Gilles Tefaatau et Joinville Pomare, qui tenaient les rênes de la station, sont quant à eux suspectés d’avoir perçu d’importantes rémunérations, environ 3 millions Fcfp pour le premier et 27 millions Fcfp pour le second, alors que selon les statuts de la radio communale, ils auraient du avoir une fonction bénévole.
A la barre, les trois hommes ont nié toute manœuvre et ont investi le champ politique. Ils ont ainsi reconnu que Radio Bleue était un outil de l’opposition de l’époque. « On avait un objectif : éliminer Gaston Flosse. Mais comment faire ? On a utilisé la radio », a déclaré Gilles Tefaatau.
Emile Vernaudon a de son côté fait valoir que les délibérations accordant des subventions à la station avaient fait l’objet de contrôles des services de l’Etat.
« Pourquoi le haut-commissaire a visé ? Pourquoi le trésorier payeur général a payé ? Et c’est moi qui écope aujourd’hui. Mais je n’ai pas piqué un franc », a-t-il lâché avant de se dire « pire qu’un indépendantiste » aujourd’hui « après tout ce qu’on -lui- a fait », lui qui a « travaillé pour l’Etat ».
Son avocat, Me Sylvain Fromaigeat a dit, en substance, la même chose. « Le haut-commissaire et le CSA –Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, Ndlr- avaient connaissance de cet état de fait. Mais le haut-commissaire ne s’est jamais opposé au versement des subventions et le CSA a renouvelé la convention qui le liait à Radio Bleue. Ils ont donc considéré que la radio était dans les clous », a indiqué le conseil en marge de l’audience.
L’avocate de la commune de Moorea, Me Myriam Toudji a pour sa part réclamé le remboursement des 95 millions Fcfp de subventions, estimant que ces fonds publics avaient été utilisés « sans rapport avec l’intérêt général communal ».
Un avis partagé par la représentante du parquet. Celle-ci a requis la condamnation des trois prévenus. Contre Emile Vernaudon, elle a réclamé une peine d’un an de prison ferme, une amende de 10 millions Fcfp et cinq années d’inéligibilité.
6 mois ferme, 5 millions d’amende et 5 ans d’interdiction d’exercer une fonction publique ont été requis contre Joinville Pomare. Quant à Gilles Tefaatau, la représentante du ministère public a demandé 4 mois de prison avec sursis, une amende d’un million et pour lui aussi 5 ans d’interdiction d’exercer toute fonction publique. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 28 mars.
L’audience ne se sera pas déroulée sans incident. Clément Pito, un temps proche de Joinville Pomare, a failli en venir aux mains avec ce dernier. Il estime avoir été floué lorsqu’il œuvrait sur les ondes de Radio Bleue et a réclamé au tribunal 3,5 millions Fcfp de dommages et intérêts. « C’est un pique-assiette », a rétorqué, cinglante, la tête couronnée.
Accrochage entre Clément Pito et Joinville Pomare :
Emile Vernaudon :
Me Myriam Toudji, avocate de la commune de Mahina