Ice : « le problème est pris très au sérieux » assure le Procureur

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Au tribunal de Papeete, les affaires d'ice ne cessent d'être examinées. La dernière en date : une saisie de 5.5kg d'ice à l'aéroport de Tahiti Faa'a. Pour en parler, le procureur Hervé Leroy était l'invité de notre journal :

Publié le 23/09/2019 à 14:05 - Mise à jour le 24/09/2019 à 8:50

Au tribunal de Papeete, les affaires d'ice ne cessent d'être examinées. La dernière en date : une saisie de 5.5kg d'ice à l'aéroport de Tahiti Faa'a. Pour en parler, le procureur Hervé Leroy était l'invité de notre journal :

On l’a vu, malgré la répression, l’importation d’ice ne semble pas faiblir…
« La saisie que vous venez d’évoquer illustre une fois de plus la mobilisation totale des services enquêteurs : douanes, gendarmerie et police, pour lutter contre le trafic illicite de stupéfiants et en particulier de l’ice. Après, il faut bien convenir que les trafiquants font de plus en plus preuve d’ingéniosité et n’hésitent pas, malgré les peines encourues, à braver l’interdit pour importer sur le territoire polynésien, de l’ice. »

Justement, ces derniers temps, il ne se passe pas une semaine sans qu’une affaire d’ice soit évoquée au tribunal. C’est symptomatique du problème ?
« Oui mais encore une fois je le dis, ça illustre, ça traduit la priorité dans la politique du Parquet qui est définie et qui consiste à indiquer, à dire « il faut lutter sans relâche contre le trafic illicite de stupéfiants et les services enquêteurs bien évidemment sont mobilisés au quotidien pour recueillir renseignements, et appréhender les auteurs de ces trafics. »

L’ice est la drogue de synthèse la plus importée en Polynésie française tout comme à l’étranger. Comment se fait il que l’ice connaisse une ampleur pareille ici ?
« Parce qu’on n’est pas très loin à vol d’avion si je peux dire, des Etats-Unis. Et on sait très bien que c’est à Los Angeles notamment que cette drogue est commercialisée. Elle provient du Mexique. C’est pour cela que les trafiquants se rendent aux Etats-Unis pour importer cet ice. »

Les décideurs publics ont ils selon vous pris suffisamment la mesure de la situation aujourd’hui ?
« Oui, l’Etat et la justice sont mobilisés. Mais il est parfaitement évident maintenant, tout le monde l’a compris, que c’est l’affaire de tous. Le Pays se mobilise. C’est une priorité qui a été actée dans le plan de prévention élaboré par le Conseil territorial de prévention de la délinquance. Et puis il suffit d’écouter les conversations pour constater que les associations, les Eglises et toutes les autres institutions participent et font en sorte que cette question qui est vraiment un enjeu sociétal majeur soit posée et soit partagée par tous… »

Est-ce que ces messages à répétition suffisent ?
« Ils ne suffisent pas mais il est bon de les rappeler, de marteler. Il faut être optimiste. Il ne faut pas sombrer dans le pessimisme et pour ma part, je suis persuadé qu’on arrivera pas à bout de ce problème ou en tout cas à le juguler dans des limites raisonnables. »

Vous parlez de problème. C’est un réel problème de santé publique aujourd’hui ce fléau de l’ice ?
« Oui parce qu’on constate malheureusement que ça touche toutes les couches de la population. Ça ne concerne pas uniquement des personnes aisées. Loin s’en faut. On a aussi des personnes désargentées et sans domicile fixe qui sont interpellées sur la voie publique par exemple pour des vols à la roulotte et qui indiquent aux services de police « oui j’ai commis ces faits pour pouvoir financer ma toxicomanie. »

La multiplication de ces affaires fait que les forces de l’ordre y consacrent beaucoup, beaucoup de temps. Les enquêteurs ont par conséquent moins de temps pour s’occuper d’autres délits. Cela pose-t-il problème ?
« Tous les services enquêteurs sont mobilisés contre ce fléau mais bien évidemment ils ne négligent pas pour autant les autres infractions, les autres contentieux. »

Mais ils y consacrent tout de même un peu plus de temps comparé à d’autres délits ?
« Il est certain que ça mobilise une énergie assez conséquente des services de police, de gendarmerie et des douanes. »

Et au vu de cette situation, certaines voix au Palais de justice réclament une antenne de l’office anti-stupéfiants, qu’elle soit implantée en Polynésie. Est-ce que vous le souhaiteriez vous aussi ?
« Moi bien évidemment mais c’est une compétence qui revient aux instances parisiennes et en premier lieu au ministre de l’Intérieur. »

La plupart des importations d’ice sont faites des Etats-Unis, du Canada. Est-ce que vous travaillez en relation avec ces autorités américaines ?
« Les services ici de police, de gendarmerie encore une fois, et des douanes, ont multiplié les échanges et ont accéléré la coopération avec nos voisins du Pacifique. Les Américains, les Australiens, les Neo-zélandais et même les Canadiens. »

Êtes vous optimistes pour l’avenir ? La Polynésie parviendra-t-elle un jour à endiguer la circulation de cette drogue ?
« Il faut toujours être optimistes et moi je crois encore une fois que ce problème est pris très au sérieux par tout le monde et il n’y a aucune raison qu’on n’arrive pas à juguler ce fléau. De toute façon c’est l’avenir du fenua qui est en jeu. Tout le monde l’a bien compris. »

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