Ce prêt est garanti par l’Etat jusqu’à un maximum de 90% de son montant, qui peut atteindre 3 mois du chiffre d’affaires de l’entreprise de l’année écoulée. C’est donc lui qui assume la grande majorité du risque en cas de défaut de paiement.
Pourtant, les banques locales seraient frileuses à l’accorder, comme en témoigne ce chef d’entreprise à la tête de deux structures qui emploient au total une quinzaine de salariés.
Ce dernier, qui tient à garder l’anonymat pour ne pas compliquer ses relations déjà tendues avec son banquier, ne comprend pas les raisons de ce refus. Car jusqu’à la crise sanitaire, ses sociétés étaient florissantes.
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« Le PGE nous a été refusé pour une raison qui me semble assez cocasse. On nous demande de pouvoir injecter des fonds personnels dans la société pour ensuite en avoir d’autres par le PGE. C’était censé venir nous aider mais je me rends compte que ce n’est pas vraiment le cas et que les banques, en tous les cas celle avec laquelle on travaille, essayent plus de se protéger que de nous aider », explique-t-il.
Pour l’heure, ce patron parvient encore à maintenir les emplois. Mais il se retrouve en grande difficulté alors qu’il prévoit une reprise de l’activité pour l’année prochaine. « Notre carnet de commandes est assez bon pour 2021. Et vu ce qu’on devait payer pour le PGE, on a fait les calculs, cela ne représentait pas tant que ça par mois. On se pose donc des questions. »
« Sauver l’entreprise c’est sauver les salariés »
Et il n’est pas le seul. A tel point que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) s’est saisie du sujet. Elle a lancé un appel à témoins auprès de ses membres.
« On a eu des retours de banques qui, effectivement, ont refusé des PGE et on ne comprend pas pourquoi (…) Derrière les entreprises, ce qui est important de savoir, c’est qu’il y a des salariés. Et sauver l’entreprise c’est sauver les salariés. C’est une notion que les banques doivent avoir sachant que leur prise de risque est nettement minimisée du fait de l’intervention de l’Etat. Ça serait dommage de ne pas pouvoir aller aider ces entreprises alors que l’Etat a mis en place un dispositif qui va les sauver », estime Christophe Plée, le président de la CPME
En fonction du retour de ses adhérents, la CPME pourrait saisir l’Institut d’émission d’outre-mer, mais aussi la fédération bancaire de Polynésie pour demander des explications. En métropole, le taux de refus des PGE par les banques atteint à peine 3% des demandes.