C’est les larmes aux yeux que Robert Bernut a quitté ce mardi le palais de justice. À l’issue d’un réquisitoire cinglant de la procureure qui a demandé 2 ans de prison avec sursis et une interdiction de gérance à vie contre celui qui fut le PDG de la SMPP-Sogeba.
Sa faute pour le ministère public ? Ne pas avoir payé ses salariés ni les cotisations dues à la CPS durant de longs mois, alors que l’entreprise se trouvait en période de redressement judiciaire. Et ainsi d’avoir augmenté de plus de 200 millions de Fcfp le passif de la société qui s’élevait déjà à 1,4 milliard en 2013.
À la barre, droit dans ses bottes, Robert Bernut a expliqué que l’entreprise avait périclité suite au chantier du CHPF de Taaone. À cause selon lui d’une facture impayée du Pays de 847 millions de Fcfp. Sans celle-ci, a-t-il assuré, la SMPP-Sogeba n’aurait jamais mis la clé sous la porte. Pour son avocat, rien ne peut lui être pénalement reproché.
« Ce n’est pas un travail clandestin et nous sommes poursuivis pour travail clandestin, indique Me François Quinquis. Ce sont un non-paiement des salaires et un non-paiement des cotisations sociales, ça se sont des infractions autonomes. La relaxe s’impose. Et de la même façon, il m’apparaît que la banqueroute frauduleuse est réservée à des situations très précises, très particulières, et que ces conditions ne sont pas présentement réunies.
Des arguments qui ne passent pas du côté des parties civiles. « Aujourd’hui M. Bernut tente effectivement de trouver un bouc émissaire, mais le seul bouc émissaire c’est lui-même, déclare Me Mourad Mikou, l’avocat du liquidateur judiciaire de la SMPP-Sogeba. C’est lui-même qui a voulu croire dans des victoires judiciaires et toutes les espérances de victoires judiciaires qu’il n’a eu de cesse d’avoir ce sont transformées en défaites judiciaires. C’est ça qui a conduit à la ruine de la SMPP-Sogeba. C’est ça qui a rendu impossible le redressement judiciaire de la SMPP-Sogeba. »
Le tribunal correctionnel se donne le temps de la réflexion. Il rendra son jugement mardi prochain. Mais quel que soit le sort qui sera réservé à Robert Bernut, ce procès marque le dernier acte de la société SMPP-Sogeba, une entreprise fleuron du BTP en Polynésie et qui a employé il y a une quinzaine d’années jusqu’à 400 salariés. Une époque qui se conjugue désormais au passé.