Tatutu : prison ferme et interdiction définitive d’exercer pour un surveillant filmé en train de fumer de l’ice

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Un surveillant pénitentiaire de Tatutu a été condamné, ce mardi par le tribunal correctionnel, à un an de prison ferme et à une interdiction à vie d’exercer ce métier pour avoir consommé du cannabis et de l’ice. Les faits avaient été relevés grâce à la découverte d’un téléphone avec lequel il avait été filmé en train de fumer de la méthamphétamine, dans une cellule, en compagnie d’un détenu.

Publié le 30/05/2023 à 18:39 - Mise à jour le 31/05/2023 à 13:48

Un surveillant pénitentiaire de Tatutu a été condamné, ce mardi par le tribunal correctionnel, à un an de prison ferme et à une interdiction à vie d’exercer ce métier pour avoir consommé du cannabis et de l’ice. Les faits avaient été relevés grâce à la découverte d’un téléphone avec lequel il avait été filmé en train de fumer de la méthamphétamine, dans une cellule, en compagnie d’un détenu.

En avril dernier, lors d’une fouille inopinée d’une partie commune du centre pénitentiaire de Tatutu, des surveillants avaient saisi un téléphone portable. L’exploitation de l’appareil avait permis la découverte d’une vidéo sur laquelle l’un de leurs collègues apparaissait en train de fumer quelques bouffées d’ice avec un détenu, Frankie Tumahai, condamné à de nombreuses reprises pour trafic de stupéfiants.  Des images compromettantes qui auraient pu permettre au prisonnier de faire chanter le fonctionnaire.

A la barre, cet homme de 35 ans a affirmé qu’il s’agissait de l’unique fois où il avait consommé de la drogue sur son lieu de travail. Mais aussi qu’il connaissait à peine Franckie Tumahai et qu’il ignorait avoir été filmé dans la cellule de celui-ci.

Il a ensuite raconté avoir commencé à fumer un peu de cannabis en 2020, puis de l’ice à compter de novembre dernier. Une fois par mois, selon ses dires, lors de soirées avec des amis. Une dérive qu’il a expliquée par des problèmes conjugaux qui l’ont conduit à une sévère dépression.

« C’était pour échapper à la réalité. Je n’acceptais pas que ma femme quitte le foyer (…) J’ai consulté un psychologue et un psychiatre (…) mais j’ai perdu le contrôle de moi-même, le sens de mes responsabilités professionnelles. J’ai toujours assuré au travail depuis le début de ma carrière en 2016 et j’ai toujours été apprécié par mes supérieurs (…). Ce jour-là, j’étais en dépression. Je ne voulais pas aller au travail. Je n’étais pas bien (…). Je demande pardon à la justice et à l’administration pénitentiaire. Je promets de ne plus recommencer », a-t-il lancé.

« C’est l’autodestruction à laquelle le dépressif se livre. Il se met à consommer du paka à 35 ans. Ce n’est quand même pas courant », a de son côté souligné son avocat, Me Robin Quinquis.

« Devoir d’exemplarité »

Le second prévenu censé comparaître devant les magistrats aurait pu éclairer les débats et la personnalité du surveillant que certains de ses collègues, mais aussi des détenus, suspectaient de consommer des drogues. Mais Franckie Tumahai n’a pu être interrogé. Il est subitement décédé en cellule, il y a une quinzaine de jours, vraisemblablement de causes naturelles. Une enquête est toutefois en cours pour s’en assurer.

Dans ses réquisitions, la procureure a dénoncé « des faits inacceptables » estimant de surcroît que le surveillant avait des liens bien plus étroits avec Franckie Tumahai que ce qu’il affirmait. « Comment admettre qu’un représentant de l’autorité (…) consomme avec un détenu alors même que d’autres sont sanctionnés durement par cette juridiction ? De par sa fonction, il avait un devoir d’exemplarité », a tonné la magistrate en réclamant une peine de deux ans de prison dont un ferme, une obligation de soins, et l’interdiction définitive d’exercer le métier de surveillant pénitentiaire. Des réquisitions suivies à la lettre par le tribunal.

Concernant l’année ferme de détention, le trentenaire ne passera pas de l’autre côté des barreaux. Il purgera en effet sa peine à domicile, sous bracelet électronique.  Il dispose désormais d’un délai de dix jours pour faire appel du jugement.

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