9 personnes jugées pour braconnage de tortue

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Ce jeudi, s'est tenu au tribunal de Papeete le procès de 9 habitants de Nukutavake poursuivis pour braconnage de viande de tortue. Le représentant de la Polynésie française a demandé leur condamnation à une amende de 296 millions de Fcfp. Ces 9 personnes, dont le maire de l'atoll, avaient pêché deux tortues vertes, et la viande avait été partagée avec tous les habitants.

Publié le 21/04/2022 à 21:08 - Mise à jour le 21/04/2022 à 21:14

Ce jeudi, s'est tenu au tribunal de Papeete le procès de 9 habitants de Nukutavake poursuivis pour braconnage de viande de tortue. Le représentant de la Polynésie française a demandé leur condamnation à une amende de 296 millions de Fcfp. Ces 9 personnes, dont le maire de l'atoll, avaient pêché deux tortues vertes, et la viande avait été partagée avec tous les habitants.

Les faits remontent au 28 octobre 2018 : une habitante de Nukutavake appelle la gendarmerie pour signaler la capture de trois tortues de mer par une groupe de personnes afin de les manger. Dépêchés sur place, les militaires constatent la présence de deux carcasses de tortues dépecées et une troisième tortue toujours vivante. Cette dernière a été remise en liberté.

Après plusieurs auditions, neuf personnes sont poursuivies pour détention et transport de viande d’animal protégé. Conformément au code de l’environnement, les neuf prévenus encouraient chacun deux ans de prison, une amende de 17,6 millions de Fcfp et la confiscation des véhicules et équipements ayant servi à commettre l’infraction.

« Ils vont pêcher de la tortue et la consommer pour avoir un apport en viande »

maître Teremoana Hellec, avocat des prévenus

Sur les neuf prévenus, sept se sont présentés au tribunal de Papeete ce jeudi, dont l’actuel maire de Nukutavake qui ne l’était pas au moment des faits. Ils ont été défendus par des avocats commis d’office. Face aux juges, ils ont tous reconnu les faits et ont expliqué qu’ils ne mangeaient de la viande de tortue que pour se nourrir, et ce, de manière occasionnelle.

« Ils sont sur une petite île qui est mal desservie, où quand vous voulez avoir de la viande, il faut aller au magasin. L’île n’est pas tout le temps approvisionnée, et la viande est à un prix qui est trois à quatre fois supérieur à Tahiti. Sachant que eux, gagnent moins de 60 000 Fcfp par mois, et un de mes clients gagne 8 000 Fcfp par mois. Donc lorsqu’ils tombent sur une tortue, bien évidemment, ils vont la pêcher et la consommer pour avoir un apport en viande. Tout simplement » a indiqué maître Teremoana Hellec.

Le procureur de la République a été sensible aux explications des prévenus, mais a rappelé que la loi interdit formellement de pêcher de la tortue. Il a requis des peines de trois à six mois de prison avec sursis et n’a pas demandé la confiscation des équipements qui ont servi à commettre le délit. Il a indiqué au juge que les prévenus avaient déjà été sanctionnés une première fois en étant obligés de payer leur billet d’avion pour assister à l’audience.

Le représentant de la Polynésie a quant à lui demandé la condamnation solidaire des neuf prévenus à une amende de 296 millions de Fcfp. Cela correspond au budget consacré par le pays à la préservation des espèces protégées en Polynésie.

Durant leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont rappelé les conditions difficiles dans lesquelles vivent les habitants de certains atolls des Tuamotu comme Nukutavake qui ne dispose pas de lagon. Ils ont notamment rappelé que la confiscation du bateau et du matériel de pêche d’un des prévenus « équivaudrait à le condamner à mort ».

Après en avoir délibéré, le juge a condamné l’ensemble des prévenus à deux mois de prison avec sursis. Ils n’effectueront pas cette peine, mais s’ils recommençaient, ils iraient directement en prison pendant deux mois. Il a également condamné solidairement les prévenus à payer une amende d’un million de Fcfp. Il n’a pas prononcé la confiscation des véhicules et équipements ayant servi à commettre le délit.

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