Une femme condamnée à 2 ans de prison ferme pour avoir réduit en esclavage une adolescente

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Une sexagénaire a été condamnée, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Papeete, à 3 ans de prison, dont un avec sursis, pour des violences habituelles sur une jeune adolescente qu’elle a hébergée à son domicile, durant quelques années. La jeune fille y a été victime de graves maltraitances, commises par la prévenue ainsi que par son mari, condamné il y a peu aux Assises. “Un couple de malades mentaux”, dixit la procureure.

Publié le 04/02/2025 à 15:49 - Mise à jour le 04/02/2025 à 16:01

Une sexagénaire a été condamnée, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Papeete, à 3 ans de prison, dont un avec sursis, pour des violences habituelles sur une jeune adolescente qu’elle a hébergée à son domicile, durant quelques années. La jeune fille y a été victime de graves maltraitances, commises par la prévenue ainsi que par son mari, condamné il y a peu aux Assises. “Un couple de malades mentaux”, dixit la procureure.

Les faits remontent à une dizaine d’années. Mais pour des raisons de procédure et de juxtaposition de 2 dossiers, ils n’ont été jugés que ce mardi.

A la barre des prévenus : une frêle femme de 60 ans, cheveux courts et épaisses lunettes. La sexagénaire était jugée pour avoir fait vivre un véritable enfer à une jeune fille âgée d’une quinzaine d’années à l’époque.

La sexagénaire et son mari, membres d’une “communauté de prières”, avaient proposer d’héberger cette adolescente de leur entourage, le couple résidant à proximité de son établissement scolaire.

Les premiers temps, tout s’est bien déroulé, aux dires de la victime. Jusqu’à ce jour où le mari lui a déclaré avoir des sentiments pour elle. Des propos que la jeune fille a immédiatement rapportés à l’épouse.

Dès ce jour, coups, humiliations, harcèlement et corvées sont devenus son lot quotidien durant plusieurs mois. “Elle me tapait avec le balai niau et me donnait des claques quand elle rentrait du travail si le ménage n’était pas fait ou le repas pas prêt. Lui, des fois, me tirait par les cheveux. J’étais pleine de bleus. Il voulait que je l’embrasse sur la bouche et si je ne voulais pas, il me crachait dessus”, a témoigné la jeune fille devant les enquêteurs.

Le couple ne la lâchait pas non plus d’une semelle. Il l’appelait plusieurs fois par heure et lui avait même fourni une oreillette pour qu’elle puisse lui répondre …en classe. Et lors des récréations, l’homme venait l’épier depuis le parking de l’établissement.

L’adolescente aurait aussi subi des agressions sexuelles de la part de celui-ci. L’enquête qui a suivi a donné lieu à des rebondissements. Elle a en effet permis de recueillir le témoignage de la belle-sœur du mari, la propre sœur de la prévenue.

Et celle-ci a confié avoir elle aussi été victime de viols et de maltraitance lorsqu’elle habitait chez le couple quand elle était âgée d’une quinzaine d’années. Et elle aussi était surveillée en permanence.

C’est exactement le même comportement”, s’est inquiété le président du tribunal. Puis de souffler, en s’adressant à la sexagénaire : “C’est la vie d’une esclave, pas d’autre chose”.

“J’essaie de ne plus y penser”

La victime.

Jugé il y a 10 mois par la cour d’assises pour les viols et agressions sexuelles, son mari a été condamné à 15 ans de prison. Un jugement dont il a fait appel. Estime-t-elle que son conjoint est coupable ? A cette question, l’épouse est restée évasive, comme à chaque fois qu’elle était interrogée.

On aimait bien cette petite. Je n’ai pas été violente, mais on a été dur (…) Des fois, elle n’écoutait pas. On devait la redresser gentiment”, s’est-elle contentée de déclarer, tout en niant avoir été au courant des agressions sexuelles.

En gros, soit elle ne se souvient de rien, soit elle estime qu’on était dans le domaine de la correction normale, éducative”, s’est indignée la procureure : “On est dans une forme de tyrannie, de méchanceté et d’esclavagisme. Il y a un gros problème de la part de ce couple. Ce sont des malades mentaux”.

Après de courtes délibérations, le tribunal a condamné la sexagénaire à 3 ans de prison, dont 2 ferme. Elle devra aussi verser 1 million de francs de dommages et intérêts à sa victime. Une adolescente devenue une jeune maman qui, malgré les séquelles psychologiques, est parvenue à se reconstruire. 

Après être partie de chez eux, j’ai fini ma scolarité. Je suis allée à l’Université et j’ai trouvé un travail. Aujourd’hui, j’essaie de ne plus y penser”, a-t-elle dit à l’audience lors d’une brève prise de parole.

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