Pensez-vous que l’océan en Polynésie française soit en bonne santé ? Ils sont 63% à répondre par la négative. Et 77% d’entre-eux estiment que nos eaux ne sont pas assez protégées de l’activité humaine. Tels sont quelques-uns des enseignements qui ressortent du sondage dévoilé par l’ONG Pew.
Des chiffres qui traduisent l’inquiétude de la population face au bouleversement climatique et à la surexploitation des océans. « Malheureusement, les gens ont raison de s’inquiéter. Le dernier rapport du groupe des experts sur le climat est assez alarmant. Il montre que les coraux pourraient disparaître d’ici 2050 avec simplement une augmentation de 1 degré de la température mondiale. Il montre que l’ensemble des espèces marines seront menacées par l’acidification des océans. Il y a énormément de données qui montrent que la situation est dramatique » explique Jérôme Petit, directeur de Pew Polynésie.
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Face à ces multiples risques, les Polynésiens sont grandement favorables à la mise en place de diverses mesures. Comme l’instauration du Rahui sur le littoral de leurs communes, l’interdiction totale des sacs plastique, mais aussi de la crème solaire. Et 92% des sondés demandent la création d’aires marines protégées pour permettre aux écosystèmes de s’adapter au changement climatique.
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Pour le directeur de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), présent dans le public, la Polynésie fait figure de bon élève dans certains domaines, notamment en ayant interdit dans ses eaux la pêche industrielle et la pêche à la senne. Mais le scientifique se montre plus sceptique sur d’autres projets, comme celui de la ferme de Hao. « Il s’agit de construire la plus grande ferme aquacole du monde, sur des espèces carnivores, ce qu’on ne fait pratiquement plus nulle part. (…) Pour fabriquer en aquaculture 1 kilo de mérou, il faut donner en moyenne 10 kilos de poissons frais, et ces 10 kilos de poissons frais, il faut les trouver quelque part. Ici, ils n’existent pas. Il faut les importer d’ailleurs. Donc déjà, là, il y a une petite aberration » nous dit Marc Taquet, directeur de l’IRD.
Pew a transmis les résultats de ce sondage aux décideurs du Pays. Et l’ONG estime qu’ils devraient en tenir compte. « On espère que ce sera un outil d’aide à la décision pour eux et qu’ils comprendront aussi que c’est un enjeu électoral, qu’il y a 85% des gens aux Marquises par exemple qui valide le projet d’aires marines protégées. Donc quelque part, si les politiques décident de valider le projet, ils auront peut-être 85% de gens qui les soutiendront » ajoute Jérôme Petit.
Aucun officiel n’était en tous les cas présent pour la présentation des résultats du sondage. L’ONG dit pourtant les avoir invités.