Corruption présumée : Bill Ravel et Cyril Legayic renvoyés devant le tribunal

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Publié le 16/01/2018 à 11:37 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:18

Après neuf ans d’enquête, le dossier est clos. Le juge d’instruction en charge de l’affaire « Ravel/ Legayic », Thierry Fragnoli, a rendu, ce mercredi, son ordonnance de renvoi.

Le magistrat a décidé que Gaspard « Bill » Ravel, et quatre de ses salariés, dont son homme de Confiance Gaston Tetuanui, mais aussi le sulfureux syndicaliste Cyril Legayic, soient renvoyés devant le tribunal.

Dans un premier pan du dossier, le leader de la CSIP est accusé d’avoir empoché 13,3 millions de francs de l’homme d’affaires entre mars 2008 et janvier 2012. Une première remise en espèces d’un million de francs suivi de virements réguliers chaque mois.

En garde à vue, Gaston Tetuanui avait expliqué que ce premier million de francs avait permis « l’interruption du mouvement de grève de certains employés portuaires qui bloquaient les liaisons du navire Maohi ». Un bateau appartenant à Bill Ravel et alimentant la Polynésie en hydrocarbures. 

Entendu à son tour, Bill Ravel indiquait qu’il avait envoyé son homme de confiance à la rencontre de Cyril Legayic, alors que le mouvement social battait son plein, et que ce dernier avait réclamé « un million de francs en contrepartie ». Ce que l’homme d’affaires avait qualifié de « racket ».

Dans son ordonnance, le juge d’instruction estime d’ailleurs que le syndicaliste a « normalisé un système de corruption sous la menace de fomenter des mouvements sociaux, prenant ainsi en otage toute une activité économique vitale » pour la Polynésie. Un « chantage économique ».

Le magistrat demande donc le renvoi de l’intéressé du chef de corruption passive, et de corruption active concernant Bill Ravel et 4 de ses salariés.

Détournements de fonds présumés à la CSIP

Dans un second pan du dossier, Cyril Legayic est également suspecté de détournement de fonds au préjudice de son propre syndicat. Entre 2007 et 2011, il aurait encaissé sur son compte personnel des chèques émanant de particuliers ou de sociétés, versés à la CSIP.

En garde à vue, l’intéressé expliquait « que, parfois, les gratifications obtenues allaient, soit sur le compte du syndicat, soit sur son compte personnel, en faisant la distinction entre la qualité d’adhérent du syndicat de la personne qui s’adressait à lui, ou bien la qualité de simple salarié, non-adhèrent, auquel cas il considérait qu’il pouvait encaisser les fonds (…) en remerciement de son action ».

Cyril Legayic est également soupçonné d’avoir utilisé le chéquier de son syndicat pour effectuer des dépenses personnelles, des achats dans divers commerces ou encore le paiement de l’assurance du véhicule de sa fille.

« Il existe des éléments à charge », écrit le juge d’instruction, « permettant de penser que ( …) sous couvert de fonctions éminemment respectables », Cyril Legayic « a abusé de ses fonctions à son profit personnel sans que cela ne paraisse d’ailleurs faire naître chez lui un quelconque sentiment de regret ».

Non-lieux et disjonction

Si Thierry Fragnoli ordonne plusieurs renvois, il prononce également des non-lieux, notamment au bénéfice du patron du groupe Carrefour, Louis Wane, qui était inquiété dans le dossier. L’homme d’affaires avait remis deux chèques à Cyril Legayic, un prêt, selon les deux hommes, au sujet duquel la justice n’a rien trouvé à redire.

Enfin, le juge d’instruction a également prononcé la disjonction de certains pans de l’affaire et la poursuite des investigations les concernant. Des enquêtes qui portent « sur les faits ayant donné lieu à d’autres versements en espèces à des fonctionnaires, ou hommes politiques, pour leurs interventions au soutien d’opérations intéressant la société Petrocean -de Bill Ravel, Ndlr-, et notamment relatif à la convention de la concession passée » entre cette société et le Pays. Des « faits reprochés notamment » à Gaston Tetuanui, Bill Ravel, Jean-Christophe Bouissou ou encore à l’ex ministre James Salmon.
 

J-B. C.

 

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