Déjà mis à genou par la pandémie, les professionnels du tourisme observent avec amertume l’arrivée d’une contribution sociale. « C’est une taxe qui va nous faire du mal », souffle Bruce Andrieux, directeur de Poe Charter. « A nous, à nos clients, à l’ensemble du secteur après deux ans complètement horribles ».
Si pour 2022 son carnet de commande est déjà bien rempli, impossible pour Bruce de revoir ses tarifs à la hausse. Une problématique rencontrée par beaucoup de professionnels du secteur. Notamment sur les reports de réservations, nombreux à l’issue de deux ans de crise sanitaire. « Le problème, c’est qu’on a aussi des contrats et des tarifs qui sont fixés très longtemps à l’avance », explique le directeur de Poe Charter. « Tous ces contrats-là sont négociés un an à deux ans à l’avance. Et là, ça sera complètement impossible de leur imposer une augmentation d’1,5% ou autre. Si on n’a pas d’autre possibilité, un délai global, on sera obligé d’absorber cette hausse », regrette Bruce.
Pour la présidente de l’association des pensions de famille, Mélinda Bodin, l’arrivée de cette taxe ne pouvait pas plus mal tomber. Car comme tous les meublées du tourisme, les pensions de famille sont soumises à une TVA de 13% depuis 2020, contre 5% avant la crise.
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Mais ce n’est pas tout. Mélinda rappelle que les pensions de famille sont aussi liées par une convention avec les tour-opérateurs. Un accord qui les engage à ne pas augmenter leur prix avant 2023. « Qui va supporter ces charges ? C’est le gérant ! », s’exclame la représentante des pensions de famille. « Alors déjà qu’il a un tout petit résultat. Et sur ce petit bénéfice qu’il fait, parce qu’il ne peut pas augmenter ses prix, on va venir encore le taxer d’1,5% ! ».
Pour Mélinda, les touristes locaux devront subir cette hausse des prix de plein fouet, « non pas d’1,5%, mais de 6%. Pourquoi ? Les agences de voyage vont prendre 1,5%, le prestataire qui va venir après va rajouter 1,5% aussi », estime-t-elle.
Les professionnels du tourisme avaient pourtant demandé le report de la TVA sociale à l’an prochain. Une demande rejetée par le Pays, qui aurait néanmoins accepté le principe d’une compensation, d’après certains acteurs du tourisme. Reste à savoir quelle forme celle-ci prendrait.