Saisie de 500 kilos de cocaïne sur un voilier : l’équipage responsable « sur sa vie » de la drogue

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Le juge d’instruction Laurent Mayer a rendu, le mois dernier, son ordonnance de renvoi dans le dossier de la saisie de 500 kilos de cocaïne à bord d’un catamaran, en octobre 2017, aux Marquises. Dans ce document que TNTV a pu consulter, le magistrat demande la tenue d’un procès pour les deux Néerlandais et le ressortissant polonais interpellés sur le voilier. Trois hommes accusés de travailler pour une "organisation criminelle" internationale, et qui ont été peu bavards tout au long de l’enquête.

Publié le 15/02/2021 à 14:28 - Mise à jour le 15/02/2021 à 15:19

Le juge d’instruction Laurent Mayer a rendu, le mois dernier, son ordonnance de renvoi dans le dossier de la saisie de 500 kilos de cocaïne à bord d’un catamaran, en octobre 2017, aux Marquises. Dans ce document que TNTV a pu consulter, le magistrat demande la tenue d’un procès pour les deux Néerlandais et le ressortissant polonais interpellés sur le voilier. Trois hommes accusés de travailler pour une "organisation criminelle" internationale, et qui ont été peu bavards tout au long de l’enquête.

En octobre 2017, les militaires s’étaient invités sur le Maoae, un catamaran à bord duquel ils ont découvert 499,7 kilos de cocaïne dissimulés dans deux caches aménagées, fermées par de légères cloisons collées à la silicone. Son capitaine Alfred K, et les deux équipiers, Coenraad V. et Piotr M., étaient immédiatement interpelés puis mis en examen et placés en détention provisoire pour la suite de l’enquête.

Mais les trois hommes n’ont pas été prolixes. Ils ont en effet maintenu lors de leurs diverses auditions qu’ils ignoraient que de la drogue se trouvait à bord, malgré la forte odeur de silicone fraichement posée sur les caches. Alfred K. a expliqué avoir été recruté par celui qu’il pensait être le propriétaire du voilier. Contre 3.000 euros mensuels (357 990 Fcfp), il devait, selon ses dires, convoyer le Maoae de l’Équateur à Singapour pour qu’il soit vendu.

Des numéros connus d’Europol

Les relevés d’empreintes sur les pains de cocaïne n’ont rien donné. Mais l’étude d’un ordinateur, sur lequel se trouvait une sauvegarde du téléphone du précédent capitaine du navire, a permis de mettre en évidence 1 446 messages.

« Ces numéros d’appel étaient connus par Europol et apparaissaient dans de nombreux champs infractionnels touchant à la grande délinquance internationale : trafic de stupéfiant, d’armes, traite des êtres humains (…) laissant à penser que l’utilisateur de ce téléphone était impliqué dans des réseaux criminels d’envergure », écrit le magistrat instructeur.

Le passif des trois hommes va dans le même sens. Alfred K. a écopé de 10 ans de prison en Belgique en 1987 pour un dossier de stupéfiant et il était la cible d’une enquête en Hollande en 2013. Coenraad V., lui, est connu dans son pays pour 11 faits criminels, dont une tentative d’homicide. Quant au plus jeune, Piotr M., il s’était spécialisé dans le vol de moteurs de bateau.

« Sur la vie de sa famille »

Des profils qui correspondent au dossier pour le juge d’instruction. « Les 3 marins maintiennent avoir ignoré que le voilier contenait de la cocaïne. Il est pourtant constant que les organisations criminelles internationales, conscientes des aléas nombreux qui peuvent se produire lors d’une traversée à la voile aussi longue et difficile, ne confient pas 500 kilos de cocaïne à 3 parfaits inconnus », souligne-t-il. Puis il ajoute : « Il semble que la loyauté présumée de l’équipage, qui s’est confirmée par leur mutisme, ait été un critère de recrutement ».

La loyauté ? Mais aussi certainement la peur. Car le juge d’instruction a établi un lien entre le Maoae et un autre voilier, l’Amira Najia. Ce dernier avait été arraisonné au large de la Nouvelle-Calédonie, le 24 octobre 2017, avec 578 kilos de cocaïne à son bord. Deux bateaux apparaissant « comme appartenant à une seule et même organisation criminelle (…) ayant pour but de convoyer de grandes quantités de cocaïne vers l’Australie ».

Or l’équipage de l’Amira Najia a, lui, « finalement admis avoir eu parfaitement connaissance qu’il transportait de la drogue ». Et ses membres ont expliqué « comment ils étaient responsables sur leur vie, et pour le capitaine, également sur la vie de sa famille, de la bonne délivrance de la drogue ».

Alfred K, Coenraad V. et Piotr M. pourraient être jugés d’ici quelques mois par le tribunal correctionnel de Papeete. Tous trois sont aujourd’hui libres dans l’attente de leur procès. Quant aux commanditaires du trafic, il n’est pas sûr qu’ils soient un jour inquiétés.

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