Il s’est mis à dos l’ensemble des avocats de Polynésie dont aucun ne souhaite assurer sa défense. A l’origine du litige : le fait que la maison du plaignant ait été saisie en raison de dettes impayées. L’intéressé s’était alors tourné vers un membre du barreau de Papeete pour prendre en charge son dossier. Mais les relations entre le client et l’homme de loi se sont rapidement détériorées.
« A partir de là, il a considéré que tous les avocats étaient contre lui. A chaque fois que l’un d’eux a été désigné au titre de l’aide juridictionnelle, il est devenu une cible. Il s’en est également pris aux bâtonniers successifs qu’ils considèrent complices du reste du barreau », explique l’actuel bâtonnier, Me Dominique Bourion.
« Il a épuisé plus de 80 membres du barreau (…) cela fait des années que cela dure », a soufflé celui-ci, mardi, devant les magistrats du tribunal. Le Conseil de l’ordre a même pris « une décision rare » en refusant désormais qu’un avocat soit désigné pour assurer la défense de l’intéressé.
Celui-ci s’en serait d’ailleurs pris physiquement à l’une des robes noires et lui aurait « craché au visage ». Ne trouvant plus personne pour le défendre, l’homme s’est tourné vers le barreau de Nouvelle-Calédonie, mais sans succès.
À la barre, mardi, il s’est dit victime de « discrimination » avant de citer un article la Convention européenne de droits de l’homme relatif à « la violation des droits de la défense ». Il a réclamé, au titre des dommages et intérêts, la coquette somme de 203 millions de francs.
Le conseil de l’avocat mis en cause a, lui, vigoureusement contesté l’ensemble des accusations portées contre son client et confrère. « En 22 ans de carrière, je n’ai jamais vu un justiciable de cette nature (…) Il vous demande 203 millions de francs pour des accusations qui sont de l’ordre de l’imaginaire », a plaidé Me Smaïn Bennouar qui a sollicité un « dédommagement » pour son client.
La représentante du parquet n’a pas pris de position, laissant le tribunal trancher le litige. Il rendra sa décision mardi prochain.