Emmanuel Macron réélu Président de la République

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Emmanuel Macron a été réélu dimanche à la présidence de la République avec environ 58,2% des voix face à Marine Le Pen (41,8%) selon les premières estimations, une nette victoire tempérée par le score inédit de l'extrême droite et une abstention élevée (28%).

Publié le 24/04/2022 à 8:00 - Mise à jour le 24/04/2022 à 10:35

Emmanuel Macron a été réélu dimanche à la présidence de la République avec environ 58,2% des voix face à Marine Le Pen (41,8%) selon les premières estimations, une nette victoire tempérée par le score inédit de l'extrême droite et une abstention élevée (28%).

Emmanuel Macron rempile pour un second mandat de cinq ans. Avec 58,2% des voix, le Président garde donc son siège à l’Elysée. En Polynésie, Emmanuel Macron a été élu à 51,8% contre 48,2% pour Marine Le Pen.

Donné de longue date favori à sa propre succession, Emmanuel Macron devient à 44 ans seulement le premier président sortant reconduit hors cohabitation, depuis l’adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Il est aussi le troisième président de la Vème République à effectuer un deuxième mandat après François Mitterrand (1981-1995) et Jacques Chirac (1995-2007).

Marine Le Pen, elle, améliore de quelque huit points son score de 2017, où elle avait recueilli 33,9% des voix. La candidate du RN arrive en particulier largement en tête aux Antilles et en Guyane. « Les idées que nous représentons arrivent à des sommets pour un second tour de la présidentielle », a-t-elle déclaré devant ses partisans réunis au pavillon d’Armenonville, dans le bois de Boulogne, peu après 20H00, voyant dans son propre score « une éclatante victoire » et la manifestation du « souhait » des Français d’« un contre-pouvoir fort à Emmanuel Macron ». Elle a ainsi immédiatement lancé « la grande bataille électorale des législatives » qui auront lieu en juin.

Pour Emmanuel Macron, sa réélection est une forme d’exploit après un premier quinquennat pourtant scandé de crises, des « gilets jaunes » au Covid. Sa victoire place le pays dans la continuité sur ses grandes orientations économiques, sur son rôle dans l’Union européenne et dans les relations internationales. Il la célébrera au Champ-de-Mars, face à la Tour Eiffel, où plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées à 20 heures (heure française), agitant des centaines de drapeaux français et européens.

Cette victoire ne lui offre cependant pas un blanc-seing pour les cinq ans à venir, au moment où l’attendent des défis colossaux, sur fond de guerre en Ukraine et d’inflation galopante. Ainsi, 46% des Français expriment « un sentiment négatif » face à cette réélection, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria diffusé dimanche soir.

D’ores et déjà, le président-candidat a promis de se renouveler en profondeur, tant sur la forme que sur le fond. Une nécessité à la tête d’une France coupée en deux, voire en trois au regard du nombre d’électeurs parmi les 48,7 millions appelés aux urnes qui ont choisi de bouder les isoloirs dimanche, dans ce remake de 2017 organisé alors que les trois zones scolaires sont en vacances.

Arrivé au pouvoir il y a 5 ans « par effraction », selon ses propres mots, M. Macron poursuit sa trajectoire personnelle météorique, à la fois classique et inclassable dans un paysage politique qu’il a dynamité. Mais lui qui avait promis au soir de sa victoire en mai 2017 de « tout » faire pour que les électeurs « n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes » n’a pas réussi à freiner la montée en puissance de Marine Le Pen.

Fin du « plafond de verre »

Vingt ans après l’émergence surprise de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 (17,79% des voix), jamais l’extrême droite ne s’est approchée à ce point du pouvoir sous la Ve République. « Quant au plafond de verre, je crois qu’on ne peut plus en parler », constate Laurent Jacobelli, un des porte-parole de Mme Le Pen.

« Cette aptitude à capter les colères pour faire des voix progresse », observait aussi cette semaine auprès de l’AFP le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, traçant un parallèle avec « le succès de Trump (aux États-Unis), de Bolsonaro (au Brésil), d’Orban (en Hongrie) ».

Pour Marine Le Pen, c’est l’heure du bilan après un troisième échec dans la course à l’Élysée. « Tout ce qui en dessous de 50 est une déception », commentait avant les résultats Thierry Mariani auprès de l’AFP au pavillon d’Armenonville. « C’est difficile de se remettre d’une troisième défaite » mais « dans le paysage des oppositions très éclaté aujourd’hui (…) Marine Le Pen occupe avec le Rassemblement national la position dominante et elle restera l’opposante en chef », anticipait le politologue Pascal Perrineau vendredi sur Public Sénat.

Ce clivage est cependant loin de satisfaire les Français comme en témoigne le niveau de l’abstention, estimé à 28%, soit davantage qu’en 2017 (25,44%), et un record depuis la présidentielle de 1969 (31%).

Exemple parmi tant d’autres, Emmeline Picard, une jeune femme de 28 ans en recherche d’emploi, interrogée à La Possession, commune de l’ouest de l’île de la Réunion, qui a choisi de faire l’impasse. « Je ne vois pas l’intérêt, je vais tranquillement passer mon dimanche en famille », a-t-elle lancé à l’AFP.

Le contingent des votes blancs et nuls, qui avait atteint en 2017 un niveau inédit de 4 millions, devrait lui aussi être fourni.

Signe qu’il fut difficile à M. Macron comme à Mme Le Pen de convaincre les orphelins du premier tour, dont une partie des 7 millions d’électeurs de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position le 10 avril avec près de 22% des voix.

Place aux « troisièmes tours »

Jouant d’avance la carte de l’unité, M. Macron, qui a beaucoup triangulé à droite dans cette élection, a consenti des inflexions sur son projet pour séduire à gauche : davantage de concertation sur le report à 65 ans de l’âge de la retraite, et plus d’écologie aussi, avec la promesse d’une planification en la matière directement confiée au futur Premier ministre.

La date de son investiture formelle n’est pas encore connue mais interviendra nécessairement avant le 13 mai. Celle-ci devrait alors déclencher la démission de Jean Castex -pas avant le 1er mai, a prévenu M. Macron jeudi- puis la nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation du gouvernement. Se profilent surtout à l’horizon les législatives (12 et 19 juin) au cours desquelles le chef de l’État essaiera de conserver sa majorité, avec des députés de La République en marche, du Modem et autres partenaires.

Une bataille très attendue par M. Mélenchon, qui a demandé cette semaine « aux Français de (l)’élire Premier ministre » en votant pour une « majorité d’Insoumis » et de « membres de l’Union populaire ».

Un autre « troisième tour » pourrait avoir lieu aussi dans la rue où risquent de converger tous les insatisfaits du scrutin présidentiel, sur les braises encore chaudes de la crise des « gilets jaunes ».

La candidate RN, qui a énormément misé sur le pouvoir d’achat pour se démarquer, sera parvenue à lisser son image, sans rien céder à la radicalité de son projet sur l’immigration ou la sécurité.

Pour rappel, il faudra attendre le mercredi 27 avril pour que Laurent Fabius, le président du Conseil constitutionnel proclame officiellement les résultats définitifs de l’élection. Le Premier ministre Jean Castex devrait donc ensuite présenter sa démission, comme il l’avait précédemment annoncé, et celle de son gouvernement : « Après cette réélection, dans les jours qui suivent, comme le veut la tradition, je présenterai ma démission et celle du gouvernement au président de la République ».

Lire aussi – Présidentielle 2022 : les résultats du deuxième tour en Polynésie française

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