COP26 : Les signaux qui trahissent l’impact climatique en Polynésie

Publié le

196 Pays et organisations se réunissent pour la 26e conférence annuelle de l'ONU sur le climat à Glascow, en Écosse. Un rendez-vous déterminant pour l’avenir de la planète qui se réchauffe de manière affolante. En Polynésie, entre les risques de cyclones plus puissants et les vagues de chaleur qui se font plus fréquentes, l'impératif est de revenir à un mode de vie plus proche des traditions.

Publié le 04/11/2021 à 10:29 - Mise à jour le 04/11/2021 à 10:34

196 Pays et organisations se réunissent pour la 26e conférence annuelle de l'ONU sur le climat à Glascow, en Écosse. Un rendez-vous déterminant pour l’avenir de la planète qui se réchauffe de manière affolante. En Polynésie, entre les risques de cyclones plus puissants et les vagues de chaleur qui se font plus fréquentes, l'impératif est de revenir à un mode de vie plus proche des traditions.

Canicules, sécheresses, feux de forêts, inondations et pluies diluviennes : l’océan se réchauffe, la planète brûle. Le point de non-retour est tel que même la COP26 ne pourra pas l’éviter, si ce n’est limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici 2050. Un seuil qui pourrait être atteint dès 2030 selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Son dernier rapport fait d’ailleurs froid dans le dos : peu importe les scénarios, la température globale continuera d’augmenter.

Peu importe les scénarios, la température globale continuera d’augmenter selon le dernier rapport du GIEC (infog : Gaël Falzowski / Tahiti Nui Télévision)

Du côté du Pacifique Sud, les prévisions sont alarmantes, comme l’explique Sébastien Hugony, météorologue à Météo-France Polynésie : « au niveau des cyclones tropicaux, donc des phénomènes extrêmes, on n’aura pas une augmentation significative de la fréquence des cyclones, c’est-à-dire qu’on n’aura pas plus de cyclones. En revanche, les cyclones seront plus puissants donc on aura un risque d’avoir des cyclones de catégorie 5 donc des cyclones très destructeurs. Au niveau des houles, avec l’augmentation des phénomènes extrêmes, notamment les dépressions subtropicales, on aura de plus en plus de phénomènes de forte houle qui vont toucher nos côtes, donc forcément qui vont avoir un impact sur les côtes de nos îles, notamment au niveau des Tuamotu ».

Si les données ne permettent pas encore d’estimer l’impact sur le fenua, certaines tendances observées ces dernières années retiennent l’attention des spécialistes. « On a une augmentation de l’ordre de 2°C des températures minimales sur l’archipel de la Société et de l’ordre de 1°C pour les températures maximales », détaille Sébastion Hugony. « Et cette tendance à la hausse sur les 60 dernières années se remarque aussi sur les autres archipels de la Polynésie à un degré moindre si je puis dire ».

Depuis les années 60, les températures minimales ont augmenté de 2°C tandis que les températures maximales ont augmenté d’1°C en moyenne (infog : Gaël Falzowski / Tahiti Nui Télévision)

« On constate également depuis les années 80 une augmentation de vagues de chaleur sur la Polynésie et en particulier sur la Société », ajoute le météorologue. « Pour la montée des eaux, on mesure grâce au marégraphe qui est sur Papeete et à Mangareva aux Gambier, une augmentation moyenne de 2mm par an du niveau de la mer, ce qui fait sur 10 ans une augmentation de 2cm et cette augmentation est régulière ».

Depuis les années 80, on observe une augmentation de vagues de chaleur sur la Polynésie (infog : Gaël Falzowski / Tahiti Nui Télévision)

Principal puit de carbone de la planète, l’océan devrait être un enjeu central de cette 26e conférence. Car plus il absorbe l’énergie provoquée par les humains, moins il est efficace. Les scientifiques estiment qu’un réchauffement moyen de 2% entrainerait la disparition de 99% des coraux et par conséquent, de la vie marine.

Pour les associations de protection de l’environnement, l’heure est grave. Le plan climat-énergie 2015-2020 prévoyait la réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES) de 6,5% en 2020. Pari manqué. En 2019, elles avaient augmenté de 7%.

Le plan climat-énergie 2015-2020 prévoyait la réduction des émissions de Gaz à effet de serre (GES) de 6,5% en 2020. (infog : Gaël Falzowski / Tahiti Nui Télévision)

Le fait est que le fenua est particulièrement dépendant des énergies fossiles, à raison de 94% en 2019. Principaux postes d’émissions de gaz à effet de serre au fenua : le transport et l’industrie/tertiaire.

Si le nouveau plan-climat 2021-2030 vise l’objectif ambitieux de réduire de 50% des émissions d’ici 2030, pour Jason Man Sang, vice-président de la Fape, « il faut travailler sur ces grands axes-là : mettre en place des transports en commun efficaces, faire en sorte qu’il y ait moins de voitures, moins d’avions qui passent donc ça demande aussi une remise en question sur le tourisme. Pour l’énergie aussi, il faut se convertir à de l’énergie renouvelable un maximum. Et surtout sur l’important, c’est pour cela que dans le milieu militant, on parle beaucoup d’autonomie alimentaire et juste de se retrouver sur notre artisanat, nos fa’a’apu, pour pouvoir être auto-suffisants et presque libres de cette importation. À ce moment-là, on pourra réduire nos émissions drastiquement ».

Pour le vice-président de la fédération des associations de protection de l’environnement, il faut développer davantage l’autonomie alimentaire en se rapprochant de nos faaapu (crédit photo : archives Tahiti Nui Télévision)

Le rôle des peuples autochtones dans la protection de la nature est plus que jamais reconnu et la Polynésie a peut-être une carte à jouer sur le volet océan. L’occasion pour le dispositif de Rahui d’attirer l’attention des grandes puissances et pourquoi pas, de glaner des financements.

Dernières news