Emplois fictifs : Gaston Tong Sang plaide un contexte politique « difficile »

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Publié le 13/12/2017 à 15:07 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:18

Le gouvernement Tong Sang a-t-il offert du travail à des personnes non qualifiées en contrepartie de leurs soutiens politiques ? Les faits remontent à 2008.

Le président Tong Sang, tout juste élu, ne dispose que d’une majorité fragile de 29 élus. Pour la conserver, il aurait confié le ministère de l’agriculture à Fernand Roomataaroa. Un portefeuille qui appartenait à Haamoetini Lagarde et qui aurait accepté de quitter le gouvernement à condition que ses 14 collaborateurs soient maintenus. Ces derniers avaient été embauchés au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports et au sein du ministère de l’Agriculture. Par cette opération, le nombre des membres de son cabinet avait doublé.

En première instance, l’ex-président du Pays et actuel maire de Bora Bora a été condamné à un an de prison avec sursis et deux millions de francs d’amende. Fernand Roomataaroa a lui écopé d’une peine de prison de huit mois et d’un million de francs d’amende. Clarenntz Vernaudon, ancien ministre des Sports, s’est vu condamner à six mois de prison avec sursis et 500 000 francs d’amende.

Le procès en appel de cette faire s’est tenu ce jeudi.

Au cours de l’audience, les différentes parties se sont entendues sur l’origine très politique de ces embauches.

A la barre, Gaston Tong Sang a indiqué :

« Il faut se replacer dans le contexte, on sortait d’une élection difficile. »

Avant d’ajouter :

« Je n’avais qu’un objectif : accomplir le programme pour lequel on avait été élu.»

C’est sur la qualification d’emplois fictifs que repose l’objet de la discorde. Pour la défense, les personnes embauchées accomplissaient bel et bien une mission pour le Pays. Chacun avait un contrat de travail. Chacun avait un bureau. Il s’agissait donc tout bonnement d’un sureffectif. Ce qui n’est pas répréhensible par la loi. L’un des avocats de la défense s’est amusé à calculer le coût d’un nouveau renversement politique, chiffré selon lui à plusieurs centaines de millions de francs. Selon son analyse, la Polynésie aurait économisé de l’argent.

L’avocat du Pays, en revanche, considère que ces personnes, toutes des militantes politiques, n’avaient pas les compétences propres à exercer les fonctions pour lesquelles elles avaient été embauchées. Selon lui, des témoignages confirment la fonction « uniquement décorative » de ces personnes au sein des deux ministères, certaines d’entre elles ne traitant « qu’un à deux dossiers par mois ».

L’avocat général rejoint cette vision. Il veut pour exemple une couturière à son compte qui, après avoir milité pour l’élection de Gaston Tong Sang, se serait vu attribuer un poste de chef de cabinet ministériel… rémunéré 720.000 francs par mois.

Il a requis la confirmation des peines. Le délibéré sera rendu le 8 mars prochain.
 

Rédaction web avec Tamara Sentis et Brandy Tevero

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