De la lingerie aux multimédias, quasiment tous les commerçants du territoire sont impactés par la vente en ligne et les études le prouvent. Selon la Direction générale des affaires économiques, en 2019, les Polynésiens étaient 23% à acheter en ligne. 56% des produits sont des vêtements et 85% des sites utilisés sont situés à l’international, contre 12% d’achats réalisés sur des sites locaux.
Le e-commerce connaît ainsi un certain succès au sein des foyers et encore plus depuis la crise et les confinements successifs. Une aubaine pour les consommateurs mais une concurrence déloyale selon le Guy Loussan, porte-parole de la fédération générale du commerce : « la FGC n’interdit pas le e-commerce, pas du tout, au contraire. Ce que la FGC veut dire, c’est que les consommateurs de e-commerce sont des consommateurs qui ont des moyens. Ils ont la carte de paiement internationale, donc ils peuvent acheter par internet. C’est très bien, mais il faudrait qu’ils participent aussi à l’effort commun, donc à cette solidarité que réclame le Pays pour sauver la PSG, en payant au moins la TVA. Ce que ces consommateurs ne font pas parce qu’il y a cette franchise de douane postale ».
Une franchise bloquée à 20 000 Fcfp depuis 2015. Résultats : les colis provenant d’achats en ligne explosent. C’est ce que confirme la société DHL par exemple. Elle évoque une augmentation de 200 à 700 expéditions par mois cette année. Rien qu’en décembre, 46 tonnes de fret ont été acheminées. DHL Polynésie réalise un chiffre d’affaires annuel de 200 millions de Fcfp en moyenne, soit une hausse de 10% par rapport à 2019. Si les ventes en ligne font le bonheur des expressistes, ces derniers ne sont pas directement pointés du doigt. La FGC demande avant tout que le Pays réagisse en mettant en place une TVA au premier franc : « nous demandons une TVA de 16%, au moins qu’il y ait une participation, une solidarité, une équité de la part de ces personnes qui consomment via internet et à l’étranger », réclame Guy Loussan. « Les gens qui ont les moyens devraient sincèrement participer à l’effort commun. […] Un Pays qui veut défendre son pays devrait appliquer la TVA au premier franc, comme aux Etats-Unis, comme en Europe ».
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Une TVA qui permettrait plus d’équité, d’autant que les sociétés étrangères de ventes en ligne ne sont pas taxées au grand damne des commerces traditionnels. Selon la FGC, si l’on compte les produits importés et les marchandises ramenées dans les bagages, la somme qui échappe ainsi à la fiscalité et au commerce local s’élève à plus de 15 milliards de Fcfp. Une incompréhension en ces temps de crise.
De son côté, le Pays a réagi ce matin à l’Assemblée. Le président Édouard Fritch a annoncé la réduction du taux de la TVA les samedi après-midi et dimanche : « les commerçants […] qui le souhaitent pourront proposer à leurs clients des articles à 5% de TVA contre 16% aujourd’hui. C’est bon pour le petit commerce qui vendra davantage, c’est bon pour le consommateur qui paiera moins cher, c’est bon pour le restaurateur qui verra la fréquentation augmenter, c’est bon pour le centre-ville qui ne sera plus déserté, renforçant ainsi la sécurité et contribuant à amortir pleinement les aménagements publics réalisés ».
Une réponse accueillie favorablement par la FGC. La fédération maintient cependant l’idée de la mise en place d’une TVA sur les ventes à distance pour une réelle équité.