« Je le trouvais trop bizarre parce que je ne voyais pas d’argent, et c’est là que j’ai reçu un coup. Le premier, c’était à la tête, je portais encore mon casque. Après le deuxième coup sur mon dos, je suis tombée. Après, il m’a donné des coups avec un bâton, sur ma jambe droite, en même temps je criais, je demandais de l’aide. Je leur ai dit prenez la sacoche, dans la panique… »
Tout est allé très vite selon la victime. Après s’être effondrée, celui avec qui elle échangeait quelques mots, lui est également tombé dessus pour la rouer de coups. Grâce à une habitante du quartier, la livreuse, en pleurs et en sang, a pu appeler le gérant de la société pour la récupérer et lui raconter les faits. « C’est horrible » nous dit Teva Ah-Min, le patron de cette petite entreprise: « On se donne du mal à livrer à 21h30 et en remerciement tu te fais tabasser, par terre et en plus c’est une fille… je n’ai jamais vu ça… ça craint. On livre beaucoup à Faaa et c’est la première fois que ça arrive. Je l’ai amenée aux urgences tout de suite après l’agression, on a appelé les gendarmes et ils sont venus aux urgences. Elle est blessée de partout, elle a des bleus partout sur les jambes et surtout elle est très atteinte psychologiquement, c’est chaud, j’ai vraiment beaucoup de peine pour elle. »
La mésaventure est postée sur les réseaux sociaux par le gérant, pour essayer de retrouver le scooter. Une initiative qui s’avère efficace. Quelques minutes à peine après la publication, le deux-roues est retrouvé près d’un kilomètre plus loin, dans la vallée dite des cochons, au-dessus du siège de l’EDT à Puurai.
Dans le quartier, personne n’a vu ni entendu quoi que ce soit. La victime et le gérant de la société se sont rendus ce matin à la gendarmerie de Faa’a pour déposer plainte. A midi, les gendarmes avaient déjà une première piste. En fin d’après-midi, des personnes étaient en garde à vue, selon le gérant de la pizzeria.
La victime, encore sous le choc, affirme ne plus vouloir effectuer de livraison: « non je ne veux plus, je ne veux plus livrer, j’ai dit à mon employeur que j’arrête les livraisons, parce que c’est arrivé à Puurai, ça pourrait arriver à n’importe quel endroit. C’est sûr, un coup monté comme ça, ça peut arriver à Papeete, Arue, Mahina, Pirae…. ce n’est pas ma première livraison, j’ai fait plusieurs livraisons de nuit et je me posais déjà cette question-là : on ne se fait pas agresser pour voler notre sacoche et hier soir c’est arrivé sur moi. J’ai mal dormi hier soir, cette image est restée, pour moi, le gars était toujours devant moi pendant que je dormais. Ça m’a bien traumatisée, je ne veux plus revivre ça. » A son retour au travail, elle sera affectée à d’autres tâches.