TVA sociale, PPN, PGC… : un casse-tête pour les commerçants

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Baissée à 1% la veille de son entrée en vigueur, les commerçants ont été pris de court pour afficher le juste prix au premier jour de l’application de la taxe sociale. Un véritable casse-tête d’autant que les produits de première nécessité (PPN) et les produits de grande consommation (PGC) sont finalement exonérés de TVA et de la contribution pour la solidarité. Dans une grande enseigne de Arue, l’étiquetage de tous les produits a dû être refait en urgence.

Publié le 03/04/2022 à 14:58 - Mise à jour le 04/04/2022 à 9:40

Baissée à 1% la veille de son entrée en vigueur, les commerçants ont été pris de court pour afficher le juste prix au premier jour de l’application de la taxe sociale. Un véritable casse-tête d’autant que les produits de première nécessité (PPN) et les produits de grande consommation (PGC) sont finalement exonérés de TVA et de la contribution pour la solidarité. Dans une grande enseigne de Arue, l’étiquetage de tous les produits a dû être refait en urgence.

À Arue, une grande enseigne ne peut pas encore proposer de ticket de caisse qui détaille exactement le montant payé pour la contribution pour la solidarité (ou TVA sociale). Le logiciel d’encaissement sera bientôt changé. Les consommateurs ont toutefois des informations affichées sur la note. « On a dû tout réadapter dans la nuit pour être conforme au 1er avril, pour faire apparaître sur le ticket de caisse au client le montant de la TVA habituelle et de la taxe de la solidarité. Nous avons pris le parti d’ajouter 1% sur la TVA à 16, ce qui nous amène à 17% » indique Jean-Charles Montebello, directeur du supermarché. « Ça va être un coût supplémentaire pour le consommateur », pointe la directrice du groupe Wane, Nancy Wane. Elle déplore « une inflation qui est réelle » et « qui est là depuis quelques temps déjà ».

Lire aussi > Application de la “TVA sociale” : la liste des produits exonérés

Initialement prévue à 1,5%, la taxe de solidarité a été revue à la baisse et adoptée à l’assemblée jeudi, à la veille de son application. Pas simple donc pour les commerçants de mettre à jour les tarifs en rayon, sans compter les nouvelles dispositions à l’encadrement des prix. En plus des PPN, certains produits de grande consommation (PGC) sont désormais exonérés. « On ne sait pas trop combien cela représente les PGC, peut-être 5% ou 7% de la consommation globale. Cela va mécaniquement réduire le rendement. Après, c’est un choix politique d’ajouter les PGC en plus des PPN. Le problème que cela pose, c’est que les PPN étaient non soumis à la TVA alors que les PGC le sont. Je n’ai donc pas très bien compris si on annulait aussi la TVA sur les PGC ou si c’était juste la CPS (TVA sociale, NDLR) qui ne marchait pas, mais j’ai cru comprendre qu’on annulait aussi la TVA et qu’on mettait une TVA zéro finalement sur les PGC. Alors si c’est le cas, cela va poser un autre problème, c’est qu’on n’aura pas la rentrée fiscale de la TVA à laquelle on s’attend d’habitude » a déclaré Florent Venayre, économiste de l’UPF.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Article par article, il a fallu recalculer tous les prix : « Nous avons dû retravailler tous nos articles et changer nos prix dans l’urgence vendredi matin pour pouvoir afficher un prix correct à nos clients » ajoute Jean-Charles Montebello.

Au passage en caisse, le coût de la contribution sociale n’est pas encore bien perceptible sur la note. Plus ou moins résignés, les consommateurs sont unanimes. Ils subissent déjà l’impact de l’inflation mondiale des derniers mois. « Je pense aux petits salaires. On a l’impression que c’est toujours les mêmes qui subissent » déplore une cliente. « On paie tous, que ce soit les hauts ou les bas revenus et je trouve que c’est inégal. C’est une TVA sociale, mais qui n’est pas sociale pour les gens du bas » confie un autre client.

L’augmentation du coût du transport et des matières premières se répercute sur les prix de vente : +4 à +9% en magasin. Et la taxe de contribution sociale vient gonfler l’addition : « On réapplique les hausses de nos fournisseurs. Nous sommes importateurs en direct, nous passons par un intermédiaire parfois. On n’a pas d’autre choix que de réimpacter les hausses que nous subissons » précise Jean-Charles Montebello.

(Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Dans cette valse des tarifs, les prix de certains produits baissent, comme les couches par exemple : – 500 Fcfp pour certaines marques. Les articles scolaires sont aussi concernés. Mais cela ne suffit pas à consoler les consommateurs, de plus en plus regardants sur les prix.

Pour Nancy Wane, la solution aurait été de « faire les choses un peu plus par étape ». « On aurait pu mettre en place l’application des PPN uniquement pour une catégorie de salaire, de population. C’est de mettre en place peut-être des cartes où on arrive à identifier [cette catégorie] », estime Nancy Wane. « Avec ce moyen, on aurait peut-être pu travailler ensemble avec les commerçants et le gouvernement pour trouver une solution intermédiaire ».

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