425 kg de cocaïne sur un voilier : 7 ans de prison et 6,5 milliards d’amende requis contre le skipper

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Une peine de 7 ans d’emprisonnement, ainsi qu’une amende de 6,5 milliards de Fcfp ont été requises, ce jeudi, devant la cour d’appel, à l’encontre d’un skipper suédois de 53 ans. Lors d’une escale à Papeete, en septembre 2022, les douaniers avaient saisi 425 kg de cocaïne à bord du voilier Leana, drogue probablement destinée au marché australien. Le prévenu a affirmé à la barre qu’il ignorait qu’il transportait la marchandise illicite.

Publié le 04/05/2023 à 14:55 - Mise à jour le 04/05/2023 à 16:16

Une peine de 7 ans d’emprisonnement, ainsi qu’une amende de 6,5 milliards de Fcfp ont été requises, ce jeudi, devant la cour d’appel, à l’encontre d’un skipper suédois de 53 ans. Lors d’une escale à Papeete, en septembre 2022, les douaniers avaient saisi 425 kg de cocaïne à bord du voilier Leana, drogue probablement destinée au marché australien. Le prévenu a affirmé à la barre qu’il ignorait qu’il transportait la marchandise illicite.

Chemise et pantalon blancs immaculés, yeux bleus perçants et fines lunettes sur le nez, le quinquagénaire a fière allure…bien qu’il soit encadré de gendarmes, dans le box des prévenus. Comme son matelot, également Suédois, l’homme avait été condamné l’an dernier, en première instance, à 7 ans de prison. Mais il est le seul à avoir fait appel du jugement.

Car lui conteste avoir sciemment convoyé de la cocaïne, du Panama vers l’Australie, destination finale que le voilier n’a jamais atteinte du fait de l’intervention des douaniers à Papeete. Dans deux caches dissimulées dans les cabines du navire, les fonctionnaires avaient mis au jour quelque 425 kg de drogue.

 « Je ne suis pas coupable. Tout est triste dans cette histoire. Des gens sont malhonnêtes et je me retrouve dans cette situation », a déclaré à la barre le skipper, en Anglais et en Suédois, ce qui a nécessité l’intervention d’une traductrice.

Le quinquagénaire a assuré s’être rendu au Panama pour barrer le voilier de riches américains. Mais quelques jours après son arrivée, ses clients auraient décidé de vendre leur bateau, le laissant le bec dans l’eau. Il dit alors avoir croisé dans une marina un autre Suédois, le matelot, qui lui a proposé de convoyer le Leana jusqu’en en Australie. Ledit matelot l’a disculpé lors de ses auditions devant les enquêteurs, affirmant qu’il était le seul à savoir qu’une importante quantité de drogue se trouvait à bord du bateau.

Pour l’accusation, le skipper ne pouvait pourtant ignorer qu’il transportait une cargaison illicite d’une valeur marchande de plusieurs millions de dollars américains. L’avocat général a souligné que le quinquagénaire n’avait jamais livré le nom de ses supposés clients américains alors que cela constituait un élément majeur pour sa défense. Le magistrat a également indiqué que l’AIS du voilier, qui permet sa localisation en temps réel, avait été coupé tout le long du trajet et que le journal de bord n’avait pas été rempli. 

En outre, « les deux caches mangeaient une grande partie du confort des cabines (…) Il ne pouvait que s’apercevoir que les cabines avaient été raccourcies (…) et le dispositif d’ouverture de ces caches se trouvait en plein milieu de l’espace commun. Pour moi, il est bien venu au Panama pour convoyer le navire et les 425 kg de cocaïne », a conclu l’avocat général dans ses réquisitions.

« Aucune preuve tangible »

En défense, l’avocat du skipper, Me Teremoana Hellec, a soutenu que son client avait été condamné en première instance sur la base de simples « suppositions ». « Il n’y a aucune preuve tangible et, dans le doute, on le condamne. Son marin dit qu’il ne savait pas qu’il y avait de la drogue mais ce n’est pas grave, il est coupable quand même ». Et si le prévenu n’a jamais voulu dévoiler le nom de ses mystérieux clients américains, c’est en raison de potentielles conséquences professionnelles, selon son conseil : « s’il le donne, il ne va pas en prison mais il ne pourra plus travailler de sa vie comme skipper. C’est une mort sociale ».

En raison des « doutes » quant à la culpabilité du prévenu, Me Hellec a réclamé sa relaxe, fustigeant au passage le montant de l’amende réclamée par les douanes : « 6,5 milliards de Fcfp. Je ne comprends pas l’intérêt. C’est une somme qui ne sera jamais payée ».

Dernier à prendre la parole, le skipper a réaffirmé qu’il était innocent. « Je n’ai jamais consommé de cocaïne, ni de marijuana. Et je ne bois même pas d’alcool », a-t-il soufflé avant d’être reconduit derrière les barreaux par les gendarmes. La cour d’appel rendra sa décision le 1er juin.

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