Edouard Fritch : « je crois que ce qui nous est demandé aujourd’hui c’est de nous occuper de la crise »

Publié le

Après l'annonce de Gaston Flosse qui se dit désormais souverainiste, et la réaction de son rival indépendantiste Oscar Temaru, le président du Pays Edouard Fritch, et leader du parti autonomiste Tapura Huiraatira, était l'invité de nos journaux jeudi.

Publié le 03/07/2020 à 10:56 - Mise à jour le 03/07/2020 à 10:57

Après l'annonce de Gaston Flosse qui se dit désormais souverainiste, et la réaction de son rival indépendantiste Oscar Temaru, le président du Pays Edouard Fritch, et leader du parti autonomiste Tapura Huiraatira, était l'invité de nos journaux jeudi.

Il semble que les dés ne sont pas encore jetés à Arue. Ils seraient même pipés selon Philip Schyle. Comment analysez-vous cette situation ?
« Si vous me le permettez, je voudrai apporter un commentaire sur les images que vous avez montrées ce soir associant le nom de notre sénatrice au mot assassin (Lire ICI). Je suis troublé, je suis vraiment troublé qu’on puisse aller jusqu’à ce stade. Lana Tetuanui est une personne qui travaille pour le Pays, qui s’est beaucoup battue. Depuis que nous avons pu modifier la loi Morin, beaucoup plus de dossiers ont été examinés. je trouve que non seulement c’est injuste, mais c’est indigne de la part d’un prêtre ce genre de déclarations.

Pour ce qui concerne l’affaire de Arue. Effectivement ce sont des méthodes d’un temps passé comme disait le président du Tavini hier soir, et c’est regrettable naturellement. Mais pour l’heure, je ne veux pas juger, je laisse la justice, puisque la justice a été saisie à ce sujet-là. Je crois qu’il faut attendre les résultats des enquêtes et voir effectivement ce qui s’est passé. Mais c’est regrettable naturellement si les faits étaient avérés. »

Cette semaine nous avons reçu sur ce plateau les deux leaders du Tahoeraa Huiraatira et du Tavini Huiraatira. Gaston Flosse a créé la surprise en se présentant comme souverainiste. Une phrase qui a surpris et qui continue de surprendre si on en juge par le nombre de commentaires sur notre page Facebook. Comment avez-vous réagi à ces déclarations ?
« Merci de m’avoir invité. je suis le dernier de la liste et je vais clôturer ce passage des leaders politiques à TNTV. Je crois que, effectivement je me retrouve bien seul à défendre le principe de l’autonomie dans notre pays. Mais j’estime aussi, et c’est la raison pour laquelle je ne répondrais pas directement à votre question, j’estime aussi qu’aujourd’hui le débat n’est pas un débat institutionnel. Nous venons de sortir d’une campagne électorale, nous venons de terminer les élections, je crois que ce qui nous est demandé aujourd’hui c’est de nous occuper de la crise qui se présente à nous, après celle du covid-19. Et cette crise est importante, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je vais appeler les maires puisque j’ai demandé à ce que les élections se produisent au mois de juin pour ces raisons. Je vais donc appeler les maires à se réunir. Je voudrais créer une conférence de l’association des communes, une conférence que nous tiendrions ici à Papeete afin que je puisse leur présenter d’abord le plan de campagne du Pays au niveau de la commande publique pour que les maires soient bien informés, et d’autre part et c’est le plus important pour moi, c’est de les informer sur les mesures qui seront prises lors de l’ouverture du ciel polynésien qui va se faire dès le 15 juillet. Donc je vais rapidement convoquer les maires pour qu’ils soient au plus près de la population pour qu’ils puissent informer à leur tour les populations de nos archipels. (…) Ça va se tenir dans les 15 jours qui viennent. Je veux aller très vite parce qu’effectivement je veux partager avec eux les préoccupations du Pays. Aujourd’hui, je veux partager avec les maires aussi, les informations sur les moyens que le Pays va mettre en route pour relancer l’économie, pour créer ce rebond économique que tout le monde attend. Et surtout, je veux qu’ils sachent à quel niveau nous interviendront pour sauver les emplois dans notre pays, que ce soit au travers des aides données aux entreprises, que ce soit directement pour soutenir les salariés qui sont en difficulté. »

Une convention a été signée entre le Pays et Air Tahiti pour reprendre les lignes inter-insulaires. C’est une bonne nouvelle ?
« Bien sûr, ça ne peut être qu’une bonne nouvelle. Certains me reprochent de subventionner une société qui est une société privée. Mon souci aujourd’hui c’est que le lien avec les archipels reprenne. N’oubliez pas que nos amis des îles sont coupés de Tahiti depuis pratiquement 3 mois aujourd’hui. C’est très très long. Ils ont de la famille, il y a des personnes qui doivent passer leur visite médicale ici… donc il fallait à tout prix accompagner Air Tahiti de façon à ce qu’Air Tahiti reprenne tous ses vols. Aujourd’hui, je l’ai rappelé, Air Tahiti est une société privée. Et naturellement, sur la desserte de toute la Polynésie française, un paquet d’îles provoque des déficits importants au niveau de cette société. Et c’est normal que nous les accompagnons car Air Tahiti doit assurer sa mission dans de meilleures conditions. »

Sur le plan maritime, les croisières reprennent aussi avec le premier voyage du Paul Gauguin rempli à 100% d’une clientèle locale. Est-ce que cela signifie que les Polynésiens peuvent encore se payer ce type de vacances, ou une partie des Polynésiens ?
« Bien sûr que, les effets de la crise ne se ressentent pas tout de suite. Je crois qu’à partir de septembre-octobre, certains d’entre nous auront de réelles difficultés. Mais pour d’autres non. Et je veux saluer ce geste des Polynésiens. La ministre du Tourisme a appelé les Polynésiens à venir, à fréquenter les hôtels, à venir aider le monde du tourisme à reprendre des couleurs. Et si aujourd’hui le Paull Gauguin fait des croisières, le Paul Gauguin fait des efforts sur les tarifs. Et c’est ce qui va se produire. Nous avons aujourd’hui des assurances du côté des entreprises de tourisme et surtout du côté des hôtels, qu’ils feront d’énormes efforts en attendant que les touristes de l’extérieur arrivent chez nous pour que le Polynésien puisse aussi bénéficier de ces structures car c’est vrai qu’on n’a pas toujours les moyens d’aller dans de grands hôtels et le fait que les tarifs soient aménagés nous en donne. »

Les bonnes nouvelles ne doivent pas faire oublier la menace du covid-19 qui plane toujours. Nous sommes prêts pour la réouverture des lignes internationales ?
« En tous les cas, nous allons avec le haut-commissaire très bientôt annoncer les mesures. Ce que je peux vous dire, c’est que le Pays s’entoure de tout ce qu’il faut faire pour assurer une vigilance forte. Nous resterons vigilants. Nous sommes aujourd’hui, et je pense que les moyens seront mis en place définitivement dans les 3-4 jours à venir, nous sommes aujourd’hui prêts à pister tous les clients qui viennent de l’extérieur, toutes les personnes qui viendront de l’extérieur dans le Pays. Je ne vous donnerais pas de détails mais ce que je veux dire surtout et pour rassurer nos compatriotes, c’est que nous prenons tous les moyens aujourd’hui pour ne pas qu’il y ait de reprise de propagation de ce covid chez nous. Bien sûr certains me disent « oui mais on aura sûrement des cas ». Bien sûr qu’on risque d’en avoir des cas, mais les moyens seront pris pour les isoler et ensuite pour les extraire des hôtels où ils sont. Et vous avez vu à l’hôpital, nous avons les moyens de suivre les éventuels cas de covid. »

Dernières news