Gaston Flosse : « Aujourd’hui la majorité des Polynésiens sont pour la souveraineté »

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Invité sur notre plateau vendredi soir, Gaston Flosse a abordé avec nous plusieurs sujets d'actualité, et notamment "l'autonomie" qui "est arrivée en fin de parcours". "Et si on veut progresser, c'est la souveraineté", assure le président du mouvement renommé Amuitahiraa o te nuna'a ma'ohi.

Publié le 05/06/2021 à 11:33 - Mise à jour le 05/06/2021 à 11:33

Invité sur notre plateau vendredi soir, Gaston Flosse a abordé avec nous plusieurs sujets d'actualité, et notamment "l'autonomie" qui "est arrivée en fin de parcours". "Et si on veut progresser, c'est la souveraineté", assure le président du mouvement renommé Amuitahiraa o te nuna'a ma'ohi.

Comment réagissez-vous aux déclarations, vendredi, d’Oscar Temaru ?
« Oscar Temaru dit que le Tavini Huiraatira est sur le chemin de l’indépendance. Ça fait 44 ans. M. Temaru a prôné l’indépendance en 1977. Ça fait 44 ans, ils vont marcher pendant encore combien de temps ? Il est allé aux Nations unies en 2013, il y a 8 ans. Quel est le progrès que l’indépendance a fait, selon sa façon de voir les choses et surtout d’aboutir ? C’est le mauvais chemin. Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire. Il ne faut pas aller discuter aux Nations unies. Vous croyez que les grands États, amis de la France, vont contraindre la France à nous donner l’indépendance ? Nous devons discuter avec la France. Le Tahoeraa Huiraatira a changé de nom, c’est vrai, parce que nous ouvrons les portes. Nous voulons qu’on se crée vraiment un véritable rassemblement. C’est ça le sens de Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi. Et nous allons changer également, puisque l’autonomie est arrivée en fin de parcours, et si on veut progresser, c’est la souveraineté. Le Tahoeraa est pour la souveraineté, mais je ne vais pas aller discuter avec le secrétaire général des Nations unies. Je vais aller discuter avec le président de la République française. Et comme il vient chez nous le 26 juillet prochain, profitons de cette occasion pour le rencontrer et commencer à exposer nos problèmes. Malheureusement pour nous, nous sommes divisés. Et divisés, nous n’aurons pas la force que nous donnent les électeurs. Aujourd’hui la majorité des Polynésiens sont pour la souveraineté. Les résultats des élections territoriales de 2018 nous le prouvent. Ensemble, le Tavini Huiraatira et le Tahoeraa Huiraatira font 51% des suffrages exprimés.
Une autre question également, cette table ronde qui se tient à Paris. Pourquoi Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira, et moi-même, président du Tahoeraa Huiraatira, nous sommes exclus de cette table ronde, alors que nous sommes vraiment les principaux acteurs encore actifs en ce moment de ces essais nucléaires ? Ça c’est M. Édouard Fritch qui joue encore ses petits jeux de politique politicienne. Je crois qu’il faut laisser tout le monde, d’autant que le président de la République a dit : ‘Je n’ai pas peur de la vérité’. Eh bien alors laissez-nous nous exprimer pour cette table ronde. Non, nous sommes exclus. »

Le référendum calédonien a lieu en fin d’année. Vous-même pour la Polynésie vous avez changé d’idéologie. Est-ce que les sympathisants du Tahoeraa vous suivent pour demander la souveraineté de la Polynésie ?
« Je n’ai pas changé d’idéologie. La souveraineté, c’est la suite logique de l’autonomie. Nous sommes arrivés en bout de course de l’autonomie. Toutes les compétences d’un pays autonome ont été transférées au Pays. Si nous voulons progresser, eh bien c’est la souveraineté. Nous sommes dans la même logique que celle que nous avons adoptée en 1984. Je viens de faire le tour de toutes les communes des îles Sous-le-Vent, personne ne s’est levé pour protester contre cette nouvelle voie que prend le Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi. La souveraineté, mais en passant par une première phase : l’État souverain associé à la France. Prenons un seul exemple, l’Éducation. De la maternelle à l’université, les professeurs sont pris en charge par l’État. En 2021, la dépense sera de 69,2 milliards. Où Oscar Temaru va aller chercher ces 69 milliards ? Il a beau dire que nous sommes un pays riche. Oui mais, ça ne donne pas l’argent. Il a été président pendant 5 ans. Qui a payé ces professeurs pendant qu’il était président ? C’est la France. Discutons avec la France. Mettons-nous autour d’une table avec la France. Et là nous arriverons à résoudre et à obtenir notre souveraineté. »

Voulez-vous réagir sur ce qui s’est passé au conseil municipal de Paea ?
« Oui, justement, ces personnes sont venues me rencontrer ce matin (vendredi matin, NDLR) et je leur ai dit, accompagné par le premier adjoint, M. Mike Chong Ah You qui est du Amuitahira o te nuna’a ma’ohi : le Amuitahira’a ne veut pas se mêler. C’est un désaccord au sein du Tavini Huiraatira, qu’ils règlent leur problème ensemble. C’est vraiment regrettable qu’une adjointe ait donné un coup de poing au maire et l’a blessé. Ça c’est leur affaire, mais je saisis l’occasion pour dire : regardez à Paea, lorsque le Tahoeraa Huiraatira et le Tavini travaillent ensemble, s’unissent. Le maire, M. Géros, qui s’est présenté à plusieurs reprises à Paea, a toujours échoué. Dans cet accord-là, il est devenu maire et le Tahoeraa premier adjoint. À Papeete, M. Oscar Temaru a refusé la liste unique, eh bien nous avons perdu de peu. 149 voix nous manquaient pour battre Michel Buillard. Mais nous n’avons pas gagné. Et si nous avions formé une liste commune, nous aurions gagné les élections à Papeete. »

Vous aurez 90 ans dans 3 semaines. Est-ce que vous voyez toujours un avenir politique et allez-vous vous présenter aux prochaines élections ?
« J’ai réuni le conseil politique, le bureau exécutif du mouvement. Je vais réunir le congrès dès que la chose sera possible, parce que nous ne pouvons pas aller au-delà de 100 personnes en réunion publique. Nous un congrès, c’est entre 8.000 et 10.000 personnes. Je vais poser la question au congrès : Pensez-vous que je puisse conduire notre mouvement, le Amuitahiraa o te nuna’a ma’ohi, pour les élections territoriales ? Et la réponse sera donnée à ce moment-là. Mais je pense que si je me présente, ce sera vraiment ma toute dernière. C’est vrai que les hommes politiques, on dit toujours c’est ma dernière, c’est ma dernière, mais là je pense qu’on est vraiment à la fin. Et je voudrais ici remercier vraiment la population, tous ceux du Tahoeraa Huiraatira qui m’ont fait confiance pendant toutes ces longues années. Nous avons travaillé ensemble pour le bien de notre pays et de notre peuple. »

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