Les arnaques aux faux prêts augmentent sur Internet

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Le confinement a réduit les escroqueries cette année… sauf sur Internet, où elles sont en augmentation. Mais comment éviter les pièges ?

Publié le 06/12/2021 à 14:30 - Mise à jour le 07/12/2021 à 10:23

Le confinement a réduit les escroqueries cette année… sauf sur Internet, où elles sont en augmentation. Mais comment éviter les pièges ?

Nous avons tous vu passer des offres de prêts alléchantes sur les réseaux sociaux. La meilleure solution est de bloquer tout de suite la personne, car c’est toujours une arnaque.

Exceptionnellement, nous avons décidé d’entrer dans le jeu de l’arnaqueur, pour voir comment il procédait. Son pseudo paraît crédible : Anne Maria Bellon Finance. Sur ce profil, une quinquagénaire bien habillée, l’air sérieux. Mais tout est faux, bien sûr : l’identité, comme les photos.

Nous discutons plusieurs semaines avec cette personne, qui nous propose un don de l’Unicef, destiné à aider les Polynésiens et les Calédoniens. Elle nous présente même des documents signés et tamponnés de dons accordés à d’autres Polynésiens. Elle assure qu’il n’y aura rien à rembourser, simplement des frais de dossier à régler.

Pour payer ces frais, elle demande des coupons Transcash, qui peuvent être obtenus dans un bureau de tabac.

À la gendarmerie, l’adjudant-chef Pascal est un enquêteur spécialisé en cybercriminalité. Il confirme que Transcash est un système légal, mais très utilisé par les arnaqueurs sur la Toile. Vous retirez un coupon au bureau de tabac, vous le payez, puis vous envoyez le code à l’arnaqueur. Celui-ci peut récupérer la somme, n’importe où dans le monde.

Depuis la gendarmerie, nous communiquons avec l’escroc, qui insiste pour que nous allions le plus vite possible acheter les coupons. « Le but, c’est d’amener la personne à faire un premier versement, puis de faire croire à leur bonne foi en disant par exemple que le dossier avance, puis demander une somme supplémentaire pour débloquer le prêt » explique l’adjudant-chef Pascal. Une fois qu’il ne peut plus rien soutirer, l’escroc disparaît.

Le plus prudent est, bien sûr, de ne jamais donner suite aux propositions des arnaqueurs. Mais si vous l’avez fait, n’effacez rien : conservez à la fois les conversations sur Messenger et le ticket Transcash et déposez plainte le plus rapidement possible, pour avoir une chance de retrouver cet escroc.

Beaucoup sont situés en Afrique, particulièrement au Bénin, au Niger et en Côte d’Ivoire. Mais d’autres habitent à Tahiti. Tous ont l’habitude de séduire leurs interlocuteurs. Sur Messenger, par exemple, notre arnaqueuse… va nous mettre en garde contre les arnaques ! En jouant ce rôle protecteur, elle tente de nous mettre en confiance.

Trente-quatre familles polynésiennes sont tombées dans les filets d’un arnaqueur de la Toile en 2021. Cette année au fenua, 40% des escroqueries se sont produites sur Internet… un taux deux fois plus important que l’année précédente. Et les gendarmes constatent que ces cyber-arnaques augmentent avant les fêtes, lorsque l’on a le plus besoin d’argent.

Ce sont malheureusement les personnes les plus démunies, souvent celles qui ne parviennent pas à décrocher de prêts bancaires, qui se font arnaquer. En moyenne, elles laissent filer 200 000 à 400 000 Fcfp, qu’elles ne reverront jamais.

Mais la note peut aussi être salée pour les arnaqueurs : ils risquent cinq ans de prison et près de 45 millions Fcfp d’amende.

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