Les faits s’étaient déroulés le 30 janvier 2022. Au lendemain de l’anniversaire des 20 ans de sa compagne, à l’occasion duquel la consommation d’ice était de mise, Jean décide de faire un coup : vendre 3 grammes d’acide citrique, un produit qu’il utilise « pour nettoyer la cuisine » et qui ressemble selon lui à de la méthamphétamine.
Il en parle à un copain présent qui n’hésite pas à appeler certaines de ses connaissances pour leur proposer la pseudo drogue. De fil en aiguille, un groupe d’investisseurs se constitue, des hommes et des femmes, la plupart insérés dans la vie active. Ils récupèrent la marchandise contre 500 000 Fcfp. Mais après l’avoir testée, ils comprennent qu’ils se sont fait avoir.
En début d’après-midi, ils parviennent à localiser l’appartement de la compagne de Jean et s’y rendent. Ces derniers ne sont pas là mais le copain de Jean s’y trouve. Ils mettent alors les lieux à sac et emportent ce qui a de la valeur, dont l’ordinateur de la conjointe de Jean qui prépare son Bac pour la deuxième fois. C’est à ce moment-là qu’elle arrive, seule.
Les acheteurs arnaqués demandent où se trouve son conjoint et réclament leur argent. Ils quittent l’appartement avec leur butin. Paniquée, la jeune femme les suit pour rester avec son ordinateur qui contient ses cours mais aussi « pour essayer de calmer les choses ». Ses « ravisseurs » l’embarquent dans une voiture, l’un a un katana, un sabre japonais. Puis ils parviennent à joindre Jean et lui réclament le remboursement de la somme investie, contre la jeune femme : « si tu n’amènes pas 500 000 Fcfp, tu ne reverras jamais ta copine », lance l’un d’eux au téléphone, devant la victime.
Affolé, le jeune homme contacte immédiatement la DTPN en livrant l’identité de ses acheteurs. Les policiers parviennent, dans la foulée, à les contacter par téléphone et les contraignent à se rendre. La jeune femme est libérée après 4 heures d’angoisse.
« Elle était libre de ses mouvements »
A la barre ce mardi, la question centrale tournait autour de « l’enlèvement » et de la « séquestration » de la compagne. Pour les avocats de la défense, ces accusations sont infondées, la jeune femme étant montée de son plein gré dans le véhicule de ses ravisseurs et n’ayant pas été maltraitée.
« Elle n’a pas été privée de liberté. Elle était libre de ses mouvements. Elle était tétanisée mais ce n’était pas imputable aux autres. Il n’y a pas eu le moindre geste à son égard », a indiqué en marge de l’audience Me Marie Efftimie-Spitz, l’avocate d’un prévenu.
Interrogée, la jeune femme a, elle, témoigné avoir très mal vécu les choses. « Ça m’a traumatisé cette histoire. Toute ma vie je me souviendrai de ce qu’il s’est passé », a déclaré à la barre celle qui a désormais le Bac et qui poursuit ses études.
In fine, le tribunal a considéré que la séquestration était bien constituée. Il a condamné les 6 ravisseurs à des peines allant de 6 mois de prison avec sursis à un an ferme, soit un peu moins que ce que réclamait le procureur dans ses réquisitions. Ils devront également verser 200 000 Fcfp de dommages et intérêts à leur victime.
Quant à Jean et son copain, déjà condamnés dans des affaires de stupéfiants, ils ont écopé de 10 mois avec sursis pour l’acquisition de l’ice consommée lors de la soirée d’anniversaire.