Pas de solution à l’issue des discussions : la journée de grève est maintenue

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La grève aura bien lieu jeudi, et ce pour une seule journée. Reçue au Medef ce matin, l’intersyndicale de salariés a salué des discussions "constructives". Si les patrons ne peuvent exhausser aucune des revendications (retrait de la TVA sociale, bilan chiffré de la CST, gel de l'ITR) la rencontre a permis d’exposer les inquiétudes et de garantir la continuité des activités essentielles du fenua.

Publié le 16/03/2022 à 17:47 - Mise à jour le 17/03/2022 à 17:19

La grève aura bien lieu jeudi, et ce pour une seule journée. Reçue au Medef ce matin, l’intersyndicale de salariés a salué des discussions "constructives". Si les patrons ne peuvent exhausser aucune des revendications (retrait de la TVA sociale, bilan chiffré de la CST, gel de l'ITR) la rencontre a permis d’exposer les inquiétudes et de garantir la continuité des activités essentielles du fenua.

Révision de la CST, retrait de la TVA sociale, gel de l’ITR : à J-1 de leur grève, l’intersyndicale UNSA, A Ti’a i mua, O Oe to Oe Rima et Solidaire Douane n’a évacué aucune de ses revendications. Après avoir rencontré le ministre de l’Economie hier soir, les organisations se sont entretenues ce mercredi tour à tour avec la CPS, le Medef Polynésie et la CPME.

Des « discussions constructives », reconnaît le président du Medef, Frédéric Dock. Patrons et syndicalistes se rejoignent sur un point : « il faut absolument relancer l’activité économique », déclare le représentant A Tia i Mua, Yves Laugrost.

Pour autant, la révision à la hausse des grilles salariales pour compenser la baisse du pouvoir d’achat n’a pas trouvé terrain d’entente ce matin. « Les entreprises seront incapables d’augmenter les salaires en fonction de l’inflation qu’on va observer dans les mois qui viennent », justifie Frédéric Dock. L’organisation patronale se réjouit néanmoins d’avoir obtenu « la garantie que le mouvement [de grève] ne viendra pas perturber l’activité économique essentielle de la Polynésie ». Un mouvement que le Medef soutient « moralement » tout en précisant que « la bonne réponse, ce n’est pas la grève ».

La solution pour éviter une récession selon Frédéric Dock : « la relance de l’investissement », tout en sachant que le plan de relance – qui prévoit l’injection par le Pays de 28 milliards de Fcfp dans l’économie du fenua en 2022 – « ne suffira pas ». « Il faut aller identifier tous les projets qui peuvent être accélérés, publiques comme privés afin de dégager de l’activité pour les entreprises et derrière, d’avoir du maintien ou de la création de l’emploi », propose le président du Medef. Un point sur lequel le rejoint le ministre de l’Economie, intervenu lors d’un point presse ce mercredi.

Diana Yieng Kow, secrétaire générale du STIP/AEP-UNSA Education, invitée du journal :

Du côté de la contribution de solidarité territoriale (CST), les syndicats campent sur leur position : « il faut réformer la CST, pour que tout le monde paye à hauteur de ses revenus la même chose. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas », constate le représentant de A Tia i Mua, Yves Laugrost. Car le taux de prélèvement de la CST augmente dès lors qu’un salarié touche 400 000 Fcfp net. Or, ce taux est nettement plus bas pour les patentés et les professions libérales, à salaire égal, estime l’intersyndicale. Selon A Tia i Mua, Yvonnick Raffin pourrait faire avancer la question, sans confirmation écrite pour autant.

La grève débutera donc demain pour une durée de 24 heures. Et après ? « Si les gens ne se mobilisent pas sur ce sujet, c’est qu’ils sont d’accord avec ce qui est mis en place » répond Yves Laugrost. A contrario, si la population est aux rendez-vous, il estime que cette grève « permettra de peser dans les discussions avec le gouvernement ». Du côté de la CSTP-FO, on est pas tout à fait du même avis. Une mobilisation courte que sa secrétaire générale adjointe, Mireille Duval, qualifie même de « poudre aux yeux ». Le syndicat d’ailleurs n’y participera pas, notamment parce qu’il n’a pas été convié aux discussions par ses camarades syndicaux.

TVA sociale : vers un compromis ?

Seule revendication où une évolution semble possible pour l’instant : la TVA sociale. Si les syndicalistes souhaitaient initialement un rejet de la contribution pour la solidarité, il est désormais question « à minima, que cette TVA soit récupérable », précise Yves Laugrost. « Que ce soit une vraie TVA et qu’elle puisse ainsi être transparente pour les entreprises qui payent une inflation au fur et à mesure des intermédiaires ». Proposition qui « est à l’étude » a répondu Yvonnick Raffin interrogé à ce sujet lors du point presse.

Se disant ouvert à la discussion, le ministre a ensuite annoncé réfléchir « peut-être à faire évoluer le dispositif » de la contribution pour la solidarité. « Plusieurs pistes » seront présentées au gouvernement d’ici quelques jours. Mais si des modifications doivent être apportées à la TVA sociale, le dossier devra d’abord être voté à l’assemblée de la Polynésie. « J’aurais préféré qu’il y ait ces manifestations avant le vote de la loi, le 23 décembre dernier », déplore le ministre qui regrette que « tout le monde se réveille à 15 jours avant » l’application de la TVA.

Une autre rencontre entre les patrons et le ministre de l’Economie est prévue dans les semaines à venir, avec au programme, des discussions sur l’investissement, la relance économique et la modernisation du code du travail.

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