Les élections consulaires à la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers (CCISM) du 27 juin dernier n’ont pas fini de faire parler d’elles. Constatant de nombreuses irrégularités de procédures – bureaux de vote non ouverts (à Napuka, Puka Puka et Rapa, précisent nos confrères de Radio1), listes de votants caduques, chiffres incohérents entre le nombre d’émargements et de voix exprimées-, la commission électorale a décidé de ne pas proclamer les résultats et de les suspendre. Une première dans l’histoire de l’institution.
Les résultats provisoires donnaient gagnant Kelly Asin Moux et sa liste CCISM 2028 avec un écart assez confortable – 40% des bulletins exprimés et la majorité des voix dans trois collèges : du commerce, de l’industrie et des services. Mais les entorses aux protocoles électoraux, constatées par les candidats eux-mêmes, ne permettent pas de se prononcer sur des résultats définitifs. Pour Jean-Paul Tuaiva, leader de la liste l’Union des chefs d’entreprise du fenua, comme pour Kelly Asin Moux, la pilule est difficile à avaler.
« C’est un constat d’échec, souffle ce dernier. On s’aperçoit bien que la Chambre est incapable d’organiser une élection. On s’attendait à ce que des réserves soient émises par la commission électorale, on a tous vu qu’il y avait une certaine désorganisation (…) Déjà qu’elle n’était pas très bonne, ce n’est pas sortir l’image de la CCISM de cette situation » .
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La Polynésie à « l’âge de pierre »
Un problème d’autant plus insoluble que les statuts de la Chambre régissant les élections sont… vides. « Après autant d’années à diriger la Chambre, personne ne s’est posé la question en se disant qu’il fallait mettre à jour ce statut et l’adapter à la situation environnementale et économique de la Polynésie ? On vote de façon dématérialisée partout ailleurs. On est à l’âge de pierre en Polynésie » , poursuit Kelly Asin Moux, qui reproche également à la Chambre de n’avoir donné aucune instruction lorsque les nombreux cafouillages lui étaient remontés, le jour des élections. Selon lui, l’idée de retourner aux urnes, comme cela a pu être suggéré par la Chambre, ne serait qu’ « un manque de respect » .
La Chambre, grande absente des élections ? Pour le président sortant, Stéphane Chin Loy, « beaucoup de fausses informations ont circulé (…). La CCISM ne pouvait pas participer puisqu’on nous a reproché de potentiellement influencer les votes » , justifie-t-il. La tête de la liste Les entreprises réunies se dédouane en expliquant que « c’est à chaque commune de prendre en charge ces élections« .
« On a placé des colistiers dans les différents bureaux de vote, comme les autres listes. Mais on ne pouvait ni faire voter les candidats, ni dépouiller les enveloppes et les bulletins. On devait être simplement scrutateurs. Ce que n’ont pas respecté l’ensemble des colistiers » , conclut-t-il.
Pour rappel, la CCISM est sous la tutelle du ministre des Finances et de l’Économie, qui pourrait se prononcer sur la suite à donner dans ce dossier.