Ethel Taputu est propriétaire d’une petite pension de famille à Papeete. Elle a opté pour une reconversion après une carrière dans l’aérien. Et c’est à la demande de ses clients qu’elle s’est lancée dans la location de véhicules.
« J’ai ouvert ma pension de famille en avril 2019. Il y avait des commentaires de clients qui demandaient à avoir un véhicule lorsqu’ils étaient dans ma pension. J’ai commencé avec 2 véhicules, aujourd’hui, j’ai un parc de 35 voitures. J’ai un public varié : des personnes en recherche d’emploi, des salariés, des fonctionnaires pour certains. J’ai vraiment des personnes différentes avec des moyens différents. Je suis certaine que le pouvoir d’achat joue beaucoup. En discutant, j’ai remarqué qu’ils rencontraient certaines difficultés à accéder au crédit bancaire (…) C’est pour cela qu’ils se sont tournés vers la location de voitures », explique-t-elle.
Comme Ethel, les entrepreneurs qui misent sur le secteur de la voiture à la carte, sont nombreux. En 4 ans, ce sont 2 fois plus de sociétés qui sont enregistrées. Un boom jamais observé jusqu’alors au fenua, comme le constate Lucien Pommiez, le directeur du Service des Transports Terrestres : « On est à près de 600 agences de location qui exercent en Polynésie. Cela peut être de toutes petites agences, avec un ou deux véhicules, comme des agences qui ont des centaines de véhicules, tant pour les besoins des touristes que pour la clientèle locale ».
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« Comment font-ils pour gérer ces 600 agences de locations ? »
Elodie Lansun, directrice d’une agence
Il y a 40 ans, cette société implantée au centre de Papeete a été la première à se lancer sur le marché. Elle a dû se démarquer pour résister à la concurrence.
« On va offrir du ‘service plus’. Des choses auxquelles la clientèle ne s’attend pas. Pour la clientèle touristique, on va être dans de l’expérience. On a aussi des contrôles techniques tous les 6 mois. On voit que le Pays, avec le service des Transports Terrestres, n’arrive pas toujours à suivre le flux de ce volume de contrôles techniques. Donc, comment font-ils pour gérer ces 600 agences de locations ? On s’interroge », explique Elodie Lansun, la directrice de cette agence.
La location entre particuliers prend également de l’ampleur grâce à des sites spécialisés. Mais cette pratique répandue est proscrite. « La location de véhicules ne peut pas se faire en dehors du cadre réglementaire. Donc, tous ceux qui auraient des projets de location de véhicules doivent être déclarés auprès de la direction des Transports Terrestres. On les invite à se rapprocher de nous pour qu’on puisse les informer des risques », souligne Lucien Pommiez.
« C’est énormément de responsabilités », confirme Ethel Taputu, « il m’arrive certains soirs de repenser aux personnes à qui j’ai loué. Il m’arrive de faire des nuits blanches. Lorsqu’on se lance dans la location de voitures, il faut être prêts. C’est beaucoup de travail. C’est un long chemin et il n’est pas terminé ».
Si l’on en croit les professionnels du secteur : la demande n’en finit pas de croître. Le macaron orange a donc encore de beaux jours devant lui.