Maupiti : la CTC recommande un suivi en vue de distribuer de l’eau potable dès 2023

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Accessibilité, suivi des investissements, potabilité de l'eau... La Chambre territoriale des comptes s'est intéressée à Maupiti. L'institution a analysé la gestion de la commune sur les exercices 2017 et suivants.

Publié le 22/09/2022 à 12:22 - Mise à jour le 22/09/2022 à 12:32

Accessibilité, suivi des investissements, potabilité de l'eau... La Chambre territoriale des comptes s'est intéressée à Maupiti. L'institution a analysé la gestion de la commune sur les exercices 2017 et suivants.

L’île des Raromatai comptait 1 286 habitants en 2017 contre 1 234 habitants en 2012. Trois atolls sont rattachés à la commune : Maupihaa (Mopélia), Manue (Scilly), et Motu one (Bellinghausen).

La CTC souligne la difficulté de desserte de l’île et de liaison avec ces atolls. Maupiti est caractérisée par une accessibilité contrainte qui a provoqué l’effondrement de l’agriculture commerciale de la pastèque à cause de la suspension de rotations maritimes pendant quelques années.

L’île est dotée d’une plateforme aéroportuaire, mais qui est limitée par une piste courte, obligeant les transporteurs aériens à opérer avec des appareils adaptés et à limiter la charge totale transportable.

Un accès aérien restreint donc, mais également des difficultés du côté du maritime. Le chenal unique ne permet pas à cause de sa
configuration l’accès au lagon depuis l’océan par les navires qui desservent habituellement les îles depuis Tahiti, explique la CTC. Les rotations maritimes dépendent du programme du cargo Tahiti Nui, dont l’armateur est le Pays, à raison d’une fois toutes les quatre à cinq semaines, et de celles d’un armateur privé qui effectue depuis 1995 des navettes avec une partie des Iles-Sous-le-Vent. Or, ce dernier a arrêté son service régulier entre 2013 et 2020.

Du côté des atolls, Mopélia accueille un habitat permanent, mais les liens entre l’île principale et cet atoll restent distendus, à cause de son éloignement et des moyens limités de la municipalité, note la CTC. Une coopération avec le Pays et l’État sous la forme de tournées programmées est à étudier comme possibilité d’amélioration de la situation estime l’institution.

Une gestion communale à revoir

En matière de gestion communale, les méthodes pratiquées nécessitent des aménagements, afin d’améliorer la qualité du service rendu et les conditions d’exercice des agents, estime la CTC. La taille réduite de la municipalité ne peut pas justifier certaines lacunes, notamment s’agissant de l’absence de vision d’ensemble : les missions de la police municipale n’ont pas été repensées alors que le maire a signé en mars 2022 une nouvelle convention avec le haut-commissaire de la République en Polynésie française portant coordination entre la police municipale et la gendarmerie nationale. En outre, le projet d’augmenter significativement les effectifs de sapeurs-pompiers volontaires en 2022 n’a pas non plus été accompagné d’une réflexion sur les capacités opérationnelles espérées. Des oublis procéduraux (budgets et GRH), un archivage insuffisamment tenu, et une faible utilisation de certains outils élémentaires de suivi, ont été constatés.

Le volontarisme observé des élus et des agents ne peut pas compenser les manques constatés. L’absence d’un cadre de catégorie B aguerri occupant l’emploi de secrétaire général est particulièrement pénalisant. La Chambre estime que ce recrutement constitue le préalable indispensable à la réalisation des différentes préconisations présentes dans le rapport.

La situation financière de la commune est en revanche satisfaisante, mais appelle à la vigilance, compte tenu du rythme soutenu des dépenses de fonctionnement, alimenté par des recrutements supplémentaires sur emplois permanents opérés depuis 2017 et par des dépenses courantes insuffisamment surveillées comme les carburants et certains consommables.

Le budget général est grevé également par la contribution apportée chaque année au budget annexe de l’eau (43,48 millions de Fcfp versés sur la période).

Un retard dans la gestion de l’eau

Le retard accumulé par la commune dans la gestion de ses compétences environnementales touche l’eau, malgré son ancienneté, mais également l’assainissement des eaux usées.

L’eau distribuée, fournie en quantités insuffisantes, n’est pas potable, alors que le service a démarré en 1989, souligne la CTC. La ressource, limitée et mal gérée, est trop sollicitée, provoquant sa salinisation progressive, à cause notamment d’un réseau soumis sans doute à un taux de perte important, mais qui n’est pas connu, faute de mesures. Les compteurs sont pourtant présents, mais ne font pas l’objet de relevés, hormis une campagne ponctuelle conduite en 2019.

Par ailleurs, le maire comme les élus de la commune n’ont pas pris la mesure de l’importance de l’enjeu que représente un assainissement efficace des eaux usées qui apporte la garantie de ne pas polluer le milieu naturel, et en particulier les lentilles d’eau douce présentes dans le sous-sol de l’île, estime la Chambre.

Les conditions de gestion des déchets, dont la majeure partie a été transférée à la communauté de communes Hava’i, n’est pas non plus satisfaisante selon la CTC.

Le rapport complet de la CTC sur la commune de Maupiti est à retrouver ICI

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