Le Matari’i i Raro célébré à Arue et à Papenoo

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C’est une promenade au grand air qu’ont effectué, dimanche matin, des familles de Arue dans le cadre des célébrations de Matari’i i Raro. Ces familles, principalement issues des quartiers les moins favorisés, randonnent peu. Elles ont ainsi eu l’occasion d’emprunter le sentier Aneane, un chemin privé, rarement ouvert au public. Une manière de mieux comprendre les changements liés à l’arrivée de la saison fraîche, dans la nature.

Publié le 22/05/2023 à 11:45 - Mise à jour le 22/05/2023 à 11:45

C’est une promenade au grand air qu’ont effectué, dimanche matin, des familles de Arue dans le cadre des célébrations de Matari’i i Raro. Ces familles, principalement issues des quartiers les moins favorisés, randonnent peu. Elles ont ainsi eu l’occasion d’emprunter le sentier Aneane, un chemin privé, rarement ouvert au public. Une manière de mieux comprendre les changements liés à l’arrivée de la saison fraîche, dans la nature.


Le départ était donné à 6 heures du matin, au belvédère du Taharaa. Les randonneurs vont parcourir le sentier Aneane. Une première pour beaucoup. « J’ai appris des choses sur les plantes, que je ne connaissais pas. Leurs bienfaits sur les corps, leurs vertus médicinales ou leur utilité pour faire des costumes » indique Cheryl, une randonneuse. « Cette reconnexion avec la nature, c’est génial » ajoute Wina, une autre randonneuse.

C’est Jacky Bryant, premier adjoint au maire de Arue, qui endosse le rôle de guide : « Il ne s’agit pas seulement de faire découvrir les étoiles ce soir, mais aussi de faire découvrir la relation entre le temps circulaire, le temps cyclique. Là, on va voir des arbres fruitiers où on est pratiquement à la fin des productions. On va voir des plantes qu’on va pouvoir utiliser pour des recettes médicamenteuses. Dans le cadre de ces activités, nous essayons de concourir à une contextualisation du concept du temps cyclique avec Matari’i i Raro pour la période que l’on va avoir pendant à peu près 6 mois ».

La plupart des familles n’ont jamais visité cette partie de la commune. Le sentier Aneane appartient à la famille Jay, la suite du parcours à la municipalité. Il faut une autorisation pour emprunter la partie privée. La promenade dure environ 6 heures avec 500 mètres de dénivelés. S’il faut un peu d’endurance pour parvenir jusqu’au sentier de crête, la récompense est à la hauteur de l’effort : une vue imprenable sur l’ensemble des vallées et du bord de mer. Un panorama qu’ont su apprécier les promeneurs. « C’est vrai qu’une fois arrivés ici, ils disent que c’est la première et dernière fois, mais l’expérience nous fait dire qu’après, ils reviendront. (…) Le contexte aujourd’hui, ce sont nos tablettes etc., et lorsqu’ils sont là, avec rien d’autre que la nature… ils sont émerveillés. Nos enfants aussi, ont besoin de découvrir tout ça » confie Teura Iriti, maire de Arue.

Sur ces parcelles, la commune réfléchit à l’installation d’espaces pour la pratique du Pu Fenua. Elle pourrait aussi créer une pépinière d’orangers comme à la Punaruu, si les quelques pieds de la vallée s’y développent bien.

Le Matari’i i Raro aussi célébré à Papenoo

Samedi soir, l’association Haururu célébrait aussi le Matari’i i raro à Papenoo : la disparition des Pléiades dans le ciel polynésien. Ce changement de saison vers la période plus fraîche et moins pluvieuse annonce des mois de « repos ». La nature se régénère, les fruits et le uru sont moins abondants et il est préférable d’éviter de pêcher certains poissons.

Une cérémonie était organisée à l’embouchure de la Vaituoru, à Papenoo, pour marquer la transition vers l’hiver austral. « On essaie de retrouver ce qui se passait aux différentes saisons pour pouvoir mieux comprendre et dégager les valeurs des anciens durant ces deux périodes. Pour pouvoir aujourd’hui adapter ces valeurs et les utiliser peut-être pour mieux comprendre notre environnement, mieux le respecter, et peut-être suivre davantage le cycle du temps plutôt que d’essayer de forcer absolument la terre à produire. Et aussi pour respecter davantage le cycle des poissons. Par exemple, au temps de Matari’i i Raro, les anciens ne pêchaient plus de mahi mahi. C’est un exemple pour dire que nous aussi nous pourrions nous inspirer de cette connaissance et du respect qu’ils avaient de l’environnement. C’était une question de survie à leur époque. Pour aujourd’hui, voir ce qu’on peut en faire pour mieux faire face au changement climatique » explique Christine Briant, membre de l’association Haururu et spécialiste des étoiles.

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