Edouard Fritch : « les autonomistes doivent se présenter unis aux territoriales »

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De retour d'un déplacement à Paris, le président du Pays, invité de notre journal, est revenu sur la demande d'intervention de l'État à hauteur de 15 milliards fcfp pour renflouer la CPS. Il a également confirmé la prolongation de la TVA sociale sur les deux prochaines années et appelé à l'union des autonomistes pour les territoriales.

Publié le 27/11/2022 à 11:56 - Mise à jour le 28/11/2022 à 9:11

De retour d'un déplacement à Paris, le président du Pays, invité de notre journal, est revenu sur la demande d'intervention de l'État à hauteur de 15 milliards fcfp pour renflouer la CPS. Il a également confirmé la prolongation de la TVA sociale sur les deux prochaines années et appelé à l'union des autonomistes pour les territoriales.

Vous revenez d’un déplacement à Paris, dont l’un des objectifs était le renouvellement de la solidarité nationale, qu’avez-vous obtenu?

« Je suis allé à Paris sur invitation du président du Sénat qui voulait que j’aille témoigner devant les élus et les maires de France et des collectivités territoriales sur l’expérience de près d’une quarantaine d’années que nous avons de l’autonomie, ses avantages et ses inconvénients. L’autre raison de mon déplacement, c’est la signature d’une convention avec M. Estanguet pour les Jeux Olympiques de 2024. Nous avons confirmé les investissements que nous ferons pour que ces jeux, que nous avons voulus, se passent dans de bonnes conditions. Enfin, j’ai vu le Président Macron, à sa demande, qui voulait s’informer sur la situation du pays face à la flambée des prix. Bien sûr, je lui ai parlé des difficultés que nous avons pour nos fonds de solidarité, en particulier les fonds de la CPS. Je voulais avoir des nouvelles concernant la demande que la Polynésie a formulé d’une intervention de l’État à hauteur de 15 milliards sur trois exercices, soit 5 milliards par an. Le dossier n’est pas conclu pour l’heure, il n’y est pas défavorable, bien sûr. Reste à mettre en place, et ça va être un travail long. Cette convention va prévoir d’une part la participation de l’État et d’autre part l’engagement du Pays puisque, derrière cette convention de solidarité, il y a toute la réforme du système social ici en Polynésie, en particulier des régimes sociaux dont il est question depuis déjà quelques années. »

C’est la condition principale?

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« Oui. Je comprends que l’état ne veuille pas donner de l’argent sans savoir ce que nous allons faire derrière. »

Vous l’avez dit vous-même précédemment, le rendement de la TVA sociale, la contribution pour la solidarité est insuffisante pour maintenir les équilibres. Jusqu’à quand sera-t-elle reconduite?

« Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les chiffres. Les chiffres sont têtus. Cette taxe qui était prévue à 1.5% au départ, j’ai demandé à ce qu’on la réduise à 1%. Cette TVA rapporte 6 à 7 milliards au lieu des 12 milliards prévus au départ. Cette taxe nous a beaucoup aidés cette année pour faire droit aux minima sociaux, les allocations familiales, les pensions de vieillesses. Mais, déjà sur le budget 2023 de la CPS, on prévoit un déficit de plus de deux milliards qui s’ajoute aux fameux 16 milliards de déficit que nous traînons depuis une dizaine d’années. Je me suis engagé auprès de l’assemblée de la Polynésie française pour que cette taxe soit maintenue au moins sur deux exercices, voire trois. »

Faut-il s’attendre à ce qu’elle soit revue à la hausse ?

« En fonction de la reprise de l’emploi, des mesures qui seront prises en matière de redistribution des avantages sociaux, dans les mois et les années à venir, nous verrons. Je me suis engagé sur deux exercices et j’aimerais bien tenir cet engagement. »

Vendredi, une commission économique s’est tenue à l’assemblée de Polynésie où il était question de la prime de pouvoir d’achat. Cette prime sera-t-elle définitivement adoptée ?

« Cette prime est servie par les patrons pour accompagner les salariés compte tenu de l’érosion du pouvoir d’achat et de l’augmentation du coût de la vie. Nous nous sommes engagés à ne pas percevoir de CST sur ces primes, ce sera voté, je pense, le 10 décembre. Nous avons aussi exonéré les primes de départ à la retraite. »

Par ailleurs, comme demandé par les syndicats de salariés, peut-on envisager une hausse des salaires pour répondre à l’augmentation du coût de la vie ?

« En l’espace de moins d’un an, nous avons augmenté trois fois le SMIG. Nous avons augmenté le salaire des fonctionnaires. Nous avons augmenté les retraites. Il faut que l’on soit prudent sur le coût du travail ici en Polynésie française. »

Même avec une inflation de 7,6% sur cette période ?

« Cette inflation n’est pas maîtrisée de notre part. Nous avons pris d’autres mesures de lutte contre l’augmentation des prix en Polynésie. C’est une inflation extérieure contre laquelle nous ne pouvons rien. À la source, il y a une inflation sur les transports maritimes. C’est très compliqué, mais nous mettrons les moyens pour limiter cette augmentation et faire en sorte que les familles polynésiennes puissent survivre. Lors de mon passage à Paris, j’ai vu les responsables de la CMA-CGM [Compagnie maritime d’affrètement – Compagnie générale maritime, ndlr] qui nous confirment la venue d’un bateau hebdomadaire depuis l’Europe pour alimenter la Polynésie française et la réduction de 750 euros par container de 40 pieds, à la demande de M. Macron, pour essayer de nous accompagner dans cette lutte. »

Le vote du budget doit intervenir avant la fin de l’année, lors de la dernière séance de l’assemblée le 8 décembre. Une trentaine de textes devraient être examinés ce jour-là. Plusieurs élus de l’opposition vous reprochent de ne pas être assez productif. Pensez-vous avoir le temps de tout traiter ?

« Bien sûr. L’assemblée se réunit tous les 15 jours. Je pense qu’une trentaine de textes à la séance budgétaire on va le faire. Ce sera vraisemblablement une séance de 48 heures, nous serons au rendez-vous. Les textes vont être examinés comme prévu. Les textes fiscaux doivent être votés avant le budget puis on votera le budget en conséquence. »

Le scrutin des territoriales aura lieu les 16 et 30 avril prochain, dans moins de 6 mois, où en est la composition de la liste du Tapura Huira’atira ? Êtes-vous ouvert à des alliances avec les autres partis ?

« On est en train d’y réfléchir. Je pense que la liste se précisera vers le mois de janvier. Nous sommes ouverts à la discussion. La priorité pour nous, c’est que les autonomistes se présentent unis à cette échéance. On doit tirer des leçons des législatives. Si nous voulons gagner, il faut qu’on se mette autour d’une table. Je suis ouvert aux discussions avec ceux qui veulent travailler avec nous pour l’autonomie de ce pays. »

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