« Pour lui, je suis à lui. C’est lui qui décidé. Je suis obligée d’obéir ». En quelques mots devant les gendarmes, la victime avait résumé sa relation avec son conjoint après être venue déposer plainte, en janvier 2019, pour trois coups de poing reçus au visage un peu plus tôt. Mise en confiance par les enquêteurs, elle s’était davantage livrée, expliquant que les violences étaient habituelles, mais aussi que son compagnon, tyrannique, lui imposait des relations sexuelles « environ 3 fois par semaine ». Elle n’avait jamais osé témoigner par peur de représailles.
« Si tu déposes plainte, je te tue. Je m’en fous d’aller en prison », l’avait-il menacée. A la barre, l’homme a la carrure massive, et à « l’intelligence inferieure à la moyenne », selon un expert, a reconnu une partie des faits, à l’exception des agressions sexuelles. Il les avait néanmoins avouées du bout des lèvres au cours de l’instruction.
« J’étais jaloux. C’est par là que ça a commencé les violences », a-t-il dit pour se défendre, expliquant que sa compagne avait été en couple avec son oncle quelques années plus tôt, et qu’il pensait que la relation perdurait.
« Cela ne justifie rien. Ce n’est pas un meuble. Si vous n’êtes pas content, vous la quittez. On ne tape pas, monsieur », lui a lancé la présidente du tribunal. Ce à quoi l’intéressé a répondu : « La jalousie ça justifie quelque chose, si tu es amoureux de quelqu’un ».
Pour ne rien arranger à son affaire, l’homme avait de nouveau passé à tabac sa victime, en 2021, alors qu’il était mis en examen pour les faits remontant à 2019. Jugé en comparution immédiate, il avait été condamné à 3 ans de prison ferme.
« Je n’ai pas envie d’être incarcéré »
Aujourd’hui, le couple est séparé, mais ils ont en commun une petite fille. Et c’est le prévenu qui en a la garde …à la demande des services sociaux. La mère s’est en effet mise en concubinage avec un homme condamné pour des agressions sexuelles. Il représenterait donc un danger pour la petite. « C’est une situation assez complexe. Ma cliente essaye d’avancer, de trouver des solutions », a soufflé l’avocate de la victime.
« Monsieur a des éléments de personnalité inquiétants. Les experts parlent de difficultés de ré-adaptabilité. On a l’impression qu’il avait tous les pouvoirs sur sa compagne. Ces faits sont particulièrement graves », a de son côté estimé le procureur, avant de requérir une peine de 3 ans ferme avec mandat de dépôt.
Dernier à prendre la parole, sans avocat pour assurer sa défense, l’homme n’a pas rajouté grand-chose. « Je n’ai pas envie d’être incarcéré. Je suis bien avec ma nouvelle compagne (…) mais je voulais m’excuser pour les violences », a-t-il conclu, les larmes aux yeux.
Après de courtes délibérations, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur. L’homme a été immédiatement menotté pour être conduit à Tatutu afin d’y purger sa peine de 3 ans. Il devra aussi verser 800 000 francs de dommages et intérêts à son ex-compagne, et son nom sera inscrit au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles.