Ce mardi, à la barre du tribunal, l’avocat parisien de l’OPT, Sylvain Justier et Jean-François Martin, PDG de l’OPT ont tenté de désamorcer une affaire qui, selon eux, ne contient « aucun élément technique précis » et qui a été mené par un agent de la DGAE «partial » car membre, à l’époque des faits, du CA de l’OPT en tant que commissaire du gouvernement de l’office.
Le tribunal a longtemps détaillé l’enquête et tenté d’avoir des réponses de Jean-François Martin, notamment sur l’absence d’étude de marché préalable avant de commercialiser des offres de haut débit que les techniciens de l’OPT savaient impossible à tenir. Le PDG de l’OPT, qui n’était pas en poste au moment des faits s’est réfugié derrière des « décisions à caractère politique imposées à l’OPT ». Pour son avocat, la qualification même de tromperie ne peut pas s’appliquer car dans les conditions générales des contrats il était indiqué que ces débits (1 ou 2 mégas selon les forfaits) n’étaient pas garantis. Il a également expliqué qu’une tromperie doit avoir un but financier, ce qui n’était pas le cas : selon l’OPT la fourniture d’Internet dans les îles éloignées ne rapporte pas d’argent mais lui en coûte.
Du côté des quinze parties civiles, pour la plupart des professionnels de l’hôtellerie : silence ! Aucun n’était présent ou représenté au procès. Certaines ont demandé des dommages et intérêts pour un montant total de près de 750 000 Fcfp.
Le président du tribunal a quand même pointé toutes les preuves et témoignages apportés par l’enquêteur de la DGAE, s’étonnant à plusieurs reprises de la légèreté avec laquelle toutes ces offres avaient été commercialisées. « Les gens payaient 6 000 à 10 000 F par mois pour rien !» s’est insurgée à un moment la procureure. « Non ils payaient pour mieux » lui a répondu Me Justier assurant que le débit promis était régulièrement assuré… Selon lui, l’OPT a tenté d’accomplir une mission de service public « sans y être légalement tenu ».
Pour la procureure, cette affaire cristallise la fracture numérique et l’enquête « extrêmement nourrie de la DGAE » montre, si ce n’est une volonté de tromperie, « un certain amateurisme ». Elle demande au tribunal de condamner l’OPT et Vini à 2 millions de francs d’amende (loin de la peine maximum qui est de 22,3 millions). Mais si, « par extraordinaire ! », le tribunal décidait de requalifier les faits en publicité mensongère, elle demande alors une amende de 800 000 F.
La décision sera rendue le 18 septembre.