Fraîchement élu président du Pays, Moetai Brotherson s’apprête à participer à son premier rendez-vous international en Corée du Sud, où sera organise lundi et mardi un sommet avec les 18 pays membres du Forum des îles du Pacifique. La coopération du Pacifique bleu sera au cœur des discussions.
Les discussions entre les dirigeants de la zone seront particulièrement scrutés, dans un contexte international de rivalité sino-américaine croissante. Un test grandeur nature pour Moetai Brotherson. « Je n’ai aucun doute sur sa capacité à défendre avec brio les intérêts de notre Pays, avance la vice-présidente du Pays Eliane Tevahitua. C’est le signe que les océaniens veulent prendre leur place sur l’échiquier mondial. Certes, nous sommes une collectivité française, mais nous voulons affirmer notre légitimité en tant que peuple premier de ce vaste océan » .
Ce mois de mai, le Quad (Dialogue quadrilatéral sur la sécurité entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les États-Unis) devait se réunir avant l’annulation des déplacements du président américain Joe Biden, et la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé un pacte militaire avec les États-Unis. « L’année dernière, c’est la Chine qui a signé un pacte de ce type avec les îles Salomon » , rappelle le politologue Sémir Al Wardi.
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Quid d’un choix entre les États-Unis et la Chine pour les pays Océaniens? Non, affirme le vice-président du Tavini Huiraatira Tony Géros. « Il faut être partenaire des deux, affirme ce dernier. Au nvieau de la géostratégie, c’est autre chose. On va rester dans notre cocon de collectivité territoriale, et peut-être que lorsqu’on sera souverain un jour, on pourrait faire valoir notre point de vue à ce niveau » .
Pour la première fois, deux présidents indépendantistes, Louis Mapou, président du gouvernement de la Nouvelle-Caldéonie, et Moetai Brotherson participeront ensemble à une telle rencontre. Un signal fort envoyé au Quai d’Orsay, selon Sémir Al Wardi. « Normalement, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie n’ont pas véritablement de compétence dans les relations internationales, qui reste une compétence de État. De fait, elles ont acquis une expérience internationale à Washington quand ils se sont retrouvés avec Joe Biden, alors que le France n’était pas présente dans la salle » .
De quoi dire que les deux collectivités d’Outre-mer auront un poids géostratégique en Corée du Sud. « On doit être présents à tous ces sommets, d’abord pour écouter ce qui se dit, analyse M. Géros, réaliste. Il ne faut pas se leurrer. Une fois les décisions prises, ce sont toujours les grandes nations qui priment » .
La Corée du Sud est aussi un fournisseur important du fenua en matière de véhicules et d’hydrocarbures. La réouverture de la desserte entre Tokyo et le Polynésie française pourrait favoriser des échanges touristiques entre Soul et Papeete.