Antony Géros : « Le combat et la lutte de tous les indépendantistes, c’est d’informer »

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Antony Géros, vice-président du Tavini Huiraatira, était notre invité en plateau dimanche soir pour revenir sur le référendum d'autodétermination qui a eu lieu en Nouvelle-Calédonie. Il salue l'avancée des Kanak dans le scrutin. D'après lui, ils ont su "mener un grand travail d'information", "le combat et la lutte de tous les indépendantistes".

Publié le 05/10/2020 à 10:14 - Mise à jour le 05/10/2020 à 10:14

Antony Géros, vice-président du Tavini Huiraatira, était notre invité en plateau dimanche soir pour revenir sur le référendum d'autodétermination qui a eu lieu en Nouvelle-Calédonie. Il salue l'avancée des Kanak dans le scrutin. D'après lui, ils ont su "mener un grand travail d'information", "le combat et la lutte de tous les indépendantistes".

Vous représentez Oscar Temaru, qui est souffrant. 53,3% des votants ont dit non à l’indépendance, mais les loyalistes ont perdu plus de 3 points par rapport au référendum de 2018. Vous considérez ce score comme une victoire ou comme une défaite des indépendantistes ?
« Je pense que ce qu’on peut retenir de ce scrutin, c’est vraiment d’applaudir les Kanak. Entre le premier référendum et le deuxième, ils ont fait ce qu’il fallait pour essayer de ravir les consciences indécises à la lutte qu’ils ont menée avec leurs pères, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné, des années 1980 jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est intéressant de retenir, c’est qu’ils ont pu, en deux ans, ravir quand même près de 10.000 voix, ce qui représente les 3%. Et il reste maintenant 3 autres pourcents pour parvenir à l’objectif. Et donc c’est vraiment inouï ce qu’il s’est passé et on peut formuler un bon pronostic pour le troisième référendum. »

La participation a été très forte, c’est un argument pour les loyalistes qui disent que le score va désormais peu évoluer. Où aller chercher de nouveaux électeurs pour les indépendantistes ?
« Le peuple kanak représente 30% de la population calédonienne, et ils ont quand même eu 46% de voix, donc ça veut dire que les 16% qui leur ont permis d’atteindre ce chiffre, ils sont allés les chercher chez les Calédoniens qui ne sont pas d’origine mais qui vivent sur le Caillou. Et donc le grand travail qui a été mené c’est un travail d’information. C’est le combat et la lutte de tous les indépendantistes, c’est d’informer, d’informer, d’informer. Parce que l’accession d’un pays à son indépendance, ce n’est pas la rupture de ce pays avec ceux qui l’entourent, avec ce qu’il a mené de bien jusqu’ici, au contraire, c’est juste de lui permettre d’obtenir les compétences qu’il faut pour prendre lui-même ses décisions. Et non pas d’aller chercher ces décisions ailleurs et ensuite de les faire appliquer dans sa vie quotidienne chez nous. »

Est-ce qu’un tel référendum est possible en Polynésie et quand ?
« Oui tout à fait, puisque nous sommes réinscrits depuis 2013. Grâce à cette réinscription nous avons ramené le pays sur une procédure d’accession à sa souveraineté qui passe par la décolonisation, que la France refuse d’appliquer, autant au niveau de la Kanaky qu’au niveau de la Polynésie. Et je pense que le jour où la France va revenir à de meilleurs sentiments, et s’assoirait à la table des négociations pour enfin mettre en place une véritable politique de décolonisation, je pense que les choses vont s’accélérer d’elles-mêmes et ce pays sera comme tous les pays. Les 193 pays qui représentent les membres des états souverains qui siègent au niveau de l’assemblée générale des Nations unies, ben la Polynésie en fera partie. »

L’un des arguments des loyalistes en Calédonie et des autonomistes en Polynésie, c’est l’argent. La France finance une grosse partie de l’éducation, la police, la gendarmerie, la justice… Edouard Fritch est d’ailleurs à Paris pour obtenir des aides pour face à la crise économique et sanitaire. Pensez-vous que les Polynésiens soient prêts à une chute de leur niveau de vie, de l’éducation, des soins, si les financements ne sont plus assurés ?
« Vous savez, un référendum, c’est un scrutin d’autodétermination. Quand on s’autodétermine, on a les réponses à toutes ces questions. Donc ça veut dire qu’avant de s’autodéterminer, il faut que la France s’assoie à la table des négociations pour apporter les réponses à ce genre de questions. On va prendre par exemple l’Algérie. Au plus fort de la guerre, lorsque l’Algérie a accédé à son indépendance et que la France a retiré ses troupes, qu’est-ce qui s’est passé en France ? Ils ont été obligé d’observer la règle onusienne qui impose à la France de continuer à accompagner l’Algérie, et donc ça a donné lieu aux accords d’Evian. Et grâce à ça, la France a été obligée de laisser ses professeurs dans les écoles d’Algérie pour continuer à maintenir le niveau d’éducation sans lequel effectivement l’Algérie indépendante aurait rencontré d’énormes difficultés de lettrisme. Et donc c’est la raison pour laquelle l’Organisation des Nations unies a prévu dans sa résolution 15-14 du mois de décembre 1960 d’encadrer toutes ces grandes nations du monde qui poussent toutes leurs colonies à s’émanciper de manière à ce que les réponses à ce genre de questions qui constituent des inquiétudes pour ceux qui ne sont pas encore informés puissent être débattues et apportées avant l’avènement de cette élection qu’on appelle le référendum. »

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