Démission de Yan Jambet : « Je n’ai pas reçu de mises en garde de mon parti » déclare Moetai Brotherson

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Moetai Brotherson était l'invité de notre rubrique Le Grand entretien ce vendredi. Le président du Pays est revenu sur la démission de Yan Jambet de l'OPH mais aussi sur son voyage en métropole et sur son futur déplacement aux Etats-Unis où lui et d'autres dirigeants du Pacifique rencontreront Joe Biden.

Publié le 16/09/2023 à 15:46 - Mise à jour le 16/09/2023 à 15:46

Moetai Brotherson était l'invité de notre rubrique Le Grand entretien ce vendredi. Le président du Pays est revenu sur la démission de Yan Jambet de l'OPH mais aussi sur son voyage en métropole et sur son futur déplacement aux Etats-Unis où lui et d'autres dirigeants du Pacifique rencontreront Joe Biden.

TNTV : On l’a vu, Yan Jambet a fini par démissionner de la direction de l’OPH. Une direction qui intervient alors qu’il est convoqué au pénal et que le Tavini est monté au créneau. Est-ce qu’il a fallu en arriver là pour qu’il démissionne ?
Moetai Brotherson, président du Pays :
« (…) Le conseil politique est un comité de majorité qui s’est réuni comme il se réunit régulièrement sur d’autres sujets. Ce sujet-là a été mis à l’ordre du jour. Le conseil s’est exprimé. J’ai transmis à monsieur Jambet la décision qui a émané de ce conseil et il a pris ses responsabilités. »

TNTV : Comment avez-vous reçu les mises en garde de votre propre parti ?
Moetai Brotherson :
« Je n’ai pas reçu de mises en garde de mon parti. J’ai reçu l’expression de la volonté de mon parti vis-à-vis de ce sujet. »

TNTV : Vous comprenez cette indignation d’une partie de la classe politique ?
Moetai Brotherson :
« Que la classe politique et notamment l’opposition s’indigne, ça ne m’étonne pas. Moi, ce qui me désole, c’est le réflexe de meute et les comportements de certains qui oublient que derrière ce sujet il y a un homme, une famille, une petite fille de 10 ans qui est aujourd’hui harcelée à l’école. Je trouve ça déplorable.« 

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TNTV : Mais vous comprenez que ces aveux ont pu émouvoir l’opinion publique parce qu’il s’agit quand même d’une personne qu’on met à la tête d’un établissement qui brasse 15 milliards de Fcfp ?
Moetai Brotherson : « Encore une fois, c’est une affaire au civil qui a été jugée et je ne mélange pas les genres. »

TNTV : À une semaine de la session budgétaire, l’opposition craint une forme d’instabilité. Est-ce qu’elle a raison de s’inquiéter ? Est-ce que la majorité suivra les préconisations budgétaires ?
Moetai Brotherson : « Encore une fois, le rôle de l’opposition, c’est d’agiter des chiffons rouges là où il n’y en a pas. Je déjeune toutes les semaines avec Tony Géros et Oscar Temaru. On met tous les sujets sur la table... »

TNTV : Tout va bien ?
Moetai Brotherson : « Je ne dis pas que tout va bien. Le Tavini est une famille dans laquelle on discute. On discute de tout. On discute des sujets sur lesquels on n’est pas tous d’accord forcément. Chacun donne son avis. Ça a toujours été comme ça au Tavini. Ce n’est pas pour autant qu’il y a un schisme. Ce n’est pas du tout ça. Je crois que l’opposition avait peut-être perdu l’habitude de dialogue. »

TNTV : Au sein du Tavini certains élus ont quand même regretté d’avoir peu de contact avec le gouvernement. À partir de quel moment vous consultez le parti ? Est-ce que vous devez consulter le parti ?
Moetai Brotherson : « Je crois que c’est peut-être l’avis d’élus qui sont nouvellement installés. Quand ils auront un peu plus d’expérience, ils verront qu’on ne peut pas gouverner un pays et échanger avec sa majorité tout le temps. À un moment donné, il faut des points de synchronisation, c’est vrai. Les ministères reçoivent régulièrement des représentants qui demandent des explications. On est présents en commission, mais on ne peut pas se voir toutes les semaines. Si on se voit toutes les semaines, à quel moment on dirige le Pays ? »

TNTV : Pour en revenir à la session budgétaire, l’opposition et le public attendent des orientations claires. On a l’impression que le ministre de l’Économie fuit les micros. En tout cas, il ne répond pas à nos questions ni à nos invitations. Est-ce qu’il est normal qu’on soit obligés de passer par vous pour avoir des réponses ?
Moetai Brotherson :
« Ce n’est pas anormal. Le rôle du ministre de l’Économie et des Finances n’est pas de courir les plateaux TV. Son rôle est de veiller à la bonne construction du budget. C’est ce à quoi on s’est attelés depuis quelques semaines maintenant. Nous avons fini la collecte, c’est-à-dire la remontée des besoins des services vers chacun des ministères de tutelle. Demain et après-demain nous ferons un pré-arbitrage budgétaire où je vais recevoir chacun des ministres qui va venir présenter l’ensemble des projets qu’il veut voir inscrits au budget. Sachant qu’on ne peut pas tout mettre au budget. Et s’ensuivra une phase d’arbitrage. »

(…)
TNTV : Vous avez fait quelques aller-retours à Paris. Vous avez rencontré différents ministres. Est-ce que ce n’est pas le rôle de vos ministres d’aller à la rencontre de leurs homologues ?
Moetai Brotherson :
« Mes ministres se sont déplacés. Pas forcément à Paris. Certains sont allés à Fidji, dans la région, en fonction des portefeuilles qui sont les leurs. Maintenant, sur une mission comme celle que j’ai menée à Paris et qui est transverse, on a abordé quasiment une dizaine de sujets différents. Comprenez bien qu’on ne peut pas déplacer tout le gouvernement donc là, c’est le rôle du président de le faire. »

TNTV : À Paris, vous avez également parlé de la grande distribution et du coût de la vie avec le patron de Lidl. Vous envisagez d’ouvrir ce type de magasins à bas prix ici en Polynésie ?
Moetai Brotherson : « Je suis à la recherche de toutes les solutions valables pour aller dans le sens d’une amélioration du coût de la vie en Polynésie. Ça peut vouloir dire amener de nouvelles enseignes en Polynésie parce que la concurrence, c’est aussi ce qui fait baisser les prix. Mais, ça peut aussi vouloir dire : travailler avec ceux qui veulent bien, qui sont de bonne foi et qui veulent aller dans le bon sens, travailler avec tout le monde pour trouver des dispositifs. Je vais vous donner un exemple : j’ai longuement discuté avec le directeur de cabinet de Bruno Le Maire qui est le ministre de l’Économie (du Gouvernement central, NDLR) et qui nous a assuré de son soutien dans une démarche de négociation avec CMA CGM qui est la principale compagnie qui amène toutes ces marchandises chez nous pour voir dans quelles mesures cette société pourrait au moins offrir une visibilité sur ces tarifs qui n’est pas là aujourd’hui. »

TNTV : À Paris, vous avez également annoncé votre invitation à Washington par Joe Biden. Est-ce qu’une entrevue est prévue avec lui ?
Moetai Brotherson :
« Je n’ai pas moi sollicité d’entrevue individuelle avec Joe Biden. Nous sommes tous invités, tous les chefs d’État du Pacifique par Joe Biden. C’est la même initiative que l’an dernier. Nous serons là-bas à partir du 26 septembre et ensuite j’embraierais sur la 4e commission des Nations Unies. »

TNTV : Si vous le rencontrez, vous lui direz quoi ?
Moetai Brotherson :
« Je lui dirais la même chose qu’à tous les dirigeants de grands pays qui s’intéressent à notre région : que nous ne voulons pas prendre partie pour l’un ou pour l’autre. Nous voulons être libres de discuter avec tous les interlocuteurs et certains n’ont pas à nous embrigader dans un camp ou l’autre. »

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