La « paka connection » devant le tribunal

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Publié le 10/04/2017 à 14:55 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:19

Sur les 20 prévenus convoqués, cinq manquaient à l’appel dont celui qui est considéré comme le patron du réseau. Les premiers prévenus entendus à la barre ont presque systématiquement nié les faits qui leur sont reprochés ou les ont minimisés. Certains prétendant ne plus se souvenir de ce qu’ils ont dit ou fait car l’enquête date d’il y a plus de six ans.

Flash back. En 2011, lors d’un banal contrôle de routine à Faa’a, les forces de l’ordre interpelle un dealer. Celui-ci lors de sa garde à vue parle et balance. Partant de ses renseignements, des investigations sont lancées et la gendarmerie met à jour un vaste trafic ayant comme point de départ la Presqu’île de Tahiti et ayant des ramifications jusqu’au îles-Sous-Le-Vent. De ces deux points provenaient en gros le cannabis, qui étaient ensuite dispatché entre les dealers, qui se chargeaient de la revente.

Mais comme tout procès mettant en cause dealers et producteurs, chacun se rejette la faute et les témoignages varient d’un jour à l’autre. Difficile d’en démêler l’écheveau. D’autant, que pendant les suspensions d’audience certains prévenus ont commencé à s’invectiver et l’un d’eux confiait qu’il avait subi des pressions avant le procès et qu’il fallait qu’il se taise.

Me Myriam Toudji avocate d’un prévenu précise: « On a du mal à s’y retrouver. C’est le lot commun de toutes les affaires de stupéfiants. D’autant que cette affaire, couvre des faits qui se sont passés de 2012 à 2014, et que nous sommes en 2017. Mais en général, les affaires de stupéfiants s’assimile à un grand jeu de poker menteur où tout le monde rejette la responsabilité sur le voisin ».

Evoquant la situation économique du Pays et la précarité qui touche de nombreuses familles, Me John Tefan qui représente plusieurs prévenus estime que, l’attrait de l’argent vite gagné sans trop d’effort est trop tentant pour certaines familles. « Il est clair que c’est plus facile que d’aller travailler. C’est facile de planter et d’aller vendre la boite de paka à 5 000 fcfp ou des stick à 1 000 Fcfp ».

Le profil type de ces vendeurs, il n’y en a pas vraiment. Cela pourrait être votre voisin, le fils de celui-ci, ou quelqu’un de la famille. « Entre 20 et 40 ans, au chômage, ou travaillant au noir, et déscolarisés pour les plus jeunes. Certains ont des enfants à charge, et font cela pour subvenir à leurs besoins. »

Selon Me Tefan, deux choses font que beaucoup se lancent dans ce trafic juteux. L’argent vite et facilement gagné, et la politique pénale en matière de stupéfiants, qui selon lui, serait « laxiste ». « Pas seulement en Polynésie, en métropole aussi. Les peines sont pour la plupart des amendes ou de la prison avec sursis. Cela peut encourager les gens à se lancer dans le trafic ».

Jeudi les verdicts devraient tomber, quant à savoir si ils serviront d’exemple… 
 

Rédaction Web avec Sam Teinaore

 

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