« C’était exactement dans cet objectif que j’ai présenté mon discours de ce jeudi matin, puisque je suis constamment accusé par mes amis du Tahoera’a Huiraatira de ne pas bouger, de ne rien faire, d’être un nul.
Et je crois que ce constat, se confirme ce matin. Le discours de monsieur Tuihani du président de l’Assemblée de Polynésie effectivement fait un constat alarmiste. Il m’a un petit peu surpris et un peu déçu, car il ne se met pas en face des réalités. Qu’on accuse le gouvernement de ne pas suffisamment faire ; peut-être bien que oui, encore faut-il en avoir les moyens. Mais qu’on dise qu’on ne bouge pas, qu’on soit au pied du mur et qu’il va nous tomber sur la figure. Je leur disais ce matin : « arrêtez d’avoir une vision aussi triste de la Polynésie. »
Dans votre discours concernant les essais nucléaires, vous rappelez lors du premier tir des essais nucléaires, la présence de Gaston Flosse, Maire de Pirae à l’époque, auprès du Général de Gaule. A ce sujet vous proposez de mettre en place une commission d’enquête. Quelle en sera l’utilité ?
« Je n’ai pas tout à fait dit ce que vous venez de déclarer. Ce que j’ai dit c’est qu’effectivement je ne suis pas opposé du tout à ce que l’assemblée crée une commission d’enquête. Moruroa je crois que c’est la deuxième commission ou la troisième et les choses n’aboutissent jamais. D’autre part j’estime qu’il faut aussi nous-mêmes nous regarder. Il faut voir quelle est la responsabilité que nous avons dans cette affaire, puisque pendant des années nous avons crié haut et fort que ces essais étaient propres, et j’étais l’un de cela.
Donc ce que je leur disais, c’est qu’avant que tout ce monde-là disparaisse, il faut peut-être étendre cette commission d’enquête à l’audition des derniers témoins qui survivent aujourd’hui. Nous avons fait l’expérience de Pouvanaa a Oopa. J’ai moi-même porté à Paris les derniers témoignages des personnes qui ont vécus dans le cercle de Pouvanaa a Oopa. Proche de lui, il n’y en avait plus. »
A quoi cela servirait concernant les essais nucléaires?
« Ça servirait déjà à compléter l’histoire. Il faut arrêter aujourd’hui, de continuer à condamner la France. Parce qu’effectivement elle a reconnu qu’elle avait fait des essais en Polynésie et qu’il y a eu un fait nucléaire.
Je crois qu’il faut continuer le combat que mènent aujourd’hui les associations. Mais à côté de cela je crois aussi qu’il faut regarder la responsabilité des uns et des autres. »
Au volet emploi : vous pointez du doigt l’inefficacité des contrats d’accès à l’emploi sur plus de 5000 CAE vous dites que seulement 156 ont débouché sur un emploi durable. Ces CAE vont-ils disparaitre pour laisser la place à d’autres mesures favorables à la création d’emploi ?
« Non, je vous confirme que les CAE ne disparaitront pas. Mais effectivement les résultats nous interpellent. Seul 160 ont pu accéder à un emploi pérenne. Il y a un problème quelque part, ça veut dire que nos jeunes qui bénéficient de ces CAE, n’ont pas suffisamment d’expérience pour pouvoir faire la preuve qu’ils sont employables et qu’ils peuvent rendre des services à l’entreprise. »
Vous proposez en ce sens deux projets de lois, quels sont-ils ? Est-ce que vous pouvez nous donner des détails sur ces deux projets de lois ?
« J’ai surtout parlé d’un projet de loi qui intéresse naturellement le monde économique, c’est celui de la révision du code du travail. Je crois qu’il faut que notre code du travail soit un outil efficient et qu’il participe au développement économique. Je l’ai défendu à l’assemblée nationale. Notre code du travail, il date des années 85-86, c’est un vieux code, qui n’est pas adapté aux conditions dans lesquelles vit notre pays.
Il faut l’améliorer, il faut l’aménager de façon à ce que nous ayons un outil qui nous aide à créer de l’emploi. »
Sur la question du logement : Le pays a investi plus de 10 milliards cette année, combien de logements sociaux reste-t-il encore à construire en Polynésie?
« La demande est énorme en matière de logements sociaux… je crois qu’il y a près de 600 demandes actives. Pour ce qui concerne les demandes d’aide à l’habitat on est à 900 demandes en instance, vous voyez que le chantier est grand.
Mais ce que je voulais démontrer ce matin, à ceux qui nous accusent de ne pas bouger, c’est que nous bougeons. Nous mettons 10 milliards et nous exécutons, puisque nous allons aussi utiliser le contrat de projet numéro 2, en accord avec l’état pour qu’il intervienne dans la construction de logements sociaux dont nous avons déjà lancé les études. J’estime que ça fait partie de ces difficultés que connaissent certaines familles…. de vivre dans des conditions honorables. »
Plusieurs logement ont été construits pour déloger la zone qui accueillera le projet Tahiti Mahana Beach. Deux groupes d’investisseurs ont répondu présent à votre appel, lequel allez-vous désigner et pourquoi ?
« Les discussions ne sont pas terminées. Normalement les dernières discussions devraient se situer entre le 15 octobre et le 15 novembre. Et l’annonce de l’entreprise retenue sera faite au mois de décembre prochain, lors de la signature d’un accord avec ces investisseurs. Je pense que dès la fin novembre nous saurons qui sera retenu pour ce chantier. «
Cela permettra de commencer les travaux en 2016?
« Cela permettra, pour le pays, de lancer les travaux de réseaux divers que nous devons réaliser : la route, tout ce qui concerne les eaux pluviales et dans un second temps. Les premiers travaux de l’hôtel lui-même devraient commencer vers la mi 2016. »
Samedi vous rassemblez vos forces pour créer votre parti politique, vous pensez rassembler d’autres élus pour gagner la majorité à l’assemblée ?
« Samedi j’invite tout le monde à venir à notre réunion. Nous nous rassemblons à Pirae avec nos amis de ATP pour lancer le mouvement politique qui devrait voir le jour d’ici le mois de décembre.
Donc c’est une assemblée constitutive, et nous invitons la population à venir. C’est une fusion, ce n’est pas un mariage de parti politique, puisque ATP a décidé de dissoudre son parti. Et donc de créer ensemble quelque chose. C’est un parti qui est destiné à soutenir l’action du gouvernement, je l’espère avec l’appui d’autres personnes.
Je suis très inquiet puisque je n’ai pas de majorité. Donc ne soyez pas étonnés que je sois à la recherche d’autres représentants pour venir soutenir notre action. »
Reportage de Sam Teinaore
Analyse du discours du Président de la Polynésie française : Reportage de Sophie Guébel
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Interview plateau de Edouard Fritch, Président de la Polynésie française