De la tendance Ghibli aux starter packs, les images générées ou retouchées grâce à l’intelligence artificielle sont partout sur la Toile. Une mode qui coûte cher à la planète : 500ml d’eau consommée par requête à ChatGPT… Le chiffre provient d’une étude publiée en fin d’année 2024 par des chercheurs de l’université de Riverside en Californie.
« En fait, ça consomme énormément d’eau parce qu’aujourd’hui, pour générer une image, on fait appel aux derniers modèles qui sont très gourmands en calcul, explique Taiamiti Edmunds, consultant et développeur en IA. Il faut imaginer qu’il y a des salles de serveurs avec énormément d’ordinateurs qui travaillent pour pouvoir répondre à votre requête et donc pour refroidir tout ce gros système, on a besoin d’une infrastructure qui utilise de l’eau. »
Lire aussi : La tendance « Starter Pack » conquiert le fenua
Consommation d’eau, mais aussi et surtout d’énergie. L’Agence internationale de l’Énergie (AIE) anticipe une explosion de la consommation d’électricité du secteur de l’IA d’ici 2026, jusqu’à 10 fois ce qui était consommé en 2023.
– PUBLICITE –
Selon le développeur en IA, une « petite requête sur ChatGPT » peut consommer plus d’énergie qu’une courte période de streaming en basse résolution. « Pour une image en général, ça sera équivalent à, à peu près 20 minutes de vidéo. »
Vers une IA « frugale »
Au niveau national, des réflexions sont menées pour une IA « frugale », « qui utilise moins de ressources (matières premières, eau, électricité…) sur l’ensemble de son cycle de vie ». Un référentiel a même été publié en juin 2024. Il a pour objet de fournir aux organismes qui souhaitent développer une solution d’IA une méthodologie d’évaluation de l’impact environnemental et de bonnes pratiques à adopter.
Côté matériel, à l’échelle internationale, de grandes sociétés travaillent à des technologies moins polluantes. « Nvidia (Leader mondial du calcul informatique et de l’intelligence artificielle, NDLR) sort régulièrement des nouvelles puces qui sont de plus en plus efficientes et de plus en plus spécialisées pour faire de l’inférence (capacité d’un modèle d’IA à faire des prédictions précises basées sur de nouvelles données., NDLR) sur les modèles ChatGPT. Et puis un deuxième axe, c’est au niveau de la modélisation, donc comment faire pour avoir des déclinaisons de modèles qui peuvent être mises en fonction sur du matériel beaucoup plus sobre en consommation énergétique ».
« Le conseil le plus important qu’on peut donner à une entreprise, c’est de former, de former massivement aux impacts environnementaux du numérique. »
Thomas Benlolo est consultant en transition numérique responsable au fenua. Pour lui, le développement des IA génératives et leur utilisation en entreprise sont un nouveau défi. Pour lui, il est essentiel « d’inclure l’IA dans une stratégie et qu’au cœur de cette stratégie, il y ait cette responsabilité environnementale, responsabilité sociale et environnementale ».
En entreprise, il préconise de « faire un usage raisonné de l’IA, ne pas utiliser l’IA quand on n’en a pas besoin, lorsque le besoin n’est pas défini ou pour remplacer des outils classiques qui fonctionnent très bien. En entreprise, on peut aussi choisir des outils. Il y a des infrastructures qui sont plus vertes, qui sont plus bas-carbone que d’autres, il y a des matériels différents, il y a des modèles de données qui sont plus petits, qui sont plus spécifiques à certaines entreprises, à certaines activités et il faut aller vers cette optimisation par les choix des solutions. Enfin, je pense que le conseil le plus important qu’on peut donner à une entreprise, c’est de former, de former massivement l’ensemble des collaborateurs y compris la direction, de les former aux impacts environnementaux du numérique et de les sensibiliser à leur faire comprendre que bien utiliser l’IA est un geste professionnel de qualité. »
Privilégier l’utile au futile
Chez soi comme dans le milieu professionnel, il est également important selon Thomas Benlolo de prendre conscience que le « monde virtuel a un impact réel, tangible sur la société et sur l’environnement (…). »
Selon l’AIE, chaque requête sur ChatGPT consomme 2,9 Wh d’électricité. C’est dix fois plus qu’une recherche sur Google, d’après l’Agence internationale de l’énergie. « On peut mettre en œuvre des choses très simples à la maison. D’abord ne pas utiliser l’IA lorsque ce n’est pas nécessaire, lorsqu’on a besoin de faire une recherche simple, on peut continuer à utiliser Google qui en plus fournira des sources, ce qui sera souvent plus pertinent pour des demandes simples. On peut surtout essayer de privilégier l’utile au futile, à arrêter ou limiter l’usage de l’IA pour le divertissement ».
Pour en savoir plus :
https://www.ecologie.gouv.fr/actualites/intelligence-artificielle-durable
https://drane-versailles.region-academique-idf.fr/spip.php?article1167