L’homme donnait pourtant entière satisfaction à ses employeurs depuis son embauche, au point d’avoir été promu, courant 2018, responsable de l’entrepôt de cette société de production de corned-beef.
Du moins jusqu’en 2021 et la découverte du pot aux roses. Lors d‘un inventaire, qui s’est déroulé alors que le quadragénaire se trouvait en arrêt de travail, la direction a eu la surprise de découvrir que 13 palettes de punu pua’atoro manquaient à l’appel, soit quelque 32 920 conserves.
En investiguant davantage, elle en est arrivée à la conclusion que c’étaient 52 800 boites qui avaient été dérobées au total, en un peu plus de trois ans. Pour dissimuler les détournements de marchandises, les chiffres de stocks étaient falsifiés.
En garde à vue, le mis en cause a immédiatement reconnu son implication dans le larcin, expliquant qu’il avait agi de concert avec un complice : un livreur de la même société, gros consommateur d’ice.
Les produits volés étaient dissimulés dans le camion de celui-ci. Il les vendait ensuite à la sauvette et à prix bradé, lors de ses tournées : 10 000 francs le carton. Les deux hommes se partageaient les bénéfices. « Je lui mettais les cartons à disposition. Je lui disais d’arrêter mais il continuait dans mon dos », avait déclaré le responsable de l’entrepôt aux enquêteurs.
« Un système pensé, élaboré ».
L’avocat de l’entreprise victime.
Pour ces faits, le livreur a été condamné en novembre dernier, à Huahine, par le tribunal forain, à un an de prison avec sursis et au dédommagement de l’entreprise. Ce mardi, c’était au tour du responsable de l’entrepôt d’être jugé par les magistrats du tribunal de Papeete. Mais en son absence, l’homme n’ayant pas fait le déplacement au palais de justice, ni désigné un avocat pour le représenter.
Celui de l’entreprise, en revanche, était, lui, bel et bien présent. Le conseil a réclamé le remboursement complet du préjudice financier de la société évalué à 40 millions de francs. « L’enquête interne a montré que les choses étaient très organisées », a plaidé Me Yves Piriou, « dans l’entrepôt, il y avait des cartons entourés de plastique comme s’il s’agissait de produits finis. Sauf que ces cartons étaient vides. On a quand même un système pensé, élaboré ».
Le tribunal correctionnel a prononcé à l’encontre du chef d’entrepôt une peine similaire à celle infligée à son complice : un an de prison avec sursis. Il devra aussi verser avec celui-ci 40 millions de francs à son ancienne entreprise, ainsi qu’un franc de dommages et intérêts au titre du préjudice moral.