L’oncle érotomane condamné à 14 ans de prison pour des viols et agressions sur deux jeunes nièces

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Un quadragénaire a été condamné, mardi soir, par la cour criminelle de Papeete, à 14 années de prison pour des viols et agressions sexuelles commis sur deux de ses nièces mineures, dont l’une était à peine âgée de 10 ans au moment des premiers faits. Diagnostiqué érotomane par l’un des experts, il aurait été persuadé d’entretenir une relation amoureuse avec l’une des victimes.

Publié le 08/06/2023 à 8:48 - Mise à jour le 08/06/2023 à 14:51

Un quadragénaire a été condamné, mardi soir, par la cour criminelle de Papeete, à 14 années de prison pour des viols et agressions sexuelles commis sur deux de ses nièces mineures, dont l’une était à peine âgée de 10 ans au moment des premiers faits. Diagnostiqué érotomane par l’un des experts, il aurait été persuadé d’entretenir une relation amoureuse avec l’une des victimes.

En 2013, aux îles Sous-le-Vent, celui qui était trentenaire à l’époque avait attiré sa jeune voisine de 10 ans, qui est également l’une de ses nièces éloignées, à son domicile alors que les parents de la fillette s’étaient absentés. Il lui avait fait fumer du cannabis avant de la contraindre à avoir une relation sexuelle, en lui mettant la main sur la bouche pour qu’elle ne crie pas.  

Quatre ans plus tard, il l’avait de nouveau violée, cette fois en la conduisant de force dans un champ, à l’abri des regards. « Je lui ai dit que je ne voulais pas, mais il était agressif. Il haussait le ton. Il était à la fois méchant et pervers », a témoigné la victime à la barre.

Une jeune majeure aujourd’hui, qui a raconté les difficultés qu’elle a traversées par la suite, après avoir tout révélé, 8 ans plus tard, à une psychologue des services sociaux : « Je n’arrivais pas à me confier à ma mère car elle était très stricte. J’avais peur qu’elle ne me croie pas. J’ai préféré en parler à la psychologue, mais ce n’était pas facile (…) Je ne voulais pas faire de signalement car ça faisait longtemps. Avec le temps, j’ai pu oublier, tourner la page. J’étais un peu fâchée contre la psychologue car je ne voulais pas assister à ce genre de truc, le tribunal et tout. Je voulais juste oublier, tirer un trait et repartir à zéro. Aujourd’hui, je suis déboussolée (…) Ce qu’il a fait a changé ma vie ». 

L’homme a fait une autre victime quelques années plus tard. La fille de sa sœur, âgée de 13 ans. Après lui avoir à elle aussi fait fumer du paka, il l’avait tripotée tout en lui faisant des propositions sexuelles. L’adolescente était parvenue à sortir de ses griffes et s’était confiée peu après à sa mère…qui n’a pas été surprise.

Interrogée comme témoin, ce mardi, cette dernière a en effet dévoilé que l’accusé s’en était pris aussi à elle, à deux reprises, dans leur enfance. Alors qu’elle avait 10 ans, son frère, âgé de 2 ans de plus, s’était couché sur elle et avait tenté de l’embrasser sur la bouche. A 17 ans, il avait de nouveau essayé d’obtenir ses faveurs.

« Il n’arrive pas à distinguer les faits réels de la fiction »

Bien que sa fille ait dénoncé son oncle, la mère n’avait pourtant pas alerté les autorités. Et c’est une nouvelle fois une psychologue des services sociaux, la même qui avait recueilli le témoignage de la première victime, qui avait fait un signalement au procureur de la République.

Pressé de questions par les juges et les avocats à l’audience, l’accusé s’est, lui, perdu dans ses réponses, confondant les lieux, les dates et les faits. Mais s’il a reconnu avoir eu des pulsions envers la fille de sa sœur et lors du rapport imposé à sa seconde nièce lorsqu’elle avait 10 ans, il a assuré qu’il entretenait une relation amoureuse avec cette dernière quand elle avait 14 ans. Ce que, bien sûr, la jeune fille a fermement démenti.

Selon le psychologue qui s’est entretenu avec le quadragénaire, celui-ci serait atteint d’érotomanie. Il serait persuadé d’entretenir une relation amoureuse avec sa victime. « Pour lui, il n’existe aucune notion d’emprise ou de contrainte puisqu’il est convaincu qu’elle l’aimait (…) Il n’arrive pas à distinguer les faits réels de la fiction (…) Il est tellement certain de cet amour qu’il ne peut pas intégrer le refus qui lui est imposé », a expliqué l’expert.

Cette pathologie était un élément central du dossier pour l’avocate de l’accusé, Me Solenne Rebeyrol : « C’est ce qui rend toute la difficulté de la prévention (…) A un moment, il a eu un fantasme érotique avec des sentiments amoureux et il n’en démord pas. Dans son esprit, c’est une relation amoureuse. Il déformait tous les signes. Il les interprétait comme une acceptation et une volonté d’avoir une relation amoureuse. Lorsqu’on le met face à ses contradictions, il se perd et dit : ‘je ne sais plus’ ».

«  Vous n’avez rien fait de mal. Ne l’oubliez jamais. »

L’experte psychiatre a, elle, conclu à un « diagnostic de pédophilie » et a estimé que l’homme était « dangereux » et le « risque de récidive très élevé ».  

Lors de cette audience, les deux jeunes victimes ont aussi tenu à témoigner du long parcours judiciaire qu’elles avaient dû traverser. Devoir détailler aux enquêteurs de la gendarmerie, au juge d’instruction, puis aux magistrats de la cour criminelle, les moments douloureux et intimes qu’elles avaient vécus, sans forcément le souhaiter.

Le procureur général Thomas Pison s’est alors adressé à l’une d’elles : « Je veux vous dire que je comprends que ce passage devant les juges est compliqué et que cela demande un vrai courage. Vous êtes la victime. Vous n’avez rien fait de mal. Ne l’oubliez jamais. C’est pourquoi je ne vous poserai aucune question supplémentaire ». « Merci », lui a sobrement répondu la jeune femme.

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