Un partenariat signé pour des travaux de recherche sur l’hibiscus local

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Étudier les plantes locales et plus particulièrement l'hibiscus, pour développer une nouvelle filière économique en Polynésie : c'est l'objet d'un partenariat signé entre la start up Aute et l'institut Louis Malardé.

Publié le 22/10/2022 à 19:00 - Mise à jour le 23/10/2022 à 8:57

Étudier les plantes locales et plus particulièrement l'hibiscus, pour développer une nouvelle filière économique en Polynésie : c'est l'objet d'un partenariat signé entre la start up Aute et l'institut Louis Malardé.


L’innovation touche à tous les domaines. Et l’agriculture en fait partie. Tehotu Tanata était l’un des intervenants du Tech4islands Summit qui s’est tenu les 13, 14 et 15 octobre derniers. Fondateur et gérant de la start up Aute, il développe des produits à base d’hibiscus local.

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Et depuis le lancement de ses boissons à base d’hibiscus, son projet a bien évolué. « On se rend compte qu’il y a énormément de propriétés dans nos fleurs d’hibiscus locales et on se rend compte qu’on pourrait les utiliser dans le domaine agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutique. »

L’an dernier, il a remporté, au côté de l’Institut Louis Malardé, un appel à projets lancé par la délégation à la recherche de Polynésie. Il y a quelques jours, le partenariat avec l’ILM a été officialisé par une convention. Le programme « Te Aute » va démarrer.

Cette convention permet à Tehotu d’avoir « des chercheurs attitrés au projet, des moyens techniques aussi (…) qui vont permettre de pousser un peu plus les recherche sur la fleur d’hibiscus et de vraiment analyser les paramètres moléculaires de la fleur et voir vers quels domaines on pourra les emmener. En fonction des fleurs qu’on a, on pourra dire que telle fleur sera mieux pour le domaine alimentaire, cosmétique ou pharmaceutique ».

Sur le site de l’ILM à Paea, plusieurs techniques de plantations sont testées : aquaponie, hydroponie, sous serre… « Dans le cadre de son programme, ce qui va être important, c’est d’optimiser au maximum rendement, et derrière, les plantes qu’on va récolter, on va pouvoir les analyser en laboratoire pour vérifier la qualité et les caractéristiques chimiques de ces plantes et surtout la qualité de ces plantes puisqu’elles vont ensuite partir dans des productions cosmétiques ou alimentaires donc il faut bien vérifier qu’il n’y a pas de toxines à l’intérieur, pas de métaux lourds, etc. » explique le directeur de l’ILM, Hervé Varet

L’ILM teste la culture de plants d’hibiscus en aquaponie. Crédit Tahiti Nui Télévision

Laboratoires relais pour jeunes start-ups

Pour réaliser ces analyses, Tehotu va également bénéficier de laboratoires relais. « Le schéma qu’on a retenu pour accompagner les start-ups en devenir, c’est un concept qu’on a appelé les « laboratoires relais » à l’image des ateliers relais (…) Un jeune comme Tehotu n’a pas les moyens de s’offrir un laboratoire de recherche développement donc le concept développé par l’institut Malardé, c’est de créer des laboratoires avec des équipements qui permettent de faire des analyses avec l’accompagnement de nos équipes de chercheurs. Et on structure tout cela sur Paea parce qu’on a de la place. (…) le but c’est d’accueillir les gens pendant deux ou trois ans, de valider avec eux leur concept, et ensuite de les lâcher. » Deux types de laboratoires sont mis à disposition de tehotu : des laboratoires d’analyse donc, mais aussi de transformation.

À la conquête du marché international

Le but, à terme : créer de nouveaux produits locaux et s’attaquer au marché international. Car Tehotu en est sûr, nos plantes locales peuvent conquérir le monde. « On a la chance en Polynésie d’être entourés de végétaux, de ressources qui peuvent être exploitées mais qu’on n’exploite pas. C’est vrai que c’est bien d’innover à ce niveau pour pouvoir développer d’autres secteurs d’économie pour la Polynésie. Actuellement c’est beaucoup la vanille qui ressort, le tiare Tahiti, le coco. Pourquoi pas exploiter d’autres ressources locales ».

Parti en métropole il y a plusieurs années, Tehotu travaillait bien loin des champs d’hibiscus, dans le secteur aéronautique. « C’est vraiment en allant ailleurs qu’on se rend compte de la chance qu’on a d’être de Polynésie. C’est là où j’ai commencé à avoir cette réflexion, à me dire que je voulais revenir pour participer au développement économique du fenua, avoir un impact sur la Polynésie ». Il quitte son travail et son confort de vie en métropole en 2020 pour revenir au fenua. Malgré les difficultés, il ne regrette rien : « C’est vrai que depuis que je me suis lancé, ce n’est pas facile, je n’ai plus de rentrée d’argent. Mais pour une fois dans ma vie je me sens vraiment épanoui dans ce que je fais, pour une fois dans ma vie je suis heureux de me lever le matin et je me dis que je peux vraiment avoir un impact sur la Polynésie. C’est ce qui m’anime. »

Rapprocher la science de la tradition…

Alors que les plantes locales sont utilisées depuis très longtemps en médecine traditionnelle, dans les « ra’au Tahiti », peu ont été étudiées. L’Institut a lancé un autre programme de recherche : « On a un programme en démarrage qui va se faire sur le même espace de Paea. C’est un programme assez ambitieux, confie Hervé Varet. L’idée est de retrouver toutes les plantes les plus utilisées dans les remèdes locaux et d’en faire une pépinière de façon à pouvoir cultiver suffisamment de matériel végétal pour pouvoir en faire une analyse (…) Voir ce que la science peut apporter aux remèdes traditionnels en confortant ou pas les caractéristiques. (…) On va aussi valider le fait que les plantes ne sont pas toxiques. Le gros souci qu’on a aujourd’hui c’est qu’on ne sait plus où sont ces plantes. Elles ont un peu disparues. (…) L’idée c’est aussi de refaire une pépinière et disposer de ces plantes de manière à ce que tout un chacun sache où les trouver. » Un projet à suivre…

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