Accident mortel sur l’Aranui 3 : du sursis requis contre l’armateur et des membres d’équipage

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Publié le 27/03/2017 à 15:32 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:21

Près de dix ans après les faits, les causes exactes du tragique accident demeurent un mystère. La victime, un « calier » à bord du cargo mixte, avait été retrouvée sans vie dans un escalier, le crâne broyé, alors que le navire venait d’arriver à quai au port de Papeete.

Le médecin légiste a conclu qu’il n’était pas décédé d’une chute mais probablement après avoir été percuté par une lourde structure. Quelques secondes avant le drame, le marin s’affairait à fixer une barge qui devait être déplacée. Son binôme s’était absenté quelques instants pour aller chercher de l’eau mais le grutier a continué la manœuvre. Il ne s’est aperçu de rien.

Pour le procureur, dans ce décès « la responsabilité est collective ». Les quatre prévenus ont, selon lui, manqué à leurs obligations en matière de sécurité. Le déplacement de cette barge a été fait alors que la victime était seule sur le pont et non accompagnée de son binôme comme le veut le règlement. Quant aux deux capitaines, l’un se trouvait sur le quai au moment du drame  et l’autre avait quitté le cargo pour rentrer chez lui.

« Toutes les règles de sécurité n’ont pas été prises. On a l’impression d’un manque d’organisation. Ce n’est pas la faute à pas de chance mais la faute à cet ensemble de responsabilités », a estimé le représentant du parquet.

Un avis partagé par l’avocat de la famille du marin, Me Vincent Dubois : « pour moi, il est incontestable que le décès n’aurait pas eu lieu si les règles de sécurité avaient été respectées ».

Les avocats de la défense ont, eux, plaidé la relaxe pure et simple de leurs clients. « Chaque matelot sait ce qu’il a à faire. Superviser veut dire contrôler dans les grandes lignes. Et ce contrôle dans les grandes lignes a eu lieu », a martelé Me Dominique Antz, avocat de l’armateur et du capitaine en second.

Et le conseil d’ajouter que l’Aranui 3 avait toujours satisfait aux exigences du Bureau Veritas et du service des Affaires maritimes : « On ne peut pas reprocher à mes clients une faute caractérisée. Il faut qu’ils aient eu conscience qu’ils mettaient la victime en danger (…) On se veut exemplaire en matière de sécurité ».

Le procureur a réclamé des peines comprises entre 9 mois et un an de prison avec sursis, ainsi que des amendes allant de 180 000 à 5 millions de francs. Le jugement sera rendu le 13 juin.

Quant à l’Aranui 3, il ne navigue plus aujourd’hui dans les eaux du fenua.

J-B. C. 

 
 

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