de visites. La Polynésie peut-elle tirer des bénéfices de ce voyage ?£
Gaston Flosse : « Ce Pays est mal choisi. Singapour est un État très très riche et les investisseurs là-bas vont invesit dans les pays où, dans l’hôtellerie par exemple, il y a un revenu suffisant, de l’ordre de 30%. Ce n’est pas le cas chez nous. Et puis il faut envoyer des éclaireurs avant que le président ne se déplace lui-même, pour gagner du temps. 15 jours pour rencontrer 200 personnes… ça n’apporte rien » .

TNTV : On n’entend plus beaucoup parler de la plateforme autonomiste. Il semblerait qu’il y ait des désaccords autour de votre projet de statut de Pays associé. Pensez-vous que la plateforme va réussir à voir le jour ?
Gaston Flosse : « C’est le prétexte qui a été inventé par Mme Sanquer. S’ils ne veulent pas entrer dans cette plateforme, ils n’ont qu’à le dire clairement. Le statut de la souveraineté ne peut pas empêcher tout le monde de travailler ensemble comme on le fait actuellement. Nous travaillons ensemble, mais la question du statut n’est pas prioritaire. Les quatre points que je vous ai désignés, c’est là où nous devons nous unir et mettre en action tout cela. Madame Sanquer a assisté à des réunions uniquement pour avoir des avantages » .

TNTV : Il y a encore trop de divergences, notamment avec AHIP, pour que la plateforme puisse voir le jour ?
Gaston Flosse : « Ce n’est pas une divergence, ils ne sont pas venus pour vraiment se dire qu’il ya avait intérêt à nous mettre ensemble et être bien placés pour le renouvellement. Elle nous a accusés de ne pas avoir de projet la première fois, et puis après c’était le statut de souveraineté… »

TNTV : Mercredi dernier, vous avez rencontré la mission d’information sur l’évolution du statut des Outre-mer. Les trois formations autonomistes ont été auditionnées séparément. Vous plaidez pour la souveraineté. Comment y parvenir et qu’est-ce que cela apportera à la population ?
Gaston Flosse : « Notre autonomie créée en 1984 par le Tahoeraa est arrivée en bout de chemin. Les compétences fixées par l’autonomie le sont par la Constitution de la République. Celle-ci nous dit ‘stop’, vous ne pouvez pas aller plus loin. Que fait-on ? On va continuer à se battre pour avoir une meilleure position vis-à-vis de la France, pour relancer notre économie. Regardez pour la ferme aquacole de Hao, le président de la République vient et nous dit qu’il ne veut pas d’investissements chinois. Au nom de quoi ? C’est de notre compétence. C’est un défaut de l’autonomie. Nous disons que nous ne pouvons pas passer directement de l’autonomie à la souveraineté, mais passer par une phase intermédiaire, celle de ce Pays souverain associé à la France. Nous ne voulons pas rompre les liens » .

TNTV : Vous vous rapprochez de l’indépendance.
Gaston Flosse : « L’indépendance d’Oscar Temaru, c’est immédiatement, et c’est ‘pas de farani dans mon gouvernement ou dans mon Pays, pas de lien avec la France’ . C’est tout l’opposé pour nous. D’ailleurs, au Tavini, chacun a son indépendance. Moetai Brotherson a la sienne, il n’y a pas d’accord à ce sujet » .

TNTV : Les élections européennes approchent. Il semblerait que la plateforme autonomiste ne puisse pas voir le jour d’ici-là. Des discussions sont-elles tout de même en cours pour soutenir un candidat en commun ?
Gaston Flosse : « Nous en avons discuté avec le président Fritch. Nous nous sommes dit ‘Tu choisis le candidat du Taprua, et nous allons le soutenir’. Nous avons rencontré un jeune garçon brillant, Moerani Frebault. Il a été administrateur des Marquises, il a fait de bonnes études. Aujourd’hui, il est secrétaire général de la commune de Hiva Oa. Il représentera bien la Polynésie française au Parlement européen si tant est qu’il soit bien placé. S’il est trentième, ce n’est pas la peine. Nous reverrons la liste que nous allons soutenir à ce moment-là » .

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