C’est un secteur « structurant de l’économie polynésienne » : la perliculture est le « coeur de « l’activité économique des archipels éloignés », rappelle l’Institut d’émission d’outre-mer dans son état des lieux de la filière. Les archipels des Tuamotu et des Gambier regroupent respectivement 71 % (6,5 millions d’unités) et 25 % (2,3 millions) de la production de l’année 2019.
Ce secteur, déjà fragile, a été durement frappé par la crise. « Contrairement à la plupart des secteurs de l’économie, la perliculture a connu une situation dégradée en 2019. La crise économique résultant de la propagation du Covid-19 a accentué ces difficultés et aura un impact déterminant pour l’avenir de la filière » note l’IEOM.
« On est en berne depuis le mois de mars«
Georges Mataoa, président du GIE Tuamotu Pearls
« On a été un peu pris de court. Moi personnellement, on avait une vente prévue au mois de mars, elle a été interrompue une semaine avant. On avait besoin de trésorerie pour fonctionner et l’arrivée de cette Covid-19 a tout bloqué (…) Tous les circuits ont été malheureusement arrêtés. Les acheteurs eux-mêmes ne veulent pas se déplacer (…) et puis les vols ont été annulés tout simplement (…) Notre marché dépend du circuit asiatique : le Japon, la Chine, Hong Kong (…) On est en berne depuis le mois de mars. (…) Ça ne se fait pas à distance, les perles il faut les toucher, les palper », explique Georges Mataoa, président du GIE Tuamotu Pearls.
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Privés de greffeurs
Mais surtout : près d’un mois avant la mise en place des mesures de confinement, la décision
de suspendre les permis de travail accordés aux étrangers hors du territoire et ayant séjourné en Chine depuis le 30 janvier 2020 a privé les exploitations de la plupart de leurs greffeurs, main d’oeuvre indispensable pour garantir les futures récoltes, rappelle l’Institut. « En gros de 250 à 300 greffeurs chinois sont restés bloqués en Chine et la plupart des fermes perlières compte sur ces Chinois pour assurer leur campagne de greffe annuelle. Il y a eu une école de greffe qui formait des greffeurs locaux. Mais il n’y en a pas assez. Aujourd’hui on voit bien que si les Chinois ne sont pas là, c’est bloqué. Il faudrait former plus, estime Georges Mataoa. L’idée n’est pas d’opposer les Chinois avec les locaux parce qu’ils sont complémentaires. »
« Pour le moment, je pense que beaucoup sont dans l’attente. Les concessions maritimes sont suspendues, cette année les concessions maritimes ne sont pas payantes. Beaucoup je pense, attendent de voir si les vols vont se remettre en place, si les Chinois vont revenir, si les acheteurs vont revenir. On est dans une période d’attente (…) On est dans l’entretien, il y a des nacres, ce sont des animaux vivants qui sont dans la mer et fabriquent des perles. Ces animaux vivants, il faut les entretenir (…) Ça a un coût bien sûr. (…) À ma connaissance, beaucoup ont diminué l’activité en temps de travail pour pouvoir entretenir les nacres »
L’IEOM note que, selon une enquête CEROM menée en juillet 20201, plus de neuf professionnels sur dix envisagent des pertes de chiffre d’affaires supérieures à 50 % en 2020. Un retour à la normale n’est par ailleurs pas escompté avant 2 ans pour plus d’un sur deux.
« C’est juste un plan de relance qu’on nous a proposé. On aimerait bien que ça aille jusqu’au bout«
Georges Mataoa, président du GIE Tuamotu Pearls
« Dans le plan de relance qu’on nous a proposé, il y a des dispositifs d’aide (…) Il y a des nouvelles dispositions telles que les prêts qui vont être mis à disposition par la Sofidep mais il faut que le gouvernement vote. C’est juste un plan de relance qu’on nous a proposé. On aimerait bien que ça aille jusqu’au bout », souligne le président du GIE Tuamotu Pearls.