Triple accident mortel des Marquises : 5 ans ferme pour le chauffeur

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Publié le 24/02/2019 à 16:29 - Mise à jour le 07/06/2019 à 16:35

« Une triste habitude polynésienne. » Cette phrase lâchée par le procureur illustre bien le procès du dramatique accident, qui s’est déroulé ce lundi après-midi au tribunal correctionnel de Papeete.
 
Le 24 novembre 2018 à Nuku Hiva, après une après-midi et une soirée très arrosées, un homme, qui raccompagnait quatre personnes, a perdu le contrôle de son pick-up. Après plusieurs tonneaux et une chute de près de 20 mètres, trois des cinq occupants sont morts, dont une jeune fille mineure. Seuls un jeune homme qui s’était endormi dans la benne et le chauffeur (qui avait attaché sa ceinture) s’en sont sortis indemnes.
 
Pourtant, lorsque ces cinq personnes décident de se rendre à ce barbecue où ils savent qu’ils vont boire, ils décident tous d’un commun accord qu’ils dormiront sur place. Malgré cela, vers 22 heures, l’un des convives insiste pour rentrer.
 
La compagne du prévenu –à qui appartient la voiture– n’est pas d’accord. Lui se laisse convaincre… Elle est en colère et refuse de les accompagner. Ce qui lui sauvera la vie, comme l’a noté le président du tribunal.
 
À la barre, l’auteur des faits, remis de ses blessures, se tient droit, short jaune et T-shirt noir, les cheveux poivre et sel ramenés en chignon. Sa peau est tatouée sur presque tout le corps. Mais face aux juges, ce sculpteur sur bois de profession est peu bavard. Il reconnaît tous les faits et demande pardon aux trois familles endeuillées.
 
Mais quand on lui demande pourquoi il n’a pas refusé de raccompagner les quatre autres personnes après avoir bu « près de trois litres de vin », il ne sait quoi répondre et finit par lâcher « je pensais pouvoir assurer le transport ». Le procureur fustige cette incapacité de dire non, cette habitude polynésienne de chercher le coma éthylique, cette « bêtise »
 
Six heures après les faits, le chauffeur du véhicule accusait encore 0,92 gramme d’alcool par litre de sang. Autres circonstances aggravantes : il n’a pas le permis et l’enquête a montré qu’il conduisait à une vitesse excessive. De plus, il se trouvait en état de récidive légale en étant sous le coup d’un sursis révocable après une condamnation en 2007 pour agression sexuelle sur sa fille.
 
Un amoncellement de charges qui a conduit le procureur à demander huit années de prison dont deux avec sursis. Le tribunal le condamnera finalement à sept années, dont deux avec sursis, avec un maintien en détention. Une condamnation assortie d’une obligation de soin par rapport à son alcoolémie et d’une obligation d’indemniser les victimes. Il lui est interdit en outre de conduire tout véhicule (y compris ceux sans permis) pendant cinq ans.
 

Bertrand Parent

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