La première micro-forêt urbaine de Tahiti au lycée Paul-Gauguin

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La semaine dernière, la Brigade Verte de Tahiti, une association bien connue au fenua, organisait plusieurs actions écocitoyennes au sein du lycée Paul-Gauguin. Parmi elles, la création de la première micro-forêt urbaine de Tahiti en utilisant la méthode Miyawaki.

Publié le 13/10/2022 à 12:42 - Mise à jour le 13/10/2022 à 12:42

La semaine dernière, la Brigade Verte de Tahiti, une association bien connue au fenua, organisait plusieurs actions écocitoyennes au sein du lycée Paul-Gauguin. Parmi elles, la création de la première micro-forêt urbaine de Tahiti en utilisant la méthode Miyawaki.


Du 3 au 8 octobre, plus de 1 400 jeunes du lycée Paul-Gauguin ont été sensibilisés aux écogestes avec la Brigade Verte. Des lycéens et des éco-délégués qui se sont surtout mobilisés pour leur fenua. Au programme de cette grande opération écocitoyenne, des interventions dans une quarantaine de classes dans le cadre du « Défi pour la terre » ou encore un « clean up day » du littoral à Faa’a. Mais c’était surtout le lancement de la troisième campagne de plantation depuis le début de l’année « Tahiti Urban Forests ». La première micro-forêt urbaine de Polynésie est désormais créée, et elle se trouve dans la cour d’un établissement scolaire de la capitale.

Cette forêt en plein cœur de Papeete présente de nombreux avantages : elle ramène de l’ombrage mais aussi du végétal, et elle permet de faire baisser la température. « Le projet a débuté avec l’opération ‘Aux arbres citoyens’ qui existe en milieu scolaire depuis maintenant 8 ans en Polynésie, précise Ludovic Bardoux, fondateur de la Brigade Verte Tahiti. Là, c’est notre première opération d’envergure puisqu’on va débétonner, dégoudronner, une cour de récréation. L’idée, c’est de ramener de l’ombrage dans les cours des établissements scolaires. C’est une première en Polynésie. On a constaté que ces 30 dernières années, on avait tendance, pour des histoires de sécurité, à couper les arbres dans les établissements de peur qu’un enfant se prenne une branche par exemple, et il y avait des histoires d’assurance. Mais on se rend compte que finalement, les cours n’étaient pas du tout agréables à vivre, et que les jeunes cherchaient de l’ombrage lors des récréations ».

Dans ces nouveaux ilots de verdure, la température chute de 0,5 à 2 degrés : « Ce sont également de véritables pièges à carbone. L’idée aussi, c’est, par rapport au réchauffement climatique, d’avoir dans des zones urbaines ces micro-forêts qui vont retenir le carbone, et qui sont finalement plutôt agréables à regarder. Et c’est pour que les jeunes puissent se mettre à l’abri du soleil ».

Après le goudron, place à la terre retrouvée et à la plantation des arbres. (Crédit : Brigade Verte Tahiti)

La Brigade Verte s’est inspirée de la méthode du botaniste japonais Miyawaki, qui a déjà fait ses preuves dans le monde entier en plantant plus de 2 000 forêts urbaines. Une méthode de plantation qui consiste à concentrer dans un espace réduit un nombre important d’arbres : « Au mètre carré, on va mettre deux, trois arbres. Miyawaki a constaté que ces arbres poussent en 20 ans au lieu de 200 ans. C’est un gain de temps extraordinaire. Cela va ainsi permettre d’avoir une forêt qui pousse relativement vite au lycée Paul-Gauguin ». Peu importe les conditions de sols ou de climat, il est donc possible de créer de magnifiques forêts urbaines denses, plus riches en biodiversité, dans un petit espace et en un temps record.

Pendant deux jours, une quinzaine d’arbres ont été plantés à la place du goudron qui était là depuis plus de 40 ans dans la cour de l’établissement scolaire. Des espèces pouvant s’entraider au niveau racinaire, et plantées proches les unes des autres afin de croître plus rapidement.

150 élèves, les éco-délégués des classes, ont participé à la plantation de ces arbres dans ce que l’on appelle une « coulée verte » de 20 mètres de long sur 1 mètre 40. Des lycéens ravis de revoir des arbres au sein de leur cour. « Il n’y a pas beaucoup de plantes, de pelouse, dans la cour. C’est très goudronné. (..) C’est important de faire toutes ces nouvelles actions pour la génération de demain. Il faut ramasser des déchets dès qu’on les voit, les trier… Chaque petit geste compte » confie Juliette, élève de Seconde. « Les arbres apportent de l’oxygène, il faut en planter. En plus, ça embellit notre cour » ajoute Katomea. Un constat partagé par Tomy, autre éco-délégué de Seconde : « Un arbre, c’est la vie, il nous permet de respirer. (…) On a aussi planté des arbres fruitiers. Pour les desserts des cantines, cela peut éviter de faire venir des fruits d’autres pays ».

« Il y a une vraie fibre écologique au sein de la nouvelle génération. On sent que c’est une jeunesse qui a envie de vivre sur une planète viable. C’est une jeunesse qui veut un avenir. (…) Lors de mes interventions dans les classes, j’ai vu plusieurs Greta Thunberg (militante écologiste suédoise de 19 ans, NDLR) en puissance » se réjouit Ludovic Bardoux.


Les micro-forêts urbaines de Miyawaki requièrent très peu d’entretien et de suivis au quotidien. La Brigade Verte surveillera l’évolution de la forêt du lycée Paul-Gauguin, et selon son résultat, d’ici deux à trois ans, elle en créera de nouvelles dans d’autres établissements scolaires.

En attendant, l’association sera de retour sur le terrain du 11 au 19 novembre prochains pour la sixième édition de l’opération eco-warrior. Plusieurs actions seront organisées dans différentes communes de Tahiti.

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