Assises : drame conjugal à Fangatau

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Publié le 17/09/2017 à 16:07 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:19

Jean-Jacques Mara reconnait avoir frappé sa femme, il reconnait également que ses coups ont entraîné sa mort. Mais il justifie son geste par l’attitude de son épouse. Dans l’après-midi de ce fameux 27 avril 2014, le couple buvait du komo avec des amis lorsqu’elle s’énerve après sa nièce avant de reporter sa colère sur son mari.
« Elle se bat avec sa nièce et va ensuite voir son mari pour lui dire « tu as vu ce qu’à dit ma nièce ? ». Lui lui répond « on verra ça plus tard. On n’est pas chez nous ». Comme il ne la suit pas, c’est elle qui donne un coup de poing à son époux. Lui réplique et lui donne une gifle. Là, elle ne s’arrête pas, va chavirer la table où il y a les verres de tous les invités, prendre l’igloo de Komo, le renverse, jette tout ça par terre. Pour le mari c’est l’humiliation (…) C’est la grande colère. C’est là qu’il ne s’est pas maîtrisé : coups de pied, coups de poing… » raconte Me Théodore Ceran-Jérusalemy, avocat de l’accusé. 

C’est à ce moment précis qu’un œdème se forme dans la boîte crânienne de la victime. Le couple finit par se réconcilier et va boire de l’alcool chez d’autres amis. Mais la fête tourne court lorsque Jean-Jacques et Véronica se disputent à nouveau. D’autres coups sont échangés jusqu’à une nouvelle réconciliation. Une fois rentrés à leur foyer, une troisième dispute éclate et la victime est poussée à terre. Elle s’endort sur le sol et ne réveillera plus jamais. Pour l’avocat de la famille de Veronica le plus regrettable, c’est la passivité des personnes qui ont assisté aux disputes.
« Je constate malheureusement une fois de plus qu’on a un accusé qui banalise la situation et cherche à essayer d’expliquer. Le pire c’est qu’il semble honnête quand il le dit, que c’est sa femme qui l’aurait provoqué. On en est encore là en Polynésie, à taper sur des femmes pour des raisons futiles. Et ça finit par des décès tragiques. (…) Il faut rappeler que Fangatau c’est un atoll qui a environ 150 habitants. Il doit y avoir environ 100 adultes, et une des activités principales le week-end c’est de boire un peu de komo avec ses voisins, ses amis. Ça, on ne peut pas trop le reprocher. Mais malheureusement quand ça déborde en dispute, que personne ne réagit vraiment, on laisse cette dame se faire taper dessus toute la journée sans prévenir ni l’infirmier ni le policier municipal. On retrouve cette dame allongée par terre et quelques heures plus tard, morte. C’est une banalisation tragique contre laquelle on a du mal à lutter. » 
 
Le procès est prévu sur deux jours. L’accusé encourt 20 ans de prison.
 

Rédaction web avec Sam Teinaore

Me Vincent Dubois, avocat de la famille de la victime

Me Théodore Ceran-Jérusalemy, avocat de l’accusé

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