Deux trafiquants amateurs en prison et leur complice malgré lui, sous bracelet

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Jeudi après-midi s'est tenu, en audience de comparution immédiate, le procès des trois individus interpellés le 3 décembre 2021 à l'aéroport de Tahiti Faaa en possession de 443 grammes d'Ice.

Publié le 28/01/2022 à 10:39 - Mise à jour le 28/01/2022 à 10:40

Jeudi après-midi s'est tenu, en audience de comparution immédiate, le procès des trois individus interpellés le 3 décembre 2021 à l'aéroport de Tahiti Faaa en possession de 443 grammes d'Ice.

Le 3 décembre dernier, lors du contrôle des bagages des passagers d’un vol en provenance des Etats-Unis, les douaniers sont interpellés par le contenu d’un sac passé aux rayons X. Le bagage contient cinq emballages particulièrement denses. Il s’agit de sachets contenant de la graisse qui sont recouverts d’autres sachets qui eux contiennent des cristaux qui, après analyse, s’avèrent être de la métamphétamine.
Le propriétaire du sac est interpellé, mais une deuxième personne qui a pris le même vol se présente aux douaniers en affirmant que le contenu de sac lui appartient. Les deux hommes sont immédiatement placés en garde à vue. Le lendemain, un troisième individu est interpellé car décrit par les deux premiers comme leur complice.

Un voyage pour faire du shopping

C’est le jour du procès que les rôles de chacun s’éclaircissent. Le fameux complice que nous appellerons « Mariano » avait en fait projeté de se rendre aux Etats-Unis pour profiter du « Black Friday » et faire du shopping. Un collègue de travail que nous nommerons « Aster » lui a demandé s’il pouvait l’accompagner.
À une semaine du départ, une troisième personne s’est greffée à l’escapade, « Thierry » le voisin d’Aster. Mariano avait déjà payé son logement et un véhicule de location pour faire son shopping et a accepté un peu à contre-coeur dira-t-il aux enquêteurs, d’héberger et transporter une personne supplémentaire.

Les choses se gâtent lorsqu’Aster dit a Mariano qu’il voudrait ramener de l’ice. Mariano est furieux et le dissuade de « faire ce genre de connerie ». Aster convint son collègue de travail qu’il ne le fera pas, mais c’est sans lui dire que c’est exactement dans ce but qu’il a « recruté » son voisin.

Les deux hommes ne connaissent pas grand-chose au trafic d’ice. Ils n’en consomment même pas, mais ils savent que ça rapporte beaucoup d’argent. Durant le procès, la juge leur rappellera que ça apporte surtout de gros ennuis judiciaires.

Des trafiquants amateurs

Une fois aux Etats-Unis, les trois hommes font principalement du shopping et se détendent. Un jour alors que Mariano s’arrête à une station-service pour faire le plein, Aster remarque un homme « typé mexicain » et s’empresse d’aller le voir pour lui demander s’il vend de l’ice. Ne sachant pas parler anglais il utilise google traduction sur son téléphone portable.

Aster va voir Mariano pour lui demander s’il peut ramener le « mexicain » chez lui. Mariano se fâche en se rendant compte que son ami a toujours pour projet de ramener de l’ice en Polynésie. Il lui répète qu’il ne faut pas le faire. Les deux hommes se mettent d’accord, mais Mariano décide tout même de ramener le mexicain chez lui. Une fois à destination, Aster continu de discuter avec le mexicain et ramène une dose d’Ice à Mariano qui se met en colère. Mais, consommateur occasionnel de stupéfiant, il prend quand même la dose.
Dans le rapport d’enquête, il est écrit que Mariano a goûté l’ice pour certifier que ç’en était bien. Face aux juges, il explique qu’il a fumé la dose pour se calmer car il était très en colère. Ce que Mariano ignorait surtout c’est que ses deux compagnons venaient d’acheter une once d’ice auprès du mexicain, soit les 443 grammes saisis à leur descente d’avion.

Des peines exemplaires

Le service des douanes a demandé à la cour de condamner les trois hommes à payer une amende douanière de 132 900 000 Fcfp. Soit les 443 grammes d’ice importés multipliés par le prix de vente sur le fenua estimé à 300 000 Fcfp le gramme. Le procureur a requis 4 années de prison ferme à l’encontre de celui qui acheté la drogue et 3 années de prison à l’encontre de celui qui l’a transportée ainsi que celui qui est décrit comme leur complice.
Durant leur plaidoiries, les avocats des prévenus ont qualifié les peines requises de « peines de mort administratives ». Malgré le sérieux et la rigueur de sa plaidoirie, l’avocat de Mariano avait réussi à faire rire la cour lorsqu’il a déclaré que son client ne pouvait pas se débarrasser de ses deux comparses qui étaient collés à lui « comme des hémorroïdes ».
Les avocats de la défense se sont surtout efforcé de démontrer que les trois hommes ne se sont pas entendu pour commettre le méfait pour lequel ils sont jugés. Dans son délibéré la cour a tenu compte des arguments de la défense. Les trois hommes ont été relaxés du chef d’association de malfaiteurs. L’homme à l’origine de l’achat et de l’importation d’ice a été condamné à 3 ans de prison dont 1 avec sursis. Celui qui a transporté la drogue a été condamné à 18 mois de prison ferme. Les deux hommes ont été maintenus en détention. Quant à leur complice, la cour l’a condamné à 1 année de prison aménageable avec un bracelet électronique. Les trois hommes devront payer solidairement une amende douanière de 44 300 000 Fcfp. La solidarité de celui qui est décrit comme complice a été plafonnée à 1 million.

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