L’activité économique subit encore une fois de plein fouet l’épidémie de Covid qui déferle sur le Pays. Si elle est peu contrainte par les confinements et couvre-feu, cette fois, ce sont les arrêts maladie qui la fragilisent. Comme le virus, ils se propagent à vitesse grand V.
Sur l’avenue du Prince Hinoi, à Papeete : une enseigne baisse le rideau… Sur 7 employés, 5 sont covidés. La gérante n’est plus en mesure de maintenir son activité.
Si pour l’heure, les sociétés contraintes de fermer sont une minorité : elles sont en revanche toutes touchées ou presque par les arrêts maladie qui foisonnent.
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Le court terme on va le gérer : ce qui nous inquiète, c’est le long terme.
Frédéric DOCK, président du Medef Polynésie
« Aujourd’hui, nous prenons cette vague de plein fouet » constate Frédéric Dock, le président du Medef Polynésie. « Nous constatons les départs et arrêts maladie les uns après les autres. Certaines entreprises sont touchées jusqu’à 90% des effectifs. C’est difficile mais ce n’est pas le plus grave. Ca va durer le temps des arrêts, mais ce qui nous préoccupe surtout, c’est l’avenir. Que va-t-il se passer si la vaccination prend encore du temps? Pour nous, les conséquences, c’est du retard, du décalage de délai et de chiffre d’affaire. Mais dans le temps, si les gens ne sont pas immunisés, on a de véritables inquiétudes sur ce qu’il va se passer ».
Pour le patron des patrons du fenua, le seul horizon : la vaccination.
« Nous sommes déjà à 1 an et demie de covid, et tous les spécialistes le disent : si demain on n’est pas vaccinés, rien n’arrêtera la machine infernale du virus »!
Interrogé sur l’obligation vaccinale, il répond : « C’ est un choix politique et il ne nous revient pas, mais il faut tout mettre en œuvre pour convaincre et démontrer aux gens que la vaccination est efficace. Sur le pass sanitaire : pour nous, c’est quelques chose de compliqué à mettre en oeuvre en Polynésie, puisque cela sous-entend que ce sont des contrôles qui doivent être réalisés par des entreprises. Elles n’ont pas toujours les moyens de le faire ».
Le patron du Medef conclut : « En 2020, la baisse du chiffre d’affaire a été, en moyenne, de 15%. Pour 2021, on pensait que ça irait mieux, mais aujourd’hui, on craint le pire. Cependant on ne reviendra jamais au niveau précédent et au niveau nécessaire si tout le monde ne se fait pas vacciner. A notre niveau, celui des entreprises, nous sommes à 50-70% de taux de vaccination. Nous avons fait tout ce que nous pouvions ».
Les agences d’intérim débordées de demandes
Pour palier au manque de personnel, les entreprises se tournent en masse vers les agences d’intérim… qui elles, voient exploser leur activité.
« Les demandes ont vraiment augmenté. On nous demande tout type de profil pour remplacer les personnes absentes » relate Jean-Louis Delteral, gérant d’une agence d’interim. « Parmi nos intérimaires, il y a de nombreuses personnes malades, on reçoit les arrêts maladie de nos propres intérimaires ».
Nous avons un rôle dans la continuité d’activité des entreprises.
Jean-Louis Delteral, gérant d’une agence d’intérim
La grande distribution s’en sort plutôt bien mais certaines enseignes fermeront dimanche faute de personnel
Dans les sociétés du groupe Wane, même si l’absentéisme est limité : les enseignes ne pourront plus assurer leur activité le dimanche, en raison d’une pénurie d’employés.
« Je pense que depuis l’année dernière, le Covid nous a appris a être résilients et à rester optimistes ».
Nancy Wane, directrice générale du groupe Wane
« Pour le moment, nous ne sommes pas sur des niveaux alarmants, hormis sur deux sites. Globalement, nous parvenons à gérer encore l’absentéisme, et à utiliser l’intérim justement », indique Nancy Wane, qui dirige le groupe du même nom. « Nous mettons un peu moins la pression sur la tenue du magasin pour la clientèle. Parfois, il y a un peu plus d’attente sur certaines caisses. Nos Carrefour étaient ouverts dimanche dernier, mais nous avons décidé ce matin qu’ils seraient fermés ce dimanche ».