Fait peu habituel, le procureur n’a pas pris de réquisitions à l’issue de sa prise de parole, laissant au tribunal le soin d’apprécier la culpabilité ou non des deux prévenus.
D’août 2010 à avril 2013, Joseph Kaiha avait bénéficié d’une dispense d’enseignement, via un courrier du ministre de l’Education de l’époque, pour se consacrer à une mission de collecte des récits et légendes marquisiennes. Le courrier du ministre précisait toutefois qu’il devait rendre régulièrement des rapports sur l’avancé de ses recherches. Ce qu’il n’avait jamais fait.
« Il a sans doute échoué à rendre un travail écrit mais l’on ne peut pas lui reprocher une collusion avec Monsieur Greig pour bénéficier d’un emploi fictif (…) Monsieur Kaiha est un homme de culture. Il était l’homme idoine, celui qui allait permettre à cette mission d’aboutir « , a plaidé son avocat Me Mickael Fidele tout en demandant la relaxe.
Et l’avocat a trouvé un soutien inhabituel en la personne du représentant du ministère public. « On peut certainement lui reprocher de n’avoir pas produit un produit fini au sens où l’entend l’administration farani (…) Le rapport n’existe pas mais il a contribué aux recherches sur la culture marquisienne (…) Entre ses fonctions de maire et de chercheur, il y a peut être eu un chevauchement. Il a peut être été un peu dépassé par ses missions « , a dit le magistrat.
Il ne s’est pas montré plus virulent à l’égard de Moana Greig, candidat aux législatives pour le Tahoera’a , estimant que la signature de ce courrier pourrait résulter « d’une mauvaise appréciation du périmètre dans lequel s’organisent tous les services de Polynésie dans le cadre de l’autonomie« .
Une situation qui a fait sourire l’avocat de Moana Greig, Me François Quinquis, dont les propos concernant la défense de Gaston Flosse ont récemment été critiqués par le procureur général.
« Je ne m’attendais pas à avoir autant de points convergents avec le représentant du ministère public », s’est il amusé.
Le tribunal rendra son jugement le 27 avril prochain.