« Aujourd’hui, on a un clivage autonomistes, pays associé et indépendance »

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Publié le 03/06/2017 à 12:41 - Mise à jour le 03/06/2017 à 12:41

Pour Sémir Al Wardi, le « vote affectif » qui lie les électeurs aux metua a une nouvelle fois bien fonctionné : « On voit que les trois grands partis, très bien organisés avec un maillage sur tout le territoire, emportent ce premier tour ». Et en particulier le Tapura qui se présentait « pour la première fois à une élection directe avec ses candidats ».

Mais avec ce nouveau venu dans le jeu politique, les clivages ont évolué depuis 2012. Selon lui, d’une opposition autonomistes/indépendantistes, on est aujourd’hui passé à « un clivage autonomistes, pays associé et indépendance ».

« Le Tapura a pu prendre les voix purement autonomistes qui ont délaissé le Tahoera’a avec le statut de pays associé », estime l’universitaire. Un phénomène « nouveau ».

Pour le second tour, le politologue présage des tractations, le candidat Tahoera’a Vincent Dubois, battu dans la troisième circonscription, ayant annoncé qu’il soutenait Moetai Brotherson du Tavini.

« On peut imaginer que le Tavini soutienne le Tahoera’a dans les deux autres circonscriptions. Maina Sage (Tapura, Ndlr) est très loin devant dans la première, donc ce sera difficile de la rattraper. En revanche, dans la deuxième, si l’on additionne les voix du Tahoera’a et du Tavini, on dépasse celles de Nicole Sanquer (Tapura, Ndlr). »

Pour Jean-Marc Regnault, l’un des enseignements de ce scrutin réside dans le taux d’abstention important (57,9% des électeurs). Un chiffre qu’il explique par « trois raisons ». D’abord « le statut d’autonomie qui déplace de plus en plus l’intérêt politique vers le territoire et non pas vers la métropole ».

Mais aussi du fait des « erreurs » du Tavini et du Tahoera’a. Le premier en appelant à l’abstention à la présidentielle,  a « démobilisé » ses électeurs pour les législatives.

Et le second en soutenant Marine Le Pen pour la fonction suprême, alors que le FN est « le pire ennemi du gaullisme » dont se revendique le parti orange. 

L’historien voit également un changement « fondamental » ces dernières années avec le positionnement du Tahoera’a en faveur d’un statut de pays associé. « Un statut qui détache encore un peu plus la Polynésie de la France ».

« Dans la troisième circonscription, on voit Vincent Dubois appeler à voter pour Moetai Brotherson. On s’aperçoit que si vous prenez les voix du Tavini, en y ajoutant celles de Tauhiti Nena ou de ses amis, de même que les pourcentages des écologistes qui sont tous pour l’indépendance, tout en y ajoutant le Tahoera’a, on s’aperçoit qu’une majorité d’électeurs est finalement prête à envisager une forme statutaire qui ne serait plus tout à fait l’autonomie. On passe à un quasi Etat ».
 

Rédaction Web

 

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